Les splatters sur les transmissions BLU sont, par définition, une distorsion d'intermodulation causée par une saturation des crêtes vocales, et elles sont parfaitement évitables.
Certains se disent que mettre tous les réglages à fond leur permettra de mieux passer au milieu d'un pile-up ou de passer plus loin... rien n'est plus faux !
Certains opérateurs numériques aiment aussi pousser à fond, espérant aussi aller plus loin... et obtiennent de moins bons reports.
Voyons donc ce qui se passe quand on entre dans la zone de travail de l'ALC et quelles sont les conséquences pour votre PA et pour ceux qui vous écoutent.





Les émetteurs du commerce sont corrects quand ils sont utilisés dans les règles mais peuvent devenir atroces quand on leur en demande des choses au delà du raisonnable qui font sortir l'ampli de la zone linéaire. (voir ci joint le point de compression 1dB) C'est en fait cette zone caractéristique qu'indique l'ALC.

Pourtant, il est simple d'obtenir un son agréable et pourtant percutant , garder votre PA en sécurité et envoyer vos watts où ils sont utiles et pas sur toute la bande pour rien. Idem pour les harmoniques...


À gauche, on observe un signal LSB normal, d'une largeur d'environ 2,7 kHz, sans splatters.
À droite, on observe un signal similaire avec splatters, occupant plus de 10 kHz.

Non seulement les fréquences adjaçentes sont perturbées, mais on voit également que de la puissance est inutilement perdue et que le son reçu sera au mieux désagréable, ou au pire incompréhensible.

Le TX dispose de commandes permettant de limiter les splatters. Il faut produire un signal clair sans générer d'harmoniques audio qui le déforment au point de le rendre inintelligible ou qui dépasse la bande passante maximale souhaitée de 2,7 kHz. Tout ce qui dépasse ne sert à rien! (le RX ne les entend pas et ne fait que perturber le reste de la bande) sans parler des harmoniques...



ALC, gain micro/audio

Le contrôle automatique de niveau (ALC) est un circuit permettant de diminuer automatiquement le niveau audio de modulation en fonction de ce que peut supporter l'ampli final.

Il n'y a pas de commande d'ALC. Ce sont les réglages audio d'émission qui vont permettre avec l'indicateur ALC de ne pas dépasser les limites d'intermodulation et du PA pour ne pas le détruire dans les pire cas!

Un réglage incorrect de l'ALC peut entraîner une distorsion importante et de nombreuses interférences du signal.

(ecoutez le fichier d'exemple )

Affichez l'indicateur ALC et parlez normalement dans le micro comme à votre habitude, ajustez Mic Gain pour que l'ALC ne depasse que très exceptionnellement 30 ou 50%.

Quand l'aiguille ira à fond, la puissance ne sera pas plus importante qu'à 50% mais le son pourri et les splatters seront bien là...

Personne n'aime que le correspondant nous répète "say again?" à cause d'un son pourri, même si il est à quelques dizaines de km...

Avant celà, on aura bien sur ajusté la tonalité en réduisant les basses et en augmentant les aigües pour les voix masculines, et souvent laisser à 0 pour une YL. Les basses utilisent beaucoup de puissance sans rien apporter à l'intelligibilité. Autant utiliser nos watts à bon escient!

On aura aussi utilisé le compresseur pour relever les moments où le son sera plus faible par rapport aux sons forts. Attention: si on exagère, le bruit de fond du shack sera amplifié et encore une fois il est inutile et même nuisible à l'intelligibilité (max 5 sur le IC-7300).

Les premiers micros à compresseur intégré comme le vénérable Turner +3 avaient cet horrible défaut Le moindre bruit, même provenant d'une autre pièce, passait sur l'air!

Les compresseurs actuels ont un noise gate, ou au moins un reglage du taux ou courbe de compression, pour éliminer cet inconvenient. On voit finalement que la pastille micro électret à 2€ les 5 pieces est finalement tres bien adaptée à ce qu'on veut faire. C'est d"ailleurs elle qu'on retrouve dans l'excellent micro d'origine du 7300. Il ne vaut vraiment pas la peine de dépenser des fortunes dans un micro de haute qualité pour finalement ne l'utiliser que de 300 à 2500Hz...

