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TirĂ© de «âla Gigazetteâ» voici en 3 Ă©pisodes, les histoires et anecdotes sur les radios broadcast apparues dans les annĂ©es 60 et 70.
Un premier article (celui-ci) rassemblera les trois premiers Ă©pisodes Ă©crits par Georges ON6WG/F5VIL (parus dans les Gigazettes 159, 161 et 162).
Le second article vous emmĂšnera dans lâaventure de Radio Mi-Amigo, l'historique du studio Start et enfin lâactivation du MV Ross Revenge le navire de Radio caroline par des radioamateurs Anglais. En voici la page.
Radio Mi-Amigo, et les radios offshores.
Lâensemble complet sera en tĂ©lĂ©chargement chaque fois Ă la fin des articles.
Bonne lecture.
Ăpisode 1
Voici le premier volet dâun article concernant le matĂ©riel utilisĂ© par les stations de radiodiffusion pirate offshores Ă leur apparition.
Les informations reprises ici proviennent de recherches sur le web. Le lecteur trouvera Ă la fin des Ă©pisodes de cette chronique, un glossaire le ramenant aux pages originales. La station la plus cĂ©lĂšbre et aussi celle qui a rĂ©sistĂ© le plus longtemps est sans conteste Radio Caroline. LancĂ©e fin mars 1964, et parmi les toutes premiĂšres stations de radiodiffusion pirates, elle arrĂȘtera ses Ă©missions dans la bande AM en dĂ©cembre 1990, pour les continuer cependant sur le web 24/24 h et via satellite (Worldspace et Sky) sans abonnement. Et le choix est bon puisque, aprĂšs la fermeture quasi gĂ©nĂ©rale des stations AM en ondes moyennes et longues, les stations de radiodiffusion FM que lâon connaĂźt actuellement sont appelĂ©es aussi Ă disparaĂźtre bientĂŽt au profit de la radio numĂ©rique. Et lĂ encore, tout comme dans les annĂ©es 60, annonçant la fin des monopoles de la radiodiffusion, Radio Caroline tient un rĂŽle prĂ©curseur.
Ndlr : pour information, la FM a dĂ©jĂ disparu en NorvĂšge, et de nombreux autres pays tel que le Royaume-Uni, lâAllemagne, la Belgique, les Pays-Bas, la Suisse et lâItalie utilisent dĂ©jĂ la radio numĂ©rique terrestre (DAB pour Digital Audio Broadcasting) et prĂ©voient dâabandonner la FM. En France son dĂ©veloppement est Ă lâarrĂȘt, les grands groupes privĂ©s comme RTL, Europe1 etc. semblant plutĂŽt miser sur la diffusion par internet. Mais la dĂ©cision a dĂ©jĂ Ă©tĂ© prise⊠au plus tard en 2025. Un problĂšme se pose donc avec les autoradios. Sur de nombreuses voitures il nâest pas simple de les remplacer et si vous achetez maintenant une nouvelle voiture vĂ©rifiez que lâautoradio soit compatible DAB).
Il faut encore savoir que Radio Caroline actuellement est aussi active en diffusion DAB et en DAB+ (version amĂ©liorĂ©e du DAB) dans plusieurs rĂ©gions dâAngleterre. LĂ encore Radio Caroline tient Ă nouveau un rĂŽle annonciateur.
Mais retour aux «âSixtiesâ»â! Les notes ci-aprĂšs rassemblent des informations et des images trouvĂ©es au hasard de mes recherches sur les appareillages dâĂ©mission utilisĂ©s par les stations pirates. Et on verra que certaines de ces stations Ă©taient trĂšs similaires Ă des stations amateurs.
Les débuts de Radio Caroline
Photo du MV Fredericia, premier bateau de Radio Caroline, avec le mùt antenne haubanée. Photo Topfoto/Retronaut/mediadrumi du site https://www.dailymail.co.uk
Radio Caroline fut lancĂ©e en 1964 Ă bord dâun vieux ferry danois, le MV Fredericia qui sera rebaptisĂ© «âCarolineâ». LâĂ©quipement se composait alors de deux Ă©metteurs couplĂ©s 316B de la firme
amĂ©ricaine Continental Electronics et dâune puissance de 10 KW chacun. Le mĂąt support dâantenne avait une hauteur de 47 mĂštres dont Ă peu prĂšs 37 mĂštres avaient Ă©tĂ© soudĂ©s en prolongement du mĂąt de charge initial du navire et haubanĂ©s. LâaĂ©rien utilisĂ© Ă©tait spĂ©cial en ce sens quâil Ă©tait constituĂ© dâun dipĂŽle repliĂ© dont le mĂąt Ă©tait un des brins et lâautre brin Ă©tait un fil cage.
La frĂ©quence utilisĂ©e au dĂ©but Ă©tait 1485 kHz puis, en raison dâinterfĂ©rences la nuit, elle fut modifiĂ©e Ă 1520 kHz.
Une des rares photos du MV Fredericia oĂč le brin dâantenne cage est visible.
Les Ă©missions de Radio Caroline dĂ©butĂšrent Ă bord du MV Fredericia qui fut postĂ© dans les eaux internationales au large de Felixstowe en mer du Nord. Les dĂ©buts sont fulgurants : 7 millions dâauditeurs de plus de 17 ans dans les trois premiĂšres semaines de programmes. En juillet 64, Radio Caroline fusionne avec son concurrent, Radio Atlanta, qui diffuse Ă lâentrĂ©e de la Tamise depuis le MV Mi Amigo. Radio Atlanta devient Radio Caroline South. Le Fredericia est dĂ©placĂ© en mer dâIrlande, au large de lâĂźle de Man dâoĂč est originaire son fondateur Ronnan OâRahilly et devient Radio Caroline North. Les deux navires assurent alors Ă Radio Caroline, une couverture de la Grande-Bretagne quasi nationale. En 1965, un sondage fait apparaĂźtre une audience cumulĂ©e de 39 millions dâauditeurs. Radio Caroline couvre alors une bonne partie du Royaume-Uni, mais aussi la Hollande, une partie de la Belgique et du nord de la France jusquâen Normandie.
En 1966, Ronnan OâRahilly empoche son premier milliard de livres sterlingâ!
Cependant, en 1967, le gouvernement britannique dont Harold Wilson est le Premier ministre, ne pouvant agir directement contre ces stations situĂ©es en eaux internationales, prend des mesures contre les radios pirates par le vote du «âMarine Broadcasting Offences Actâ». Lâacte dit en substances que les stations pirates deviennent illĂ©gales et que tout sujet britannique opĂ©rant ou assistant ces stations contrevient Ă la loi britannique et sera poursuivi en justice. Il interdit aussi toute fourniture et approvisionnement par mer ou par air aux navires abritant les stations pirates et dĂšs lors Ă toute personne de sây rendre (Ă©videmment Ă partir du Royaume-Uni seulementâŠ).
Radio Caroline continue cependant dâĂ©mettre, mais ne sait plus vendre dâespaces publicitaires et en 1968, câest la faillite. Le MV Fredericia et le MV Mi Amigo sont saisis et remorquĂ©s en Hollande. Le MV Fredericia ne reprendra plus la mer. En 1972, il est vendu pour dĂ©molition.
Le MV Fredericia et le MV Mi Amigo sous saisie en Hollande.
Quant au MV Mi Amigo il sera vendu aux enchĂšres Ă une organisation qui sous le subterfuge dâen faire un musĂ©e de la radio pirate, va ensuite aller lâancrer au large de Scheveningen dans la zone oĂč se trouvent dĂ©jĂ les bateaux de Radio Veronica et de Radio Northsea International.
Dâabord sous le nom de Radio 199, câest Radio Caroline qui rĂ©apparaĂźt quelque temps plus tardâŠ
Le modÚle des premiÚres cartes QSL de Radio Caroline
Tout comme les radioamateurs les stations de radiodiffusion envoient des cartes QSL aux Ă©couteurs qui fournissent des rapports dâĂ©coute, les stations de radiodiffusion pirates ne font pas exception Ă cette rĂšgle.
En rĂ©action aux Ă©vĂ©nements dĂ©crits plus haut, lors des Ă©lections de 1970, les fondateurs de Radio Caroline font lobby contre Harold Wilson Ă lâorigine de la loi contre les stations offshore, et lui et son parti perdront les Ă©lectionsâŠ
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Lâimage montre la zone couverte par les Ă©metteurs de Radio Caroline North et Radio Caroline South entre 1964 et 1968. A lâĂ©poque, Radio Caroline avait nouĂ© de bonnes relations avec Radio ManX, la radio locale officielle situĂ©e sur lâĂźle de Man (lâĂźle de Man Ă acquis lâautonomie) et encore aujourdâhui, une fois par mois, on peut entendre les programmes de Radio Caroline Ă partir des antennes de Radio ManX.
