LA RADIOPHONIE EN BELGIQUE
CHRONOLOGIE SUCCINCTE
- 1900 Le roi Léopold II invite Marconi à effectuer une démonstration de ‘T.S.F.’ au palais royal. Bénéficiant de l’appui du Roi, Marconi installe son ‘Continental Office’ à Bruxelles.

- 1904 L’équipement en TSF des malles Ostende-Douvres lui est confié. La première à en être équipée est la ‘Princesse Clémentine’.
- 1906 Le Canadien Reginald Fessenden réalise la première émission de radio :durant la nuit de Noël 1906, il diffuse un programme (lecture de la Bible, musique classique) à partir d’une station côtière installée près de Boston aux États-Unis.
- 1907 En Belgique, Robert Goldschmidt, en collaboration avec Maurice Philippson effectue avec succès les premières expériences de téléphonie sans fil depuis le Palais de justice de Bruxelles.
- 1908 Le 10 juillet, sous le règne de Léopold II, une loi relative à la radiotélégraphie et à la radiotéléphonie sans fil est promulguée.
- 1912 Le 3 novembre, un arrêté Royal intervient et soumet à autorisation préalable « tout projet quelconque d'installation d'appareils à radiation électriques ».
- 1913 Le projet ambitieux de communiquer avec notre colonie, initié par Léopold II, est repris par Albert I. Il en confie la réalisation à Robert Goldschmidt, physicien et professeur à l’U.L.B. Goldschmidt et son associé Raymond Braillard érigent en 1913 à Laeken une puissante station télégraphique permettant une liaison avec le Congo.
Depuis cette année, les particuliers avaient l’autorisation de posséder un récepteur à galène et des associations d’amateurs de TSF voyaient le jour.

- 1914 Le 28 mars, le Roi Albert fait installer au Palais de Laeken un poste récepteur pour écouter la T.S.F. en famille. Robert Goldschmidt et Raymond Braillard diffusent un premier concert à 17 heures, et le rejouent à 20h30 pour la famille royale. Le programme est présenté par le speaker Joseph Longé. Les concerts de Laeken sont les premières émissions régulières de radio en Europe.

- 1914 Le 19 août, sur ordre du Roi, les installations Radio Laeken sont dynamitées.
- 1920 Le 7 août, un arrêté ministériel précise à nouveau les « conditions d'établissement des postes récepteurs de télégraphie sans fil » ; de plus tout détenteur de poste de radio doit écrire une lettre au ministère des P.T.T., solliciter le permis d'établir un poste récepteur et payer une taxe de 20 francs.
- 1923 Pour rentabiliser la fabrication de ses récepteurs (‘Ondolina’), la firme S.B.R. obtient l'autorisation d'installer un émetteur de 1,5 kw et donc de diffuser des programmes sur la longueur d'onde de 410 mètres. . De nombreuses revues spécialisées voient le jour et en de nombreux endroits, des auditions publiques sont organisées.


- 1923 Le 23 novembre, inauguration de Radio Stassart. Le lendemain commencent les programmes réguliers de la station sous le nom de « Station radiophonique de Bruxelles ».
- 1924 Le premier janvier, Radio Bruxelles devient Radio Belgique, installé dans les locaux de l’Union Coloniale, au n°34 de la rue de Stassart à Ixelles. « On trouverait difficilement, dans l’histoire des peuples, un exemple d’engouement généralisé comparable à celui auquel donne lieu la TSF en ce moment » écrit la revue ‘Radio Belge’ en cette année 1924. ‘La Libre Belgique’, dans son édition du 26 avril, écrit : « Ce tripotage sans fil et sans fin prend les proportions d’une épidémie. »
- 1926 L’Arrêté Ministériel du 30 octobre légalise l’émission d’amateur, les stations émettrices privées sont subdivisées en 5 catégories.
- 1926 Le premier novembre, Théo Fleischman lance le premier journal parlé de Radio Belgique, annoncé selon la formule consacrée « toutes les nouvelles du monde et de la journée en trente minutes ».

- 1930 De 10 000 en 1923, le nombre de postes déclarés passe à 75 000 en 1930, sans compter les postes non déclarés….Les taxes sont toujours de 20 F pour les détenteurs de postes à galène mais de 60 francs pour les récepteurs à lampes. Création de l'Institut National de Radiodiffusion (I.N.R). Ce service public de radiodiffusion, qui dépend du ministre des PTT, diffuse des programmes dans les deux langues. Théo Fleischman prend la tête des émissions francophones dès le 1er février 1931
La mise en place de l’I.N.R. s’accompagne de dispositions légales relatives aux radios privées.