En FT8 et autres signaux numériques, le réglage se fera sur le curseur du programme pc par facilité ou dans les paramètres liés à l'entree de carte son usb du RTX. L'ALC ne dépassera JAMAIS 5 à 10% !!! La puissance moyenne étant au maximum en permanence, votre PA risque de surchauffer ou claquer pour une efficacité moindre de la transmission.

Pour rappel, FT8 ou whisper sont des modes typiquement QRP qui décodent parfaitement plusieurs dizaines de dB sous le plancher de bruit, mais apprécient mal les très hauts niveaux et encore moins les splatters.

Si les niveaux d'ALC changent significativement lors du passage à d'autres bandes, vérifiez le ROS de votre antenne. L'ALC réduit la puissance de sortie de l'émetteur en raison de ROS plus élevés.


Compresseurs

Les compresseurs sont généralement décrits comme donnant plus de punch au signal ou de puissance vocale. En conditions normales, un signal audio correctement réglé offre un rapport cyclique de 20 % (puissance moyenne de 20 W).

Avec la compression, le rendement peut être augmenté jusqu'à 40 % (puissance moyenne de 40 W). En réglant correctement votre processeur vocal, vous obtiendrez un signal relativement propre et plus percutant, qui perce bien en DX et n'irrite pas les stations locales. Plus que ça c'est atroce ! (2eme image ci dessus)

Tout en parlant dans le microphone à un niveau de voix normal, réglez le niveau du compresseur vocal à un niveau situé dans la zone COMP (plage de 10 à 20 dB) sur l'indicateur COMP. Si les crêtes de l'indicateur COMP dépassent la zone COMP, la transmission de votre voix risque d'être très déformée. on voit ici que les sons les plus faibles sont augmentés et que les plus forts ne dépassent pas le maximum.

En cas de doute ou de problème, réduisez la compression ou désactivez-la. Un signal fort ne sert à rien si personne ne vous comprend à cause d'un signal déformé.


Tonalité

L'une des méthodes les plus simples pour améliorer l'intelligibilité consiste à diminuer la réponse des basses fréquences et à augmenter les hautes fréquences de nos signaux vocaux, ce qui augmente la puissance perçue de la bande passante unique (BLU) à la réception. Réduisez la fréquence du signal audio en dessous de 300 Hz environ et évitez de gaspiller de la bande passante pour transmettre le son au-dessus de 3 kHz. La véritable partie de la parole, porteuse d'informations, se situe entre 300 et 1 500 Hz.

Pour accéder à l'écran de réglage de la bande passante du IC-7300, appuyez sur MENU, RÉGLER, CONTRÔLE DE TONALITÉ, TX, SSB, puis recherchez les paramètres TBW. Définissez la bande passante de transmission (large, moyenne ou étroite) en modifiant les fréquences de coupure inférieure et supérieure.

          • Basse fréquence : 100, 200, 300 et 500 Hz
          • Fréquence plus élevée : 2 500, 2 700, 2 800 et 2 900 Hz 

Dans ce menu, vous pouvez également amplifier ou atténuer les graves et les aigus transmis par paliers allant de -5 à +5.

Sur le IC-7300, ce réglage est approximatif, et vous devrez l'ajuster en fonction des rapports en direct. D'autres émetteurs-récepteurs offrent des réglages plus précis, réalisables selon les plages de fréquences audio.

Dans mon cas particulier, avec une voix plutot grave, je règle les basses à -10dB(-3) et aigües à +6dB (+2) dans le menu TX SSB BASS/AIGUES tout simplement.


Alimentation

Assurez-vous que la tension de sortie de votre alimentation est comprise entre 13,8 et 14 V CC. La résistance à l'intermodulation s'améliore généralement lorsque la tension d'alimentation est plus élevée. Une tension de 13,8 V est nettement préférable à une tension de 12 V.

Le gain des amplis HF est tres sensible à la tension d'alimentation.

Les meilleurs indices d'intermodulation sont obtenus avec une charge de 50 ohms. Envisagez l'utilisation d'un tuner, même avec un ROS acceptable de 1,5:1 ou 2:1.