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Ici le fascicule publicitaire des dĂ©buts de la station destinĂ© aux annonceurs. Il indique outre la zone de couverture, la politique des programmes de Radio Caroline avec un de leur leitmotiv «âpas plus de six minutes de publicitĂ© par heureâ» et les tarifs selon les tranches horaires des espaces publicitaires.
Photo de gauche les émetteurs 316B à bord du MV Mi Amigo. à droite : AprÚs le rachat aux enchÚres du Mi Amigo, inventaire des piÚces de rechange des émetteurs avant la remise en fonctionnement en 1972. Ici un tube final et un tube modulateur de rechange. Mike Bass tient en main une capacité sous vide.
En mars 1980, lors dâune tempĂȘte de force 10 sur lâĂ©chelle de Beaufort, la chaĂźne dâancre du Mi Amigo se rompt et aprĂšs avoir dĂ©rivĂ© sur 10 miles nautiques, le navire sâĂ©choue sur un banc de sable au large des cĂŽtes anglaises oĂč finalement il coulera signant la fin de la premiĂšre Ă©poque de Radio Caroline.
Le MV Mi Amigo dans la tempĂȘte.
(n.d.l.r. cette bouée délimite le bord d'un chenal de navigation entre les bancs de sable de Knock John et Long Sand menant à l'estuaire de la Tamise)
Câest la cloche de pont du MV Fredericia qui a inspirĂ© le logo de Radio Caroline.
Bon, mais⊠et les radioamateurs dans tout çà â? Patience⊠Il faut un peu de suspenseâŠ
Ăpisode 2
LâĂ©pisode 1 a surtout Ă©tĂ© consacrĂ© Ă Radio Caroline, simplement parce que câest la station pirate qui a rĂ©sistĂ© le plus longtemps, mais aussi parce que maintenant la radiodiffusion offshore est cĂ©lĂ©brĂ©e chaque annĂ©e par des radioamateurs Ă bord du bateau restaurĂ© de Radio Caroline, le Ross Revenge, ancrĂ© dans lâestuaire de la riviĂšre Blackwater en face de Bradwell (Essex). Ce volet-ci est consacrĂ© Ă la participation des radioamateurs dans lâĂ©laboration et la maintenance des stations de radiodiffusion offshore. Voici donc leur histoire, trĂšs rĂ©sumĂ©e, mais avec, lorsquâil existe, un lien internet oĂč lâon trouvera plus de dĂ©tails ou les souvenirs de ces OM relatĂ©s bien souvent par eux-mĂȘmes. Les premiĂšres stations de radiodiffusion offshore apparurent en mer du Nord dĂšs 1958 et la pĂ©riode la plus populaire fut sans conteste la seconde moitiĂ© des annĂ©es 60 jusquâau dĂ©but des annĂ©es 70. Par la suite, la mise en place de diffĂ©rentes mesures dâinterdiction par les pays concernĂ©s verra la disparition progressive des stations de radiodiffusion offshore. Contre vents et marĂ©es, Radio Caroline continuera cependant Ă Ă©mettre jusquâen 1990.
Contexte, opportunités et motivations
Le milieu des annĂ©es 60 voit apparaĂźtre des stations offshores au large des cĂŽtes de diffĂ©rents pays, non seulement en Europe, mais aussi, Ă un moment, sur les cĂŽtes amĂ©ricaines et australiennes. Dans la zone qui nous entoure, câest la SuĂšde, le Danemark, la Hollande ou lâAngleterre qui ont Ă©tĂ© spĂ©cialement concernĂ©s. Ces stations constituaient une opportunitĂ© pour qui cherchait un emploi dans le domaine des transmissions. CâĂ©tait aussi un job un peu aventureux, hors du commun, avec une pointe dâadrĂ©naline en plus, ce qui le rendait attirant et dans lâair du moment pour les fans de musique rock et pop.
Les radioamateurs
Câest ainsi que son service militaire terminĂ©, Juul, PEĂGJG, plutĂŽt que dâentrer chez Philips TĂ©lĂ©communication avec des horaires bien carrĂ©s de 9 h Ă 17 h, prĂ©fĂ©ra rejoindre Radio Veronica fin novembre 1967. Il est chargĂ© de lâenregistrement des programmes. Ă la mĂȘme Ă©poque une autre station apparaĂźt, câest Radio North Sea International (RNI) qui transmet dâabord Ă partir du navire «âMEBO 1â» puis du «âMEBO 2â» (le MEBO 1, plus petit, servira alors de navette entre le MEBO 2 et la terre). Dans ses mĂ©moires personnelles, Juul nous apprend quâun tĂ©lex transmettant des messages quelque peu codĂ©s avait Ă©tĂ© installĂ© Ă bord du navire. Le technicien du bord, Frans de Feber, avait obtenu une licence des PTT avec lâindicatif PA2RNI⊠(Frans est maintenant SK).
Juul, restera 7 ans Ă Radio Veronica en tant que technicien de programme. En 1974, Ă la suite des mesures prises par le gouvernement hollandais Ă lâencontre des stations offshores, notamment rendant illĂ©gal lâapprovisionnement des bateaux contenant les stations offshores, les programmes sont arrĂȘtĂ©s et la station fermĂ©e, de mĂȘme que pour RNI. Juul est ensuite passĂ© au TROS (Fondation pour la TĂ©lĂ©vision et la Radiodiffusion en Hollande) (photo : Juul PEĂGJG dans le studio dâenregistrement de Radio Veronica Ă Hilversum).
Edwin Bollier, HB9AFU (au premier plan) dans sa station radioamateur Ă Islisberg, et Erwin Meister son associĂ©. (photo extraite dâun journal de lâĂ©poque)
Chez Radio North Sea International justement, nous trouvons quatre radioamateurs : PAĂNHS, PA2RNI dont on a parlĂ© plus haut, G3WZG et HB9AFU.
HB9AFU est propriĂ©taire de la sociĂ©tĂ© MEBO. Câest cette sociĂ©tĂ© qui va lancer la station de radiodiffusion offshore RNI au dĂ©but des annĂ©es 70. Le bateau MEBO 2 sera ancrĂ© non loin de Radio Veronica au large de la cĂŽte hollandaise. PAĂNHS est toujours rĂ©pertoriĂ© radioamateur ainsi que G3WZG. Il faut aussi ajouter Martin Kayne 2E1GTI que lâon retrouvera sur plusieurs radios offshores et Kurt Baer HB9AFP/MM technicien Ă©galement Ă bord du MEBO 2.
Quand la piraterie des ondes rejoint la piraterie de lâair
(Ătonnante photo dâarchive dâEdwin Bollier HB9AFU dans un des studios dâenregistrement de Radio North Sea International (RSI)).
Les programmes de RNI Ă©taient transmis tantĂŽt en anglais, tantĂŽt en nĂ©erlandais ou en allemand. AprĂšs la fin des Ă©missions de RNI, en 1974, la sociĂ©tĂ© MEBO est devenue fournisseur de matĂ©riel Ă©lectronique. Mais dans les annĂ©es 80, ses liens avec le rĂ©gime libyen et son implication dans lâattentat de Lockerbie mirent la firme en grande difficultĂ©. En effet, un dispositif de chronomĂ©trage fabriquĂ© par MEBO TĂ©lĂ©communications avait Ă©tĂ© employĂ© pour dĂ©clencher la bombe qui a dĂ©truit le vol PAN AM 103 au-dessus de Lockerbie en dĂ©cembre 1988 faisant 270 victimes. Erwin Meister et Edwin Bollier furent convoquĂ©s au cours du procĂšs de Lockerbie.
Pendant leur interrogatoire Meister a reconnu que MEBO avait fourni Ă la Libye 20 minuteurs MST-13 du type employĂ© dans lâattentat. Il a aussi identifiĂ© un des deux agents libyens accusĂ©s, comme Ă©tant un ancien contact commercial.
Bollier quant Ă lui, a dĂ©clarĂ© que MEBO fabriquait une gamme de produits comprenant des porte-documents Ă©quipĂ©s dâEEI Ă dĂ©tonateur radio contrĂŽlĂ© (EEI : Engin Explosif ImprovisĂ©). Il a reconnu que MEBO avait vendu 20 minuteurs MST-13 Ă la Libye en 1985, qui ont ensuite Ă©tĂ© testĂ©s par les forces spĂ©ciales libyennes Ă leur base Ă Sabha. Bollier a dĂ©clarĂ©Â : «âJâĂ©tais prĂ©sent lorsque deux minuteurs de ce type ont Ă©tĂ© inclus dans des cylindres de bombesâ». Au tribunal, on a montrĂ© Ă Bollier un certain nombre de fragments de cartes de circuits imprimĂ©s quâil a identifiĂ©s comme provenant du minuteur MEBO MST-13, mais il a prĂ©tendu que ces fragments de minuterie semblaient avoir Ă©tĂ© modifiĂ©s.
