vendredi, février 21

Le Morse, patrimoine culturel immatériel

La Code Morse et sa reconnaissance comme chef-d'Ɠuvre du patrimoine culturel immatĂ©riel de la FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles et cet indicatif spĂ©cial OP20CW pour commĂ©morer les 20 ans de la signature de la convention de l’UNESCO instituant le Patrimoine Oral et ImmatĂ©riel

Par dĂ©finition, le patrimoine culturel, oral et immatĂ©riel (POI) englobe des pratiques et des savoirs dont chacun hĂ©rite en commun, et qu’il s’efforce collectivement de faire vivre, recrĂ©er et transmettre.

Il est intéressant de retracer l'histoire et de voir ce que nous avons hérité et comment on s'efforce de le transmettre
 Nous n'allons pas raconter toute l'histoire, mais les faits marquants.

1840 : Samuel MORSE, un scientifique amĂ©ricain qui dĂ©veloppe un tĂ©lĂ©graphe Ă©lectrique et un alphabet qui porte son nom. À cette Ă©poque, le chemin de fer fait aussi son apparition, on a besoin de savoir si le train est parti, si la voie (de chemin de fer) est libre, etc 
 on a besoin de communiquer. Le tĂ©lĂ©graphe Ă©lectrique utilise des Ă©lectroaimants et des lignes Ă©lectriques. D'ailleurs les lignes tĂ©lĂ©graphiques se dĂ©veloppent le long des lignes de chemin de fer. Mais attention, le signal tĂ©lĂ©graphique s'Ă©crit sur une bande de papier et un stylet encrĂ© vient dĂ©poser la trace. Courant, non-courant Ă©quivaut Ă  une trace, pas de trace 

Et puis on perfectionne le systĂšme avec des machines automatiques sur des bandes perforĂ©es, les points Ă  gauche, les traits Ă  droite (ou l'inverse ?). Par la suite, on pose des cĂąbles pour la tĂ©lĂ©graphie et la tĂ©lĂ©phonie Ă©galement en mer pour relier la Grande-Bretagne au monde (ou l'inverse ? 😉) Si vous passez par les Cornouailles (Cornwall) n'hĂ©sitez pas Ă  aller visiter le musĂ©e de Porthcurno, c'est exceptionnel et cela vaut le dĂ©tour https://pkporthcurno.com/discover-pk/our-story/

1865 : On est en plein essor de l'Ă©lectricitĂ©. Un certain James Clerk MAXWELL unifie tout ce qu'on savait sur l'Ă©lectricitĂ© et le magnĂ©tisme. Un gĂ©nie qui avait la bosse des math, dĂ©rivĂ©e, intĂ©grale, divergent, rotationnel 
 il rĂ©sume tout ce qui concerne le champ Ă©lectrique et le champ magnĂ©tique en quatre lois. Simples en formulation, ce n'est pourtant pas si facile Ă  comprendre. Les ondes Ă©lectromagnĂ©tiques rĂ©pondent Ă  ces quatre lois. Il ne savait probablement pas ce que la « radio » allait devenir.

1893 : Heinrich HERTZ fait la dĂ©monstration de l’existence des ondes Ă©lectromagnĂ©tiques. Pendant les vacances, il a utilisĂ© la bibliothĂšque de son universitĂ© pour dĂ©montrer que les ondes Ă©lectromagnĂ©tiques se propagent et que donc MAXWELL avait raison 


1895 : Guglielmo MARCONI refait la mĂȘme expĂ©rience dans la villa Griffone Ă  Bologne. Cette fois-ci les ondes allaient jusqu'au bout du jardin, soit environ Ă  1500 m. Mais cette dĂ©couverte n’a pas attirĂ© les foules. La maman de Guglielmo s'appelait Annie JAMESON, et le grand-pĂšre de cette dame avait fondĂ© les distilleries du mĂȘme nom, et elle connaissait bien la haute sociĂ©tĂ© britannique et entre autres le ministre des Postes et quelques militaires haut placĂ©s. Et c'est devant eux que MARCONI refit les expĂ©riences. Cela intĂ©ressait Ă©videmment les Postes et les Militaires. MARCONI allait faire des expĂ©riences de transmission de plus en plus longues.