L'ALC externe n'est pas toujours suffisant pour proteger un amplificateur externe de l'intermodulation ou de la destruction par surcharge de son entrée. Il a été conçu uniquement pour la protection contre les surcharges importantes et destructrices sur sa sortie. 

La plupart des amplificateurs haut de gamme fabriqués aujourd'hui, notamment les amplificateurs à transistors, intègrent des circuits de protection et de compensation de courant (ALC) pour éviter leur endommagement par des niveaux élevés de commande de l'excitateur RF. Nombre d'anciens amplificateurs à tubes supportent facilement une entrée RF de 100 watts, soit la puissance maximale de la plupart des émetteurs-récepteurs, mais l'intermodulation sera bien là! Dans un montage grille commune, c'est aussi ainsi qu'on la détruit petit à petit...


Réduire les splatters

Voici quelques astuces pour réduire les splatters :

  • Réglez le gain du micro de manière à ce que le compteur affiche uniquement l'activité ALC sur les pics de votre voix (30 à 50 % sur l'IC-7300).
  • Recueillez des rapports de signaux en direct dans différentes conditions de bande pour vérifier votre audio. Il est également judicieux d'écouter sur un deuxième récepteur avec un casque si possible. Un web sdr éloigné permettra en plus de vous entendre loin avec un retard, et savoir comment les autre vous reçoivent . Le moniteur de votre émetteur-récepteur ne vous fournira pas toujours une idée précise de votre d'émission.
  • Plus fort n'est pas toujours synonyme de mieux. Résistez à l'envie de pousser le gain du micro et le compresseur au maximum, ce qui risquerait de réduire votre son en bouillie. Votre objectif ultime est d'avoir un signal propre, percutant et sans splatters.
  • Le bouton de puissance a d'autre positions que A FOND !! 80% ou moins ne changera vraiment rien pour votre correspondant et votre PA sera en sécurité.
  • Un ROS élevé influencera l'ALC puisque celui ci a comme but de proteger votre ampli final et l'empêcher de passer dans la zone non linéaire.

Note : Apres redaction de cet article, Alex m'a fait découvrir un autre de F5NB, plus technique dont voici l'URL : https://blog.f6krk.org/wp-content/uploads/2011/12/ALC-dans-les-emetteurs.pdf

Exemples de fichiers audio

ce qu'on entend parfois avec tous les boutons à fond et le wattmetre qui tape le max en permanence... beurk !!


ici, l'indicateur de l'alc flirte avec son maximum ... à peine plus comprehensible... mais l'OM croit que ça passe fort... à tort...

ici l'indicateur ALC ne depasse pas la moitié. le compresseur est encore un peu trop fort...

une modulation idéale pour percer dans un pile up: les basses inutiles sont eliminees et les aigues renforcees, pas de compresseur.

le signal original, ALC à 0 et modulation parfaite . la puissance PEP est pourtant bien à son max mais l'aiguille du wattmetre moyen laisse croire qu'on a peu de puissance...


ALC foiré... PA cassé! © 2025 by JF Mussen is licensed under CC BY-NC 4.0. To view a copy of this license, visit https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/

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Profil de l'auteur

Depuis mon plus jeune âge, je suis animé par une passion profonde pour l’électronique, l’aviation et la plongée. À 14 ans, j’ai conçu mon premier émetteur, posant ainsi les bases d’un parcours riche en expériences techniques. Durant mes études en électronique, je passais mes fins d’après-midi dans l’atelier de Servais Penay, perfectionnant mes compétences. Un emploi d’été chez ICEM à Liège m’a permis, en 1979, de constituer mon propre laboratoire. J’ai obtenu ma licence ON1KFK en 1981.

Après une période d’inactivité depuis le milieu des années 90, où je travaillais sur l’instrumentation de bancs d’essai moteur chez Safran, j’ai renoué avec la radio grâce à l’acquisition d’un analyseur HP E4411b. Cet appareil a ravivé ma passion et m’a poussé à reprendre contact avec mes amis radioamateurs. L’électronique radio a toujours fait partie de moi, et j’ai même réalisé quelques projets commerciaux dans ce domaine. Toutefois, je reste peu actif sur les ondes, privilégiant la technique au trafic.

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