Joachim Wenzel, un employĂ© de la STASI, lâancienne agence de renseignement est-allemande, a tĂ©moignĂ© Ă distance sur Ă©cran. Wenzel a prĂ©tendu avoir Ă©tĂ© lâintermĂ©diaire avec Bollier dans les annĂ©es 1982-1985 et a tĂ©moignĂ© que MEBO avait aussi fourni des minuteurs Ă la STASI.
Cependant au cours du procĂšs lâavocat de MEBO a dĂ©posĂ© une plainte contre le ministĂšre public Ă propos de ce quâil a qualifiĂ© de «âfaux fragments de minuteur MST-13â».
Lâancien employĂ© de MEBO, Ulrich Lumpert, a dĂ©clarĂ© devant le tribunal Ă©cossais aux Pays-Bas quâen tant quâingĂ©nieur en Ă©lectronique, il avait produit toutes les minuteries MST-13 de lâentreprise. Lumpert a convenu que les fragments qui lui ont Ă©tĂ© montrĂ©s devant le tribunal «âpourraient provenirâ» de cette minuterie et a Ă©tĂ© invitĂ© Ă confirmer sa signature sur une lettre concernant une dĂ©faillance technique du minuteur prototype MST-13.
Rebondissement !
Sept ans plus tard, le 18 juillet 2007, Lumpert a affirmĂ© avoir menti au procĂšs. Dans un affidavit devant un notaire zurichois, Lumpert dĂ©clara quâil avait volĂ© un prototype de carte Ă©lectronique MST-13 Ă MEBO et quâil lâavait remis le 22 juin 1989 à «âune personne officielle enquĂȘtant sur lâaffaire Lockerbieâ». Le Dr Hans Köchler, observateur de lâONU au procĂšs de Lockerbie, a reçu une copie de lâaffidavit de Lumpert et a publiĂ© un rapport sur lâaffaire. Le Dr Köchler a dĂ©clarĂ© au Glasgow Herald : «âLes autoritĂ©s Ă©cossaises sont maintenant obligĂ©es dâenquĂȘter sur cette
situation : non seulement M. Lumpert a admis avoir volĂ© un Ă©chantillon du minuteur, mais il lâa remis Ă un fonctionnaire et a ensuite menti devant le tribunalâ».
Finalement : Un seul des deux accusĂ©s libyens a Ă©tĂ© reconnu coupable de lâattentat de Lockerbie le 31 janvier 2001.
Prolongement...
Cette affaire a encore des prolongements aujourdâhui et on en trouvera les liens internet dans la bibliographie en fin dâarticle. Sachez que MEBO AG existe toujours et que Edwin Bollier a adressĂ© rĂ©cemment une lettre au prĂ©sident Trump dont on trouvera le dĂ©tail dans le lien mentionnĂ©.
Que sont devenus les bateaux de RNI et de Radio Veronicaâ?
AprĂšs lâarrĂȘt des Ă©missions de RNI, grĂące aux bonnes relations entre Bollier et Khadafi, les deux bateaux furent vendus Ă la Libye. Le MEBO 2 fut rebaptisĂ© EL FATAH et fut alors utilisĂ© pendant plusieurs annĂ©es pour transmettre des programmes de propagande depuis le port de Tripoli. Mais en 1984 il fut utilisĂ© comme cible dâentraĂźnement pour la marine libyenne et finalement coulĂ© dans le Golfe de Sidra.
Quant au «âVeronicaâ», il existe toujours. Il a Ă©tĂ© restaurĂ© et transformĂ© en bateau Ă©vĂ©nementiel. Il est Ă quai Ă Amsterdam prĂšs de la marina et est Ă louer pour lâorganisation de sĂ©minaires, dâĂ©vĂ©nements culturels ou musicaux. On peut toujours y admirer son antenne dâĂ©mission.
Amsterdam : Le Veronica et son antenne d'Ă©mission
Capitol Radio
Une autre radio offshore de lâĂ©poque, Capital Radio Ă bord du navire MV King David, est intĂ©ressante par son originalitĂ©. Ici apparemment, pas de radioamateur. Initialement, le bateau fut ancrĂ© le long de la cĂŽte hollandaise, au large de Noordwijk, en avril 1970. Mais presque aussitĂŽt le navire subit une tempĂȘte de force 8 et lâantenne fut endommagĂ©e. Les essais de transmission commencĂšrent finalement dĂ©but mai sur 1115 kHz (annoncĂ©s 270 mĂštres).
Le navire Ă©tait Ă©quipĂ© dâun Ă©metteur de 10 kilowatts et dâune antenne boucle (loop) horizontale inhabituelle. Les raisons de lâinstallation de ce type dâantenne Ă©taient aussi idĂ©alistes que techniques. Toutes les autres stations offshores utilisaient soit des antennes Ă mĂąt vertical, soit des antennes horizontales disposĂ©es entre des mĂąts Ă lâavant et Ă lâarriĂšre du navire. Ces types dâantennes produisaient de forts signaux sur les couches ionosphĂ©riques Ă des angles favorisant la rĂ©flexion Ă longue distance et donc susceptibles de provoquer des interfĂ©rences avec des stations lointaines, en particulier la nuit. Lâexplication donnĂ©e Ă lâĂ©poque Ă©tait que la boucle horizontale rayonne la plus grande partie de son Ă©nergie sous la forme dâune onde de surface et lâangle de rĂ©flexion est trĂšs Ă©levĂ©, lâonde rĂ©flĂ©chie retombe ainsi Ă trĂšs courte distance, minimisant toute interfĂ©rence indĂ©sirable. DĂšs la mise en service de la station, lâantenne boucle produisit un signal trĂšs efficace, couvrant une grande partie des Pays-Bas, de la Belgique et de lâest de lâAngleterre, bien que lâĂ©metteur ne fonctionnait quâĂ 1 kilowatt. Cependant, si le roulis du navire Ă©tait trop important, lâun des cĂŽtĂ©s de la boucle pouvait entrer en contact avec lâeau, provoquant un court-circuit de lâĂ©metteur.
Lâantenne boucle de Capital Radio Ă©tait pliable pour la navigation dans les chenaux ou lâaccostage au port.
AprĂšs de nombreux problĂšmes, puis lâaccident grave dâun officier du bord qui perdit un pied, ce qui empĂȘcha la station de transmettre pendant plusieurs semaines, ensuite un isolateur dâantenne cassĂ© qui nĂ©cessita Ă nouveau un retour au port, en novembre de la mĂȘme annĂ©e, lors dâune tempĂȘte de force 9, le bateau dĂ©crocha de son ancrage et, malgrĂ© les efforts de lâĂ©quipage, vint sâĂ©chouer sur la plage. La station et le navire ne furent plus remis en service.
Au final, la station nâavait transmis que trĂšs peu de temps entre avril et novembre 1970.
L'antenne en boucle de Capital Radio et le navire lors de son Ă©chouage.
AprÚs son renflouement, en raison de dettes et de personnel impayé, la société propriétaire fut déclarée en faillite et le navire fut saisi.
Radio City et Radio Sutch
1964 fut aussi lâannĂ©e de naissance de Radio City. On retrouve ici G3OUV et G3SZC. En mai 1964, un musicien anglais excentrique, David Sutch, lance Radio Sutch non pas Ă partir dâun bateau, mais Ă partir dâun ancien fort Ă lâabandon construit pendant la seconde guerre mondiale sur les Shivering Sands, des bancs de sable dans lâestuaire de la Tamise. Ce fort Ă©tait destinĂ© Ă la dĂ©fense antiaĂ©rienne de Londres et, Ă la fin de la guerre, plus spĂ©cialement contre les V2 qui Ă©chappaient aux escadrilles de chasse.
Photo de gauche : Les studios de Radio Sutch dans une des tours du fort de Shivering Sands. Photo de droite : Les tours du fort de Shivering Sands et leur armement en 1943. Ce fort faisait partie dâune ligne de dĂ©fense antiaĂ©rienne avancĂ©e avec plusieurs autres forts au long des cĂŽtes proches de Londres.
Au bout de quelques mois, la station nâintĂ©ressa plus le musicien et il revendit le matĂ©riel Ă son manager. Radio Sutch est renommĂ© Radio City. Un nouvel Ă©metteur de 10 kW y est placĂ© et une antenne verticale de 45 mĂštres de hauteur est montĂ©e au sommet de lâune des tours. Lâantenne comprenait quinze sections de trois mĂštres et Ă©tait maintenue par cinq rangĂ©es de haubans espacĂ©s
de neuf mĂštres chacun et ramenĂ©s en trois points dâancrage au sommet de trois autres tours. Chaque tour a une hauteur de trente-cinq mĂštres au-dessus du niveau de la mer.Â
Vues de lâantenne de Radio City.
Radio Mercur
A gauche sur la photo, lâĂ©metteur de 10 kW modĂšle BTA 10J, de Radio City fabriquĂ© par RCA. Il fut utilisĂ© plus tard par RNI Ă bord du MEBO 2.