1901 : MARCONI rĂ©alise la plus cĂ©lĂšbre des transmissions entre Poldhu (Cornouailles) et Terre-Neuve quelques 3400 km sur une frĂ©quence de l'ordre de 300 kHz. Il existe aussi une belle reproduction de cette station Ă  Lizard (Ă  5 km au sud de Poldhu), que je vous invite aussi Ă  aller visiter  https://www.nationaltrust.org.uk/visit/cornwall/lizard-point/history-of-the-marconi-radio-stations-on-lizard-point ainsi que l'hĂŽtel dans lequel Marconi a rĂ©sidé  (pas trĂšs loin de sa station d'Ă©mission) https://www.polurrianhotel.com/about.  Sur terre, on avait dĂ©jĂ  installĂ© des cĂąbles pour tĂ©lĂ©phoner et envoyer des tĂ©lĂ©grammes. On avait fait la mĂȘme chose pour traverser les mers. Mais comme les Anglais avaient des colonies dans les Indes et ils Ă©taient intĂ©ressĂ©s de rester en communication avec les bateaux et « sans fils ». MARCONI allait crĂ©er des sociĂ©tĂ©s et installer des postes radio Ă  bord des bateaux. Tout naturellement on continue Ă  transmettre en radio comme on le faisait sur les lignes tĂ©lĂ©graphiques : en Morse ! Courant-non courant, trait sur le papier – pas de trait, onde radio – pas d'onde radio 
 c'est logique ! Et comme Marconi est un homme d'affaire, il forme des opĂ©rateurs radio (donc aussi des techniciens) qui connaissent le Morse ("des marconistes") et ils les louent avec le matĂ©riel qu'il a installĂ©.

Les découvertes sont parfois contestées (et oui on conteste déjà à l'époque !) par Nikola TESLA. Mais soit 


1912 : Le naufrage du Titanic. On lance des S.O.S.. 1500 victimes et 700 rescapés. La presse écrit « Tous ceux qui ont été sauvés l'ont été grùce à un homme, M. Marconi ... et à sa merveilleuse invention ». Depuis lors toutes les stations maritimes observent un silence radio de h+15 à h+18 et de h+45 à h+48 afin de détecter d'éventuels messages de détresses en télégraphie Morse bien sûr !

Pour nous radioamateurs, l’aventure commence plus tard vers les annĂ©es 1920 ou peut-ĂȘtre un peu avant. Il est difficile de prĂ©ciser la date. Il semblerait que la plus vieille carte QSL date de 1922. C’étaient des amateurs d’abord intĂ©ressĂ©s par la construction de postes rĂ©cepteurs pour Ă©couter la radiodiffusion, mais ensuite ils se sont aussi laissĂ© tenter par l’émission. Tout Ă©tait « home-made » jusque dans les annĂ©es 1940 oĂč on a vu apparaĂźtre les premiĂšres firmes commerciales.

Et pour la licence de radioamateur, il fallait connaßtre le code Morse à 12 mots par minute, ne sait-on jamais 
 puisque tous les bateaux avaient encore des marconistes à bord. Et cela continua jusque dans les années 1970. Il fallait d'abord faire du Morse pendant un an avant de pouvoir faire de la phonie.

Un QSO en Morse a quelque chose de magique. D’abord essayer de copier l’indicatif. À partir de lĂ  tout est bien structurĂ©, on donne le rapport, on donne son nom, on donne le QTH. Chaque fois sĂ©parĂ© par un signe = . AprĂšs si on veut un peut bavarder, cela devient un peu plus compliquĂ©. Les choses sont rĂ©glĂ©es comme par un mĂ©tronome. AprĂšs UR RST on s’attend Ă  avoir soit le traditionnel 599, soit quelque chose de plus proche de la vĂ©ritĂ©. Et puis des mots comme MY NAME IS ou MY QTH IS indiquent qu’il va falloir faire un peu plus attention, il va falloir se concentrer, car les Ă©lĂ©ments intĂ©ressants arrivent. Pour terminer par le PSE QSL BURO et les GUD DX ES 73 


Et puis, il y a eu des clés Morse à double contact ("paddle"), et des mémoires pour automatiser l'appel durant les concours. Et puis on a utilisé le Morse pour les balises en VHF-UHF. On a utilisé le Morse pour l'identification des relais.

1999 : Abandon du Morse pour le service maritime mobile.

2003 : La WRC-03 de l' UIT décide de supprimer l'obligation de la connaissance du code Morse pour le service amateur. L' IBPT supprime aussitÎt cette obligation.

Mais les radioamateurs continuent Ă  Ă©mettre en Morse. Il n'y a pas un concours ou une expĂ©dition oĂč il n'y a plus une partie rĂ©servĂ©e Ă  la tĂ©lĂ©graphie suivant le code Morse.   

Soyons actifs avec OP20 CW pendant ce mois de mai 2023 !

Vignette : Nouvelle clé fabrication de Yuri UR5CDX double paddle, pour Paul ON6DP

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