- 1938 Inauguration à Flagey de la ‘Maison de la radio’. C’est aussi ce bâtiment, rappelant l’allure d’un paquebot, qui accueillera les premières émissions de télévision en 1953.
Sources bibliographiques et crédits photographiques
◊ Histoire de la radio, R. Froidure (2ème édition - 1999)
â—Š 100 ans de radio en Belgique, Philippe Caufriez - Brice Depass Nicolas Gaspard, Renaissance du livre 2013.
Sites internet consultés :
http://100ansderadio.free.fr/index.html
http://www.radioatticarchives.com/radio.htm?radio=6685
Histoire de la première station d’émission radiotélégraphique et radiotéléphonique de Belgique.
Les communications télégraphiques à longue distance (Congo Belge) et la naissance de la radiophonie en Belgique sont dues à deux ingénieurs, l’un belge, l’autre d’origine française: Robert Goldschmidt et Raymond Braillard.


Construction de la station de Laeken.
A l’initiative du roi Albert I, une puissante station intercontinentale de Télégraphie Sans Fil, destinée à entretenir le contact avec le Congo, fut construite à Laeken.
Elle fut achevée en 1913 et des essais fructueux furent poursuivis jusqu’en août 1914. Le poste de Laeken fut un des plus puissants du monde.
Sa construction fut difficile en raison de la grande puissance électrique, formidable pour l’époque, qu’il fallait maîtriser. Un moteur de 300 chevaux (une autre source mentionne 400 ch.) entraînait un alternateur de 1000 périodes pour lequel on fournissait une tension de 6000 volts.
La longueur d’onde maximale était de 10.000 mètres qui devait couvrir la distance de Bruxelles à Boma. (soit 6.300 km).L’étincelle était produite dans un éclateur étudié pour produire une excitation par choc.
L’antenne était constituée de 77 fils de 600 mètres de long supportés par 8 pylônes de 80 et 125 mètres.
Une neuvième antenne était en construction au début de 1914. Il s’agissait d’un mât carré avec des côtés de 18 pieds (5.5 mètres) et 1000 pieds de haut (333 mètres). Un ascenseur devait être installé pour atteindre le haut. Il devait être placé entre les autres mâts pour soulever l’antenne et augmenter ainsi le rayon d’action.
Lors des premiers essais de transmission un ’’speaker’’ demandait à tous ceux qui écoutaient d’envoyer un rapport d’écoute. Il se nommait Joseph Longé. (‘Seventy Years of Broadcasting in Belgium’ Richard E.Wood).
La reine Elisabeth était très intéressée par les travaux de Goldschmidt, elle reçut tout un cours pratique de T.S.F. enregistré sur des rouleaux de phonographe en cire. Elle apprit également l’alphabet morse.
En 1913, l’ingénieur italien Marzi construit un émetteur expérimental dans une annexe du château royal de Laeken, il s’agissait d’un émetteur Moretti à modulation par éclateur rotatif avec un micro à grenaille de charbon mis au point par Marzi. Il émettait sur une longueur d’onde de 700 mètres.
La première émission aura lieu le 28 mars 1914, et sera donnée en l’honneur de la Reine Elisabeth, ensuite l’émission d’un concert vocal et instrumental sera donné tous les samedis soirs de 17 à 18.00 h et de 20h30 à 22h sur la fréquence de 165 kHz avec un émetteur d’une puissance de 2 KW.
La Belgique fut le premier pays au monde à retransmettre un programme radiophonique.
Quand la guerre éclata, le matériel de la station de Laeken servit à monter en très peu de jours des stations de campagne à Liège, à Namur et à Anvers. Les deux premières stations furent rapidement détruites, mais la station d’Anvers fut démontée au moment critique et transportée à Londres, où elle fut installée à bord d’un fourgon automobile. Elle devint la première station puissante de campagne de l’armée belge.
Références :
La télégraphie sans fil au Congo Belge, par Robert Goldschmidt et Raymond Braillard.
Le Moustique. (Jo Gérard)
Les constructeurs d’automobiles belges.
Internet : Earlyradiohistory.
Anciennes revues de l’UBA et Radiovisie.
Radio Vlaanderen international
Destruction de la station.
L’auteur de ce texte est : Henry M. de GALLAIX. Témoin oculaire.
Article paru dans Radio Amateur News, November, 1919 Page 220. (en anglais)
Le mercredi 19 août 1914 des rumeurs les plus contradictoires arrivèrent à Bruxelles. Les uns affirmaient que les Allemands étaient à Louvain et ne voulaient plus attendre pour arriver à Bruxelles et d’autres disaient que la capitale était protégée par des troupes qui l’entouraient.