Lâarmoire Ă droite de lâimage est un Ă©metteur Siemens de radiodiffusion FM provenant de Radio Mercur (une station offshore au large des cĂŽtes danoises)
Radio Mercur était active au début des années 60. Elle a employé VE7SWE comme technicien. Radio Mercur était probablement la premiÚre station de radio commerciale offshore au monde et
a inspiré un certain nombre de radios offshores en SuÚde, aux Pays-Bas, en Belgique et au Royaume-Uni dans les années 1960.
La presse danoise a bientĂŽt commencĂ© Ă utiliser lâexpression «âradio pirateâ» Ă propos de Radio Mercur, et un certain nombre de dessins dans les journaux et les magazines ont reprĂ©sentĂ© la station de radio avec des symboles pirates. Radio Mercur a profitĂ© du fait que la radiodiffusion dans les eaux internationales nâĂ©tait pas rĂ©glementĂ©e par les accords internationaux. MalgrĂ© les initiatives de la «âVoix de lâAmĂ©riqueâ» qui transmettait Ă bord dâun navire militaire, le «âUSCGC Courierâ» au large du Maroc et ensuite de la GrĂšce, les politiques nâavaient jamais imaginĂ© que le monopole de la radiodiffusion pourrait ĂȘtre brisĂ© par un navire permanent diffusant des Ă©missions visant des terres !.
DĂšs 1959 lors de la Convention du TĂ©lĂ©graphe Ă GenĂšve, le Danemark demandait que tous les Ă©tats membres de lâUnion Internationale des TĂ©lĂ©communications condamnent fermement les flibustiers et ratifient sa demande.
Agir contre lâusage de frĂ©quences non attribuĂ©es par les Conventions de lâUIT Ă©tait une utopie, car bon nombre de stations publiques auraient aussi dĂ» arrĂȘter leurs Ă©missionsâ! Lâinitiative resta lettre morte. Les autres pays ne se sentaient pas concernĂ©s. Radio Mercur transmettait ses programmes en FM, dâabord sur 88,00 mHz, et plus tard sur des frĂ©quences diffĂ©rentes pour pouvoir rĂ©pondre aux plaintes des autoritĂ©s danoises. Radio Mercur a Ă©galement commencĂ© en 1961 Ă diffuser rĂ©guliĂšrement en stĂ©rĂ©o : câĂ©tait une premiĂšre en Europe.
En rĂ©alitĂ©, ce nâĂ©tait pas encore de la stĂ©rĂ©o diffusĂ©e par un Ă©metteur avec une sous-porteuse, Radio Mercur utilisait deux Ă©metteurs sur des frĂ©quences diffĂ©rentes : un pour le son gauche et un pour le son droit. Lâauditeur devait disposer de deux rĂ©cepteurs FM. Les Ă©missions en stĂ©rĂ©o Ă©taient sponsorisĂ©es par le fabricant de rĂ©cepteurs et de chaĂźnes haute fidĂ©litĂ© Bang & Olufsenâ!
Le MV Cheeta II abritant Radio Mercur au large des cÎtes danoises.
Ă gauche lâingĂ©nieur en chef de Radio Mercur lors de lâextinction de lâĂ©metteur FM Siemens. Ă droite, lâantenne directionnelle FM au sommet dâun des deux mĂąts du Cheeta II (Notez sa taille par rapport Ă lâOM qui est en train dây travailler). La puissance annoncĂ©e Ă©tait de 14 kW.
En 1962, Radio Mercur a arrĂȘtĂ© ses Ă©missions quand une loi, dite «âLex Mercurâ», a Ă©tĂ© adoptĂ©e par le parlement danois. Cela signifiait que toute participation de citoyens danois ou de compagnies danoises Ă des Ă©missions de Radio Mercur Ă©tait dĂšs lors illĂ©gale. Le 31 juillet, Radio Mercur transmettait ses derniers programmes et, Ă minuit, Ă©teignait son Ă©metteur.
Radio Invicta
Une autre radio offshore qui engagea des radioamateurs, mais qui eut une brÚve existence fut Radio Invicta. Les locaux de Radio Invicta furent aussi installés dans une des tours du fort de Shivering Sands. Les émissions débutÚrent sur 985 kHz en juillet 1964 avec moins de 1 kW, de trÚs petits moyens et un personnel pas trÚs qualifié.
Et Ă propos de Radio Invicta, voici une anecdote des dĂ©buts. Un radioamateur, Ăric Davies, G3PGM (SK), a contactĂ© le bureau dâInvicta pour se plaindre parce que les transmissions de la station causaient des interfĂ©rences dans les bandes amateurs. On lui a tout de suite offert un travail. Câest ainsi quâil est devenu ingĂ©nieur de station et⊠animateur de programme. Il fut connu Ă la fois comme Ă©tant «âEd Laneyâ» et le «âgĂ©ant suĂ©dois de six pieds trois pouces Ăric Petersonâ» en dĂ©pit de nâĂȘtre absolument pas gĂ©ant ou suĂ©dois. Tout le monde devait remplir plus dâun rĂŽle sur Invicta et la plupart de ceux qui y travaillaient avaient plus dâune identitĂ© Ă lâantenne, ce qui donnait lâimpression que câĂ©tait une station plus importante quâelle ne lâĂ©tait en rĂ©alitĂ©. Câest ainsi que lâon retrouve G3OUV qui travailla aussi Ă Radio Invicta sous le nom de Tony Silver. G3SDP (SK), Martin Shaw, Ă©tait le troisiĂšme ingĂ©nieur de station. Il est dĂ©cĂ©dĂ© en dĂ©cembre 1964 lorsque le bateau navette de la station, qui le transportait, ainsi quâun animateur et le propriĂ©taire de la station, Tom Pepper, coula Ă cause du mauvais temps. Il nâavait que 18 ans.
AprĂšs ce drame, Radio Invicta arrĂȘta ses Ă©missions en fĂ©vrier 1965.
Ă gauche, vues de lâĂ©metteur de Radio Invicta au fort de Shivering Sands. à droite, lâĂ©quipement BF Ă©tait trĂšs basique et ne permettait mĂȘme pas des fondus pour lâenchaĂźnement des morceaux musicaux.
Les stations offshores belges
Ă la fin de 1972, le navire de Radio Caroline, le MV MI AMIGO, retourne en mer, jette lâancre au large des cĂŽtes nĂ©erlandaises et recommence Ă Ă©mettre. Mais la station a traversĂ© une pĂ©riode turbulente (dâabord perdant son mĂąt dâĂ©mission, puis une mutinerie de lâĂ©quipage, ensuite la mise en fourriĂšre de son navire), mais a rĂ©ussi Ă survivre. Cependant, Ă lâĂ©tĂ©Â 1973, la station avait dĂ©sespĂ©rĂ©ment besoin dâune injection dâargent pour rester Ă flot.
Jeune entrepreneur belge, Adriaan van Landschoot sâintĂ©ressait Ă la mode et Ă la musique et il voulait sa propre station de radio. Il avait un plan et de lâargent pour venir Ă la rescousse. Van Landschoot auditionna quelques disc-jockeys et arrangea lâamĂ©nagement de studios Ă Oostburg en Hollande. (Ils devaient ĂȘtre aux Pays-Bas parce que la Belgique avait lĂ©gifĂ©rĂ© contre la radio offshore en 1962).
Radio Altlantis
Le 15 juillet 1973, les programmes préenregistrés de la station de van Landschoot, Radio Atlantis, ont débuté sur 1187 kHz à partir du navire de Radio Caroline.
Lâhomme dâaffaires belge avait signĂ© un contrat de trois mois, louant treize heures par jour de temps dâantenne (6 h-19 h) pour un coĂ»t hebdomadaire dâenviron 2â000 livres sterling. En utilisant lâĂ©metteur de 50 kilowatts et un nouveau mĂąt de 55 mĂštres de haut, la rĂ©ception Ă©tait superbe. Radio Atlantis a immĂ©diatement remportĂ© une audience importante parmi la population flamande de Belgique et un certain nombre dâentreprises belges outrepassĂšrent ouvertement la loi anti-pirate du pays pour faire de la publicitĂ© pour leurs produits. AprĂšs ce dĂ©but encourageant, van Landschoot dans les coulisses, avait commencĂ© Ă prendre des dispositions pour rompre son alliance avec Caroline. Radio Atlantis allait Ă©mettre depuis son propre navire. Adriaan a achetĂ© le MV Zondaxonagon pour 50â000 florins (environ 22â689 âŹ). Il a renommĂ© le navire MV Jeanine (le prĂ©nom de sa femme), bien quâil y ait eu confusion sur lâorthographe prĂ©cise. Le nom tel quâil apparaissait sur la proue du bateau Ă©tait Janeine, sur la timonerie câĂ©tait Janine et sur la carte QSL de Radio Atlantis câĂ©tait Jeaniane. La faute Ă lâanimateur de la station qui ne parlait pas notre langue et nâest jamais parvenu Ă se rappeler de lâorthographe correcte. LâĂ©metteur utilisĂ© avait servi prĂ©cĂ©demment sur Radio Noordzee et fut prĂȘtĂ© par PA3EZM.
Radio Atlantis Ă lâancre Ă 12Â milles nautiques (22Â km) de la cĂŽte belge au large de Knokke.
 Quelques essais de faible puissance effectuĂ©s sur le navire ont dĂ©butĂ© le 3 novembre 73 sur des frĂ©quences de 656 kHz (458 mĂštres) et de 1322 kHz (227 mĂštres). Une date de lancement au 15 novembre a Ă©tĂ© annoncĂ©e, mais, avant que les programmes rĂ©guliers ne puissent commencer, un drame a frappĂ© le petit navire le 6 novembre quand la chaĂźne dâancre sâest rompue. DĂ©rivant, sans moteur et sans direction, le dĂ©sastre Ă©tait imminent, mais heureusement un remorqueur, le Titan est intervenu et a remorquĂ© le navire Ă Cuxhaven en Allemagne. Les rĂ©parations nĂ©cessaires ont alors Ă©tĂ© effectuĂ©es, mais la station a Ă©galement subi une perte tragique lorsque lâingĂ©nieur Chris Klinkenberg a Ă©tĂ© tuĂ© par un groupe de planches qui en sâeffondrant, le fit tomber dans les eaux glacĂ©es du port. Finalement, le 30 dĂ©cembre 73, Radio Atlantis Ă©tait Ă nouveau sur lâair, diffusant en flamand pendant la journĂ©e et en anglais la nuit. Les programmes de jour Ă©taient prĂ©enregistrĂ©s sur terre tandis que le «âService internationalâ» en anglais Ă©tait transmis en direct. Atlantis a aussi diffusĂ© quelques Ă©missions en ondes courtes, sur 6225 kHz dans la bande des 49 mĂštres. En utilisant un Ă©metteur fait maison dâune puissance dâenviron 200 watts. Le 12 aoĂ»t 1974, le gouvernement hollandais a rĂ©vĂ©lĂ© que la loi anti-pirate radiophonique deviendrait effective le 1er septembre.
Radio Veronica a immĂ©diatement annoncĂ© quâelle cesserait ses Ă©missions tout comme RNI. Bien que Radio Atlantis appartenait Ă un Belge, il opĂ©rait via la Hollande pour Ă©viter les lois belges. La station allait aussi ĂȘtre frappĂ©e par la nouvelle lĂ©gislation. Le 17 aoĂ»t, Radio Atlantis a annoncĂ© quâelle cesserait ses activitĂ©s. Le 31 aoĂ»t 1974, une heure aprĂšs Radio VĂ©ronica, Radio Atlantis cessait dĂ©finitivement ses Ă©missions. Des milliers de fans dâAtlantis du sud-est de lâAngleterre et le Benelux ne pouvaient plus Ă©couter ses programmes des annĂ©es 60 et son fameux Top 40 qui avait rendu la station si populaire. Bien que Radio Atlantis nâait jamais eu un signal aussi puissant que les stations rivales, lâĂ©metteur fournissait presque 4 kilowatts la plupart du temps. La station Ă©tait devenue trĂšs populaire dans la partie flamande de la Belgique grĂące Ă ses programmes en nĂ©erlandais et aussi dans le Kent et lâEssex en Angleterre par ses programmes du soir en anglais (Photo : Les Ă©metteurs de Radio Atlantis, ondes courtes sur la gauche, ondes moyennes sur la droite).
Radio Antwerpen
Mais bien auparavant une autre station offshore belge avait vu le jour. Voici, briĂšvement comptĂ©e, lâhistoire de Radio Antwerpen. La station fut mise en service par un radioamateur, Georges de Caluwe, ON4ED (SK). IngĂ©nieur radio anversois, il avait obtenu en 1922 une licence pour Ă©tablir la premiĂšre station de radio locale en Belgique.
Cette station Ă©tait Radio Antwerpen, mais elle est devenue populairement connue sous le nom de Radio Kerkske (Radio Petite Ăglise) parce que son antenne Ă©tait situĂ©e sur une tour dâune Ă©glise. Au dĂ©but de 1940, avec la machine de guerre nazie qui menaçait son pays, la station de Georges de Caluwe fut contrainte par le gouvernement belge de relayer les programmes du NIR, le service de radio dâalors. En mai de la mĂȘme annĂ©e, alors que lâarmĂ©e allemande sâapprĂȘtait Ă envahir la Belgique, de Caluwe dĂ©cida quâil devait dĂ©truire lâĂ©metteur pour Ă©viter quâil ne soit utilisĂ© par lâarmĂ©e envahissante pour des Ă©missions de propagande. Pendant les annĂ©es oĂč la Belgique fut occupĂ©e, il a secrĂštement construit un autre Ă©metteur de sorte quâen 1945, avec la fin des hostilitĂ©s, Radio Antwerpen serait en mesure de revenir sur lâair. Cependant, le gouvernement belge Ă son retour dâexil de guerre Ă Londres dĂ©cida que toutes les stations de radio seraient dĂ©sormais contrĂŽlĂ©es par lâĂtat et malgrĂ© sa lutte pour retrouver son ancienne licence, de Caluwe fut obligĂ© de fermer Radio Antwerpen le 31 aoĂ»t 1948. Tout son matĂ©riel de diffusion fut confisquĂ©. Il fait appel Ă plusieurs reprises pour que sa licence soit rĂ©Ă©mise, mais sans succĂšs. En 1962, frustrĂ© par les dĂ©lais bureaucratiques et le refus de lui accorder une licence, il dĂ©cide de ressusciter Radio
Antwerpen, cette fois-ci Ă bord dâun navire au large des cĂŽtes belges. Il acheta un navire de commerce en France.
CâĂ©tait un chaland (N.D.L.R. Pas vraiment le type de navire de haute mer qui peut rĂ©sister Ă des tempĂȘtes) fabriquĂ© en ferrociment, le MV Crocodile, qui a Ă©tĂ© rĂ©enregistrĂ© au Panama sous le nom dâun lĂ©gendaire hĂ©ros du folklore flamand : Uilenspiegel. Les Ă©quipements radio de lâUilenspiegel furent installĂ©s dans le port dâAnvers, tandis que des studios de prĂ©enregistrement furent amĂ©nagĂ©s dans une autre partie de la ville.
Radio Antwerpen et le MV Uilenspiegel
En octobre 1962, lâUilenspiegel est prĂȘt et quitte le port dâAnvers pour mouiller devant les eaux territoriales belges au large de Zeebrugge. Les transmissions tests commencĂšrent le 12 octobre et les programmes rĂ©guliers dĂ©butĂšrent le 15 octobre. En novembre 1962, Radio Antwerpen a Ă©galement commencĂ© Ă diffuser ses programmes sur ondes courtes et des reports de rĂ©ception pour ces Ă©missions ont Ă©tĂ© reçus dâaussi loin que le Canada. Plus tard ce mĂȘme mois, la station a rencontrĂ© sa premiĂšre tempĂȘte en mer et a Ă©tĂ© forcĂ©e de quitter lâair aprĂšs avoir lancĂ© un appel de dĂ©tresse. Lâantenne sâĂ©tait effondrĂ©e pendant la tempĂȘte, mais les ingĂ©nieurs ont rĂ©ussi Ă effectuer des rĂ©parations dâurgence et les transmissions ont repris le jour suivant.
La loi belge sur les infractions maritimes a Ă©tĂ© adoptĂ©e le 13 dĂ©cembre 1962 et est entrĂ©e en vigueur cinq jours plus tard. Par une coĂŻncidence tragique le jour mĂȘme de lâadoption de la loi, Georges de Caluwe mourut dans un hĂŽpital dâAnvers Ă la suite dâune opĂ©ration.
Dans la nuit du 15 au 16 dĂ©cembre 1962, lâUilenspiegel a Ă©tĂ© balayĂ© par des vents violents et une forte mer. LâĂ©quipage a dĂ©couvert quâune partie du navire avait Ă©tĂ© inondĂ©e et que lâantenne ondes courte Ă©tait tombĂ©e sur le mĂąt Ă onde moyenne, endommageant les deux installations de transmission. LâUilenspiegel lui-mĂȘme commença Ă dĂ©river juste avant midi le 16 dĂ©cembre 1962, et Ă 15 h 30 se trouvait Ă moins dâun mille nautique de Zeebrugge, six des dix membres dâĂ©quipage furent emmenĂ©s par le canot de sauvetage.