Néanmoins, le départ précipité de la Reine Elisabeth a semblé donner raison aux pessimistes. Un autre événement inattendu et plus convaincant prouva que la menace de l’ennemi était réelle
Aux environs de 1 heure de l’après-midi, une violente explosion était entendue dans la direction de Laeken, près de Bruxelles. Par hasard je me trouvais assez près. J’ai d’abord pensé qu’on avait fait sauter le pont, quand soudain j’ai vu un des mats sans fil se plier et tomber par terre.
A peine remis de ma surprise, une autre explosion s’est produite, plus violente que la première, et un deuxième mât est tombé. Je me suis dit : ‘’ils font sauter la station, les Allemands doivent être tout près’’. J’ai essayé de me rapprocher mais à 200 mètres de la station, j’ai été stoppé par un cordon de police. En faisant un détour j’ai pu m’approcher de la station et je n’en étais plus séparé que par le canal de Willebroek.
J’ai attendu quelques moments, et alors le bruit caractéristique d’un avion ‘’Taube’’ m’a fait lever les yeux. Il est venu lentement vers moi et est descendu jusqu'à ce que j’aie pu voir la croix noire peinte sur ses ailes. Il a volé au-dessus de la station, tournoyant deux fois et puis est parti dans la direction de Louvain quand soudain un coup de feu partit près de moi suivi par d’autres et ceci pendant quelques minutes.
L’avion se voyant pris comme cible à tourné et a disparu lentement.
Un groupe d’ingénieurs militaires belges courraient de l’autre coté du canal et me criaient ‘’ Faites attention, sauvez vous’’. Sans savoir pourquoi, j’ai reculé de quelques mètres. Une troisième explosion s’est produite et un troisième mat est tombé. Les soldats sont revenus et l’un après l’autre les mâts sont tombés.
Les soldats avaient coupé les câbles d’un côté de sorte que les mâts tombaient de l’autre côté ; puis après avoir miné les fondations ils allumèrent les fusées et se retirèrent aussi vite que possible.
Un mât a été empêché de tomber à cause du mât voisin, dans un autre cas l’explosion a seulement secoué le mât et les opérations de dynamitage ont du être recommencées jusqu’à ce que tout soit détruit. Vers 3h.30 les antennes étaient détruites, mais la station de transmission et de réception était encore intacte. Cette station était située dans un tunnel sous la route de Vilvoorde entre le canal de Willebroek et l’endroit où se trouvaient les mâts.
(Les automobilistes qui vont à Anvers en venant du boulevard Lambermont passent sur le pont Van Praet, et au moment où ils tournent à droite et passent sur le tronçon de route qui va du Yacht club house jusqu’au début de l’avenue Van Praet, roulent sur les tunnels (murés à ce jour) qui reliaient les quais du canal au domaine Royal, dans lesquels ce trouvaient les installations.)
Il était seulement possible d’emporter certains des instruments légers, le reste a dû être détruit. Les pièces les plus sensibles étaient cassées au marteau, et pour la destruction de la station on a utilisé de la dynamite. L’explosion était si violente qu’une partie du parapet de granit a été cassée et une grande crevasse s’est ouverte dans le plafond du tunnel.
Pour terminer, afin que même les ruines ne puissent pas être réutilisées, la station a été remplie de paille et de foin et on y a mis le feu. Une fumée dense s’est élevée du tunnel. Elle est restée au dessus du canal jusque dans la soirée et les derniers éclats des flammes n’étaient pas éteints quand l’ennemi est apparu sur la scène.
Nous avons appris par après que les Allemands avaient espéré saisir la station sans fil qui les aurait mis en communication avec les points les plus éloignés du théâtre des opérations.
Des ordres avaient été donnés à une troupe de cavalerie en marche forcée, mais les autorités belges, averties de ce mouvement, ont pu les devancer. Les plans allemands ont été déjoués, mais Monsieur Robert Goldschmidt perdit une grosse somme d’argent et le bénéfice d’un travail patient de trois années.
Pour la petite histoire, signalons que quelques éclateurs type Laeken furent cachés pendant l’occupation allemande sous l’autel d’une chapelle bruxelloise (Couvent des Barnabites) et que chaque jour, sans s’en douter, des prêtres allemands officiaient à cet autel.


son micro et se livre à la première expérience d’émission radio.
Source :

Documents annexes