Quatre membres dâĂ©quipage restĂšrent Ă bord de lâUilenspiegel pendant quâune embarcation de sauvetage commençait Ă le remorquer vers Flessingue, mais vers 16 h 30, alors que le navire se trouvait Ă moins dâun mille nautique de Knokke, le temps sâĂ©tait tellement dĂ©tĂ©riorĂ© que lâembarcation de sauvetage dĂ©cida de prendre le reste de lâĂ©quipage. Le remorqueur rĂ©ussit Ă sauver lâĂ©quipage de lâUilenspiegel. Peu de temps aprĂšs, lâamarre du remorqueur sâest cassĂ©e. Finalement câĂ©tait lâĂ©chouement de la station de radio Ă Cadzand, Ă 500 mĂštres Ă lâintĂ©rieur de la frontiĂšre nĂ©erlandaise.
Aucune tentative nâa Ă©tĂ© faite pour sauver lâĂ©pave et, finalement, dĂ©pouillĂ©e de tout Ă©quipement par des pilleurs dâĂ©paves, elle sâest enfoncĂ©e progressivement dans le sable. LâĂ©pave de lâUilenspiegel est restĂ©e sur la plage de Cadzand pendant neuf ans avant dâĂȘtre dĂ©truite en 1971 par les autoritĂ©s qui la considĂ©raient comme un danger pour la sĂ©curitĂ©.
Radio Caroline et les radioamateurs
Avec ses deux bateaux qui furent utilisĂ©s en mer dâIrlande et en mer du Nord, Radio Caroline Ă employĂ© un certain nombre de radioamateurs. On retrouve ici 2E1GTI (citĂ© plus haut) qui a travaillĂ© sur plusieurs stations offshores comme RNI, mais aussi dâautres stations plus petites comme Radio 355 Ă bord du navire «âMV Laissez Faireâ», oĂč travaillĂšrent aussi G8BEP et G3XSS.
Ă bord des navires de Radio Caroline travaillĂšrent EI2DJ, ingĂ©nieur technique Caroline Nord, G3WZG ingĂ©nieur de transmission (dĂ©jĂ citĂ© plus haut chez RNI), VK4TL ingĂ©nieur technique Caroline Nord et Sud, 2EĂMWJ Steve Merike, WAĂAGF ingĂ©nieur radio Caroline Nord, G3PEM ingĂ©nieur radio Ă partir du tout dĂ©but de Radio Caroline, G3VFU (maintenant HSĂZEE) chef ingĂ©nieur radio Caroline Nord puis Sud, G4LBC technicien et animateur de programme, SMĂXBI dâabord technicien Ă Radio Nord au large des cĂŽtes suĂ©doises, puis chef ingĂ©nieur Caroline Nord. Ă cette liste il faut encore ajouter PA1EM de Radio Monique/Radio 819. Radio Monique a Ă©mis pendant une courte pĂ©riode Ă partir du navire de Radio Caroline dans les annĂ©es 80.
Cette liste sâarrĂȘte ici, avec la fin des stations offshores. Les OMs citĂ©s, Ă une ou deux exceptions prĂšs, et sauf SK, sont toujours rĂ©pertoriĂ©s et certains, comme HSĂZEE, sont encore trĂšs actifs sur lâair.
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Ă gauche John VK4TL et Ă droite Sheridon HS0ZEE.
La carte montre la position en mer des différentes stations citées ici.
Note : Radio Sutch et Radio Invicta furent actives depuis l'emplacement de Radio City.
L'antenne de RNI avec le chapeau capacitif au sommet et Ă droite une carte QSL de RNI.
Ăpisode 3
Ce troisiÚme et dernier épisode est consacré aux émetteurs AM de radiodiffusion de ces stations et à la technologie de cette époque.
Bienvenue dans la cale aux Ă©metteurs de Radio Caroline
Radio Caroline et ses stations sĆurs ont diffusĂ© leurs programmes depuis le «âMV Ross Revengeâ» de 1983 Ă 1991 en utilisant trois Ă©metteurs AM diffĂ©rents. Cependant, dans la salle des Ă©metteurs, sont rassemblĂ©es des informations complĂštes, non seulement sur les trois Ă©metteurs, mais aussi sur beaucoup dâautres utilisĂ©s par dâautres stations de radio offshore, ainsi que des Ă©metteurs similaires utilisĂ©s ailleurs. Il ne fait aucun doute que cette salle dâĂ©mission du «âMV Ross Revengeâ» contient la source dâinformation la plus complĂšte sur la gamme dâĂ©metteurs «âAmpliphaseâ» de RCA. Non seulement sont dĂ©crits les principes de fonctionnement de ce systĂšme plutĂŽt obscur, mais aussi est retracĂ©e lâhistoire de cette technologie avec des informations rares sur les Ă©metteurs de type «âAmpliphaseâ» longtemps avant quâils ne soient fabriquĂ©s par RCA et longtemps avant que le nom «âAmpliphaseâ» soit adoptĂ© et entre dans lâhistoire jusquâĂ lâheure actuelle, oĂč cette technologie a Ă©tĂ© adaptĂ©e dans de nombreux appareils de communication numĂ©rique de pointe dâaujourdâhui. On trouve Ă©galement des informations dĂ©taillĂ©es sur la gamme Continental Electronics, utilisĂ©e sur les prĂ©cĂ©dents navires de Radio Caroline, le MV Fredericia et le MV Mi Amigo.
En entrant dans la salle dâĂ©mission depuis le pont principal, votre vue est dominĂ©e par lâampli RCA Ampliphase de 50â000 Watts comme le montre lâimage ci-dessus, mais le long des deux cĂŽtĂ©s de la piĂšce il y a de plus petits ensembles RCA de 5 et 10 kilowatts. Sur lâimage ci-dessus, on voit seulement la fin de lâensemble de cinq armoires de TX, Ă cĂŽtĂ©, Ă droite, de tiroirs de composants.
Lâarmoire de cinq kilowatts BTA-5G, utilisĂ©e pour les Ă©missions Ă ondes courtes, provenait dâune station de musique classique Ă Washington DC. Au cours de ses 19 ans lĂ -bas, elle a survĂ©cu Ă un feu de studio, un avion accrochant le mĂąt dâantenne, et a Ă©tĂ© Ă©coutĂ©e par le prĂ©sident J.F.Kennedy. Lâensemble Continental Electronics commandĂ© par Radio Caroline en 1965 pour le Mi Amigo nâest jamais arrivĂ©. Il est allĂ© en Afrique pendant plusieurs annĂ©es et Ă son retour au Royaume-Uni, il a Ă©tĂ© utilisĂ© pour brouiller les Ă©missions de Radio North Sea International en 1970.
LâĂ©metteur principal est le RCA Ampliphase BTA-50H, fabriquĂ© en 1963, achetĂ© Ă QuĂ©bec au Canada en 1982, et utilisĂ© jusquâĂ sa mise hors service en 1989. Les Ă©metteurs Ampliphase de Radio Caroline sont bleus alors que la plupart de ces modĂšles Ă©taient normalement de couleur brune. Dans lâimage ci-dessus, on remarquera Ă©galement lâimportance de lâencadrement mĂ©tallique pour maintenir les Ă©metteurs en place. Vu le poids de ces Ă©metteurs, ces encadrements Ă©taient nĂ©cessaires pour contrer les forces dâinertie dues au tangage et au roulis notamment lors des tempĂȘtes qui pouvaient amener parfois Ă des angles dâinclinaison de 45 degrĂ©s.
Lorsque la station reprend du service en 1983, lâAmpliphase Ă©tait opĂ©rĂ© sur 963 kHz. Durant cette pĂ©riode, il fonctionnait normalement Ă environ 35 kW de puissance, mĂȘme si de temps en temps il passait Ă 50 kW. La rĂ©duction de la puissance ne fait pas une Ă©norme diffĂ©rence dans la rĂ©ception de la plupart des auditeurs et dans de nombreux cas ne se remarquait pas. Cependant, cela fait une diffĂ©rence significative dans la durĂ©e de vie des tubes de sortie de lâĂ©metteur, et cela rĂ©duit les tensions et les courants qui sont rayonnĂ©s par le systĂšme dâantenne.
Dans une atmosphĂšre Ă forte teneur en eau salĂ©e, toute rĂ©duction des tensions et du courant rayonnĂ©s est la bienvenue. Une rĂ©duction de la puissance peut Ă©galement conduire Ă une rĂ©duction de la consommation de carburant des gĂ©nĂ©rateurs et Ă une baisse des coĂ»ts de maintenance. DĂšs le premier jour, un ensemble de 10 kW Ă©tait disponible en veille en cas de dĂ©faillance de lâĂ©metteur de 50 kW, mais cela nâĂ©tait que rarement requis.
En 1984, des transmissions dâessai ont Ă©tĂ© diffusĂ©es sur dâautres frĂ©quences et Ă partir de la fin de lâannĂ©e, un nouveau service de programmes hollandais, Radio Monique, a louĂ© lâĂ©metteur de 50 kW sur 963 kHz et les Ă©missions en anglais de Radio Caroline sont passĂ©es sur 576 kHz Ă partir de lâĂ©metteur de 10 kW. Ă peu prĂšs Ă ce moment-lĂ , un ensemble identique de dix kilowatts a Ă©tĂ© obtenu de South Coast Radio en Irlande et des parties de cet Ă©metteur ont permis dâapporter des amĂ©liorations aux 10 kW existants ainsi que de rĂ©parer lâensemble de cinq kilowatts. Avant cela, lâĂ©metteur de 5 kW Ă©tait en trĂšs mauvais Ă©tat avec certaines parties manquantes.
Pour permettre aux deux services dâĂȘtre rayonnĂ©s Ă partir dâune seule antenne, un «âdiplexeurâ» a dĂ» ĂȘtre construit.
Bien que simple en thĂ©orie, un diplexeur pour combiner deux Ă©metteurs radio de haute puissance et les faire correspondre Ă une seule antenne nâest pas si simple Ă concevoir ou Ă mettre en place. Ceci est rendu encore plus difficile lorsque lâopĂ©ration est requise sur un navire, avec des facilitĂ©s techniques et un budget disponible limitĂ©s.
Dans les composants du diplexeur, des courants RF pouvant atteindre 100 ampĂšres et 25â000 volts peuvent ĂȘtre prĂ©sents, de sorte que sa construction est une prouesse technique. AprĂšs lâintroduction de ce deuxiĂšme service, et du diplexeur, la cinquantaine de kilowatts se vit rĂ©duite Ă environ 27 kilowatts de puissance, et lâĂ©metteur de 10 kW a fonctionnĂ© Ă environ 7 kilowatts.
Schéma du diplexeur utilisé en mars 1985 pour combiner 963 et 585 kHz
 Ici le pylÎne antenne de 90 mÚtres de Radio Caroline.
Lâun des traits les plus frappants du navire Ă son arrivĂ©e sur la mer du Nord en 1983 Ă©tait le magnifique mĂąt de 90 mĂštres de haut.
GĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ© comme le plus haut mĂąt jamais Ă©rigĂ© sur un navire, câĂ©tait un exploit remarquable de lâingĂ©nierie. La base du mĂąt traversait le pont principal du navire jusquâau niveau le plus bas de la cale. A cet endroit, il Ă©tait maintenu en place par 300 tonnes de bĂ©ton â agissant non seulement comme un contrepoids pour les 28 tonnes de la tour, mais aussi comme un sol plat, stable et solide sur lequel monter les Ă©metteurs et les gĂ©nĂ©rateurs. Avec le pied de la tour physiquement et Ă©lectriquement mis Ă la terre Ă la base du navire, le pylĂŽne fonctionnait comme un «âshunt fed folded unipoleâ».
Ă partir dâun gros isolateur principal, une «âjupeâ» de fils dâantenne sâĂ©levait jusquâĂ environ trois quarts de la hauteur de la tour oĂč ils Ă©taient reliĂ©s Ă©lectriquement au mĂąt. Bien que lĂ©gĂšrement moins efficace quâun radiateur vertical conventionnel isolĂ© Ă la base, lâantenne Ă©tait mĂ©caniquement bien plus facile Ă Ă©riger sans lâobligation dâĂȘtre supportĂ©e par des isolateurs, et ĂȘtre directement reliĂ©e Ă la terre causait moins de problĂšmes dâaccumulation dâĂ©lectricitĂ© statique et de foudre.
Cependant, la proximitĂ© de la jupe avec la structure du pylĂŽne devait avoir des effets significatifs sur la rĂ©actance du systĂšme, et finalement conduire Ă une bande passante restreinte lorsque le second service a Ă©tĂ© introduit, dâabord sur 576 et plus tard sur 558 kHz. Peu avant la chute du pylĂŽne de 90 mĂštres en 1987, il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©
dâintroduire un service commercial Ă ondes courtes. DiffĂ©rentes transmissions en ondes courtes avaient dĂ©jĂ Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es avec de bons rĂ©sultats, certaines dâentre elles Ă©tant «ânon autorisĂ©esâ», comme les Ă©missions «âCaroline goes DXâ» dans la bande des 48 mĂštres le dimanche matin.
Celles-ci ont Ă©tĂ© diffusĂ©es Ă partir de lâĂ©metteur HF navire-cĂŽte dâorigine du navire et dâune antenne longue portĂ©e simple, mais pour un service commercial, lâĂ©metteur de cinq kilowatts a Ă©tĂ© modifiĂ© pour une utilisation en ondes courtes et une nouvelle antenne construite. Lâantenne ondes courte a pris la forme dâun «âV inversĂ©â» suspendue Ă une barre de flĂšche infĂ©rieure du mĂąt principal. Le temps dâantenne sur ce service a Ă©tĂ© vendu Ă un certain nombre de clients religieux internationaux.
Cependant, cela ne devait pas durer, car Ă la suite des coups de vent de la force dâun ouragan qui ont dĂ©vastĂ© le sud de lâAngleterre Ă la fin octobre 1987, on a remarquĂ© que le mĂąt avait subi des dommages structurels. La plupart des isolants («âĆufs cĂ©ramiquesâ») avaient Ă©tĂ© fissurĂ©s Ă cause du stress imposĂ©, laissant les cĂąbles de haubanage lĂąches. Dâautres haubans ont Ă©tĂ© simplement Ă©tirĂ©s laissant le mĂąt vibrer et osciller. Des plans ont Ă©tĂ© immĂ©diatement Ă©tablis pour un entretien majeur, mais avant que cela ne soit possible, quelques semaines plus tard, pendant une nouvelle tempĂȘte de nord-est de force 11, vers 2 h 30 du matin, la base du mĂąt sâest fissurĂ©e, faisant basculer toute la structure sur le cĂŽtĂ© du navire. Cependant la structure restait encore attachĂ©e par de nombreux haubans. Les ingĂ©nieurs et techniciens nâeurent dâautre choix que de couper les cĂąbles restants avec la torche oxy et des meuleuses dâangle et laisser le mĂąt couler sur le fond marin. Pendant les heures oĂč le mĂąt avait Ă©tĂ© sur le cĂŽtĂ©, le navire avait Ă©tĂ© sĂ©vĂšrement inclinĂ©, prenant beaucoup dâeau sur le pont, et lâĂ©quipage Ă©tait en Ă©tat dâalerte, prĂȘt Ă abandonner le navire si la situation sâĂ©tait dĂ©tĂ©riorĂ©e davantage. Au cours des deux annĂ©es suivantes, un certain nombre dâantennes temporaires ont Ă©tĂ© utilisĂ©es, mais aucune dâentre elles nâa pu remplacer le signal rayonnĂ© par la tour dâorigine.
Lâaudio pour les Ă©metteurs a Ă©tĂ© traitĂ©e par diffĂ©rents systĂšmes. Dans la pĂ©riode de service unique, une unitĂ© rĂ©volutionnaire, appelĂ©e Orban Optimod, type 9000A/1, a Ă©tĂ© utilisĂ©e pour compresser et prĂ©traiter dynamiquement lâaudio avant la transmission. En comprimant la plage dynamique dans diffĂ©rentes bandes de frĂ©quences et en appliquant un contrĂŽle global du gain en bande large, la densitĂ© moyenne du programme pouvait ĂȘtre considĂ©rablement augmentĂ©e.
Ceci a lâeffet audible de rendre le programme plus fort, masquant ainsi le bruit et les interfĂ©rences captĂ©s par lâauditeur. En augmentant ainsi le volume moyen et la profondeur de modulation, la puissance globale de lâenveloppe dâun Ă©metteur AM est Ă©galement augmentĂ©e, ce qui donne plus de watts sur lâair, rĂ©duit le bruit de fond et amĂ©liore la portĂ©e du signal.
Le rack de processing Optimod 9000/A1 de Radio Caroline
LâOptimod applique Ă©galement une prĂ©accentuation sĂ©lective en frĂ©quence sur lâaudio, pour donner plus de punch Ă la basse sans surcharger, et pour compenser le roll-off Ă haute frĂ©quence dans la majoritĂ© des rĂ©cepteurs radio grand public.
Ces caractĂ©ristiques, couplĂ©es Ă lâutilisation de clippers Ă compensation de phase Ă faible distorsion, ont donnĂ© Ă lâOptimod un son de traitement classique. UtilisĂ©e avec la bonne courbe de rĂ©ponse audio de lâĂ©metteur ampliphase, lâantenne du service unique Ă large bande passante et la non-utilisation de filtres audio de 5 KHz utilisĂ©s par les autres stations europĂ©ennes, Caroline a obtenu en 1983 et 1984 une meilleure qualitĂ© audio AM que beaucoup de petites stations locales dans la bande FM Ă ce moment-lĂ . Bien que certains affirment que le systĂšme Optimod de Radio Caroline a Ă©tĂ© lâun des premiers en Europe, ce nâest probablement pas vrai. Radio Luxembourg et Sunshine Radio de Dublin avaient dĂ©jĂ installĂ© ces appareils avant que Caroline ne revienne Ă lâantenne, et la BBC les avait installĂ©s dans un petit nombre de stations locales oĂč la pĂ©nĂ©tration du signal et la rĂ©tention du public Ă©taient faibles.
On pense que la BBC Manchester et BBC Londres ont été équipées du systÚme Optimod dÚs 1983. En 1983, les radios BBC 1 et 2 ont toutes deux utilisé des Optimods, cependant elles utilisaient des unités individuelles à Broadcasting House avant la distribution du programme et non une unité interfacée dans chaque émetteur. Cependant, le 9000 de Caroline est probablement le plus ancien en Europe, car, à part Radio Luxembourg, la plupart des autres étaient du type 9100 sortis plus tard.
Avec lâintroduction dâun second service de programmes sur une frĂ©quence diffĂ©rente, un deuxiĂšme processeur, le 9100 de gĂ©nĂ©ration plus rĂ©cente fut mis en place. En plus de ces processeurs «âde pointeâ» (Ă lâĂ©poque), un certain nombre de compresseurs plus anciens tels que les limiteurs Marti CL40 et un multimĂštre Pacific Recorders Multimax Ă©taient Ă©galement disponibles. Ceux-ci Ă©taient utilisĂ©s soit comme prĂ©processeur, soit pour le service ondes courtes. Cependant, envoyer de lâaudio fortement traitĂ©e Ă des Ă©metteurs plus anciens peut prĂ©senter des inconvĂ©nients, en particulier pour les ensembles modulĂ©s plaque.
Comme ceux-ci nâavaient pas Ă©tĂ© conçus pour faire face Ă un tel haut niveau de modulation, la dĂ©faillance de certaines parties de lâamplificateur de modulation nâĂ©tait pas rare. Dans les premiers temps du service partagĂ©, un transformateur de modulation a du ĂȘtre remplacĂ©, et il y avait frĂ©quemment des Ă©tincelles entre la self de choc dans le circuit plaque et la masse du chĂąssis mĂ©tallique.
Finalement, la self de choc fut montĂ©e Ă lâextĂ©rieur sur un ensemble dâisolateurs en cĂ©ramique, oĂč elle pouvait faire autant dâĂ©tincelles quâelle voulait sans autres dĂ©gĂąts. Les processeurs Ă©taient tous montĂ©s dans un rack dâĂ©quipement Ă cĂŽtĂ© de lâĂ©metteur ampliphase, mais dans les premiers temps, lâOptimod unique Ă©tait montĂ© dans un rack plus petit, qui Ă©tait simplement placĂ© dans le coin de la piĂšce. On savait quâil pouvait glisser, et mĂȘme une fois il a rĂ©ussi Ă se dĂ©brancher de lui-mĂȘme alors quâil glissait sur le sol pendant une tempĂȘte provoquant ainsi lâarrĂȘt de lâĂ©metteur.
Ă la fin, aprĂšs ĂȘtre tombĂ© en endommageant le cadran de contrĂŽle principal, un nouveau rack fut construit et soudĂ© Ă la charpente en acier maintenant lâĂ©metteur en place. Le rack audio contient Ă©galement les moniteurs «âoff-airâ» qui sont essentiellement des rĂ©cepteurs radio de haute qualitĂ© sans cadran de rĂ©glage. Ceux-ci Ă©taient utilisĂ©s pour surveiller le signal de sortie antenne de lâĂ©metteur, et lâaudio de ceux-ci Ă©tait utilisĂ©e pour alimenter les moniteurs de studio et les casques des animateurs. Ainsi, toute distorsion ou autre problĂšme de transmission Ă©tait immĂ©diatement dĂ©tectĂ©.
La surveillance off-air original a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e au moyen dâunitĂ©s Gates M-5693, une conception classique des annĂ©es 1960 identique Ă celles utilisĂ©es auparavant sur le Mi Amigo et le Fredericia, mais elles ont finalement Ă©tĂ© remplacĂ©es par une unitĂ© faite maison avec deux Ă©tages de dĂ©modulation RF pour les deux services de programmes.Â
Moniteur de modulation Gates M-5693 des années 1960. Comme ceux utilisés par les trois navires Caroline.
Ce troisiĂšme Ă©pisode est une traduction de la page web contenue Ă lâadresse suivante : http://www.rossrevenge.co.uk/tx/txroom.htm
Pour en savoir plus sur le concept et la technique de lâampliphase : http://www.rossrevenge.co.uk/tx/ampli.htm
NDLR : Ce troisiĂšme volet clĂŽture ce retour vers un passĂ© qui, nous lâespĂ©rons, fut passionnant pour certains. LâĂ©vocation de ces «âgolden sixtiesâ» nous a ramenĂ© aussi Ă une certaine nostalgie du temps des Ă©missions AM.
Remerciements
Je tiens ici Ă remercier M. Hans Knot pour lâaide quâil mâa apportĂ©e en me faisant parvenir la liste des radioamateurs qui participĂšrent Ă cette grande Ă©popĂ©e de la radio. Merci Ă©galement Ă Sheridon HSĂZEE, qui mâa conseillĂ© de mâadresser Ă Hans.
Merci aussi Ă Hans pour la formidable documentation sur les stations offshores quâil met Ă disposition sur internet ainsi que ses articles et reportages sur les Ă©vĂ©nements et commĂ©morations liĂ©s Ă ces stations de nos jours.
Voici le lien web qui mĂšne aux pages de Hans : http://www.hansknot.com/
Bibliographie et crédits
Merci également à Offshore Radio Museum : http://www.offshoreradiomuseum.co.uk/index.html et aux sites web associés repris ci-dessous pour les images.
MĂ©moires de PEĂGJG : http://www.norderney.nl/herinneringen_juul.html
RNI (Radio Nordsee International) : http://www.offshoreradio.co.uk/rni1.htm
RNI & MEBO : https://en.wikipedia.org/wiki/Mebo_Telecommunications
MEBO et le crash de Lockerbie :
https://web.archive.org/web/20110527154416/http://www.mebocom-defilee.ch/ceocities/mebo.htm
Suite du crash de Lockerbie, lettre de Edwin Bollier au président Trump : http://www.mebocom-defilee.ch/
Images Capital Radio : http://www.belgian-navy.be/t8971-les-bateaux-des-radios-pirates
Images bateau Veronica : http://veronicaschip.nl/
Capital Radio : ................... https://en.wikipedia.org/wiki/Capital_Radio_(pirate)
https://www.youtube.com/watch?v=R9B9Dlp0PsM
Radio Mercur : https://www.fremy.be/radiodiffusion/index.php?radiodiffusion=Danemark&id=115&cat_id=53
http://www.offshoreradiomuseum.co.uk/page6.html
http://www.offshore-radio.de/mercur.htm
RNI doc + images : ........... https://issuu.com/pj4nx/docs/dkars_magazine_201704
Radio Invicta : ................... http://www.offshoreradio.co.uk/odds64.htm
http://www.offshoreradio.co.uk/album35.htm
Radio Atlantis : ................. http://www.offshoreradio.co.uk/atlant1.htm
Radio Antwerpen : ............ http://www.offshoreradiomuseum.co.uk/page52.html
http://www.belgian-navy.be/t8971-les-bateaux-des-radios-pirates
MĂ©moires de HSĂZEE : http://www.hs0zee.com/HS0ZEE/Caroline%20South/Caroline.htm
Les OMs : https://www.qrz.com
ModÚles de cristal utilisés dans les émetteurs décrits dans ces trois épisodes. Un blindage pouvait les recouvrir (DKARS Magazine, editie 32).
NDLRÂ :
Au-delĂ des pages web ci-dessus, un nombre important dâautres pages ont Ă©tĂ© consultĂ©es de façon Ă confirmer, Ă recouper ou tout simplement Ă trouver, certaines donnĂ©es ou illustrations nĂ©cessaires Ă lâassemblage de cet article.
La recherche, la sĂ©lection dâimages et informations qui devaient rester en rapport avec notre hobby a aussi pris beaucoup de temps. Les quelques faits et anecdotes importants relatĂ©s ici sont bien peu Ă cĂŽtĂ© de ce que fut la rĂ©alitĂ©. MĂȘme si ceux qui y ont participĂ© se remĂ©morent cette pĂ©riode avec nostalgie, lâhistoire de ces stations fut bien souvent Ă lâimage de la piraterie en mer, difficile, hasardeuse, aventureuse, parfois dangereuse, et se terminant souvent en naufrage. Si cet Ă©pisode vous a intĂ©ressĂ©, nâhĂ©sitez pas Ă cliquer sur les liens ci-dessus pour en savoir plus. Les pages sont principalement en anglais ou en nĂ©erlandais, il nâexiste que trĂšs peu de documentation en français.
Gigazette : https://on5jv.com/on7wr.html
Georges ON6WG / F5VIF ©Â
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