lundi, mars 31

ON4FT le pionnier de l'UBA

C'est lui, et lui seul, qui est le vrai PĂšre de l'U. B. A. Les PrĂ©sidents des amateurs Ă  l’époque et leurs successeurs n’ayant fait que rĂ©aliser progressivement ses propositions.
À l'Ă©poque, c.a.d. de 1945 Ă  1948, il fut le Conseiller sage, au jugement pondĂ©rĂ© et plein de Hamspirit dont nous avions tous tant besoin.

M. Neelemans fut aussi l'automobile, comme en tĂ©moigne la « RĂ©trospective de l'Automobile » Ă©ditĂ©e il y a peu d’annĂ©es, oĂč l’on peut voir une photographie datant de 1902 le montrant au volant de sa torpĂ©do.
La vie de 4FT a Ă©tĂ© consacrĂ©e Ă  son frĂšre. Rarement la sollicitude fraternelle n’a Ă©tĂ© poussĂ©e aussi loin et avec une aussi rare abnĂ©gation. Aussi, lorsque son frĂšre fut emportĂ© par la maladie qui le minait, la santĂ© de 4FT se dĂ©tĂ©riora trĂšs rapidement et il ne put survivre, la secousse ayant Ă©tĂ© trop rude.
Que tous les OM se recueillent donc et honorent la mĂ©moire de ON4FT qui fut un grand cƓur; qu’il reste pour nous un modĂšle et un exemple.
ConformĂ©ment Ă  la volontĂ© expresse du dĂ©funt, les funĂ©railles se sont dĂ©roulĂ©es dans la plus stricte intimitĂ©, NĂ©anmoins, une gerbe de fleurs a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e par l’ U. B. A. et une dĂ©lĂ©gation trĂšs restreinte, composĂ©e de quelques Anciens qui l’ont particuliĂšrement bien connu, lui rendit l’ultime hommage au nom de tous.
ON4UF Administrateur UBA. (CQ-QSO' N° 7-8 1959, pp. 145-146).

In MĂ©moriam

Le 27 juin 1959 s’éteignait, Ă  l’ñge de 73 ans, Georges NEELEMANS, ONA4FT.
Menant une existence volontairement effacée, peu d'OMs savent que 4FT fut du nombre des pionniers de la Radio-amateur en Belgique.
Son indicatif d'alors, cela date de l’époque hĂ©roĂŻque des annĂ©es 1920, Ă©tait : b 08.
Notre ami 08 fut l’un des DX-men belges les plus fameux de l’époque, portant loin de par le monde entier le renom et le prestige des amateurs-Ă©metteurs belges.
Du temps oĂč la plupart des Anciens actuels n'Ă©taient que des ONL ou tout au plus des jeunes par rapport Ă  lui, il Ă©tait coutume d'Ă©voquer 08 « nimbĂ© de haute frĂ©quence ».
Pendant longtemps, il collabora réguliÚrement au Q.S.O. : notamment sa chronique intitulée « Note de Trafic » qu'il changea ensuite, craignant dans sa délicatesse de porter ombrage au Trafic Manager, en « DX-Potins ».
On se rappellera son style limpide et mesurĂ©, teintĂ© d’un humour de bon aloi et d’une finesse qui lui Ă©tait propre, ainsi que sa maniĂšre inĂ©galable de laver la tĂȘte aux petits polissons, sans avoir l'air d'y toucher.

Un article savoureux, paru dans le Q.S.O ©. Il y a bien longtemps déjà, a soulevé un coin du voile qui recouvre sa personnalité.
O8 fut en effet Volontaire de Guerre 1914-18 et lĂ  Ă©galement il y joua un rĂŽle de pionnier de premier plan en utilisant la T. S. F. au service de l’armĂ©e belge.
Son article nous raconte entre autres l'évÚnement sensationnel et pittoresque de l'utilisation par l'Armée Belge pendant la guerre du premier poste de T. S. F. à lampes mis entre les mains d'un militaire, et quilui fut confié.
Mais ce que cet article ne laisse mĂȘme pas soupçonner, et cela c’est bien sa modestie, c’est que sa conduite valeureuse et les Ă©minents services rendus lui ont valu de trĂšs nombreuses distinctions, dont 8 chevrons de front et plusieurs promotions dans les Ordres Nationaux, dont mĂȘme ses amis les plus intimes sont incapables d’en faire le compte.
Sa simplicité et sa délicatesse étaient tels que pendant de longues années aprÚs la premiÚre guerre, les paysans d'Oostduyn- kerke se souvinrent de « Mijnheer Georges » ( Mijnheer et non sergent) dont le shack était installé au haut du clocher, sans jade la véritable personnalité et du rang social de 08, alias 4FT.
4FT fit encore Ɠuvre de pionnier en dotant, en 1931, en collaboration avec un autre Old Timer, Mr. RĂ©gnier, l’ancien 4WW, le navire Ă©cole l'AVENIR d’une intallation Ă©mettrice-rĂ©ceptrice complĂšte sur ondes courtes, permettant aux cadets qui s’initiaient au rude mĂ©tier de marin, d’établir le contact direct avec la Belgique par la voie de la Radio-Amateur.
Mais, l’ U. B. À. a encore bien d’autres motifs de reconnaissance envers 4FT. En effet, c’est lui qui, dans le dĂ©sordre et le trouble des idĂ©es qui rĂ©gnaient aprĂšs la derniĂšre guerre dans les esprits des amateurs-Ă©metteurs belges et qui prĂ©conisa le schĂ©ma de ce qui est devenu l U.B.A. que nous connaissons maintenant.

La radio pendant la guerre par ON4FT

A la lecture de ce titre, il y a neuf chances sur dix pour que quatre OM sur cinq s’écrient : «La barbe!» et envoient l’article et son auteur Ă  la gare la plus proche ; je les approuve d’ailleurs entiĂšrement et leur dis : « Citoyen, vous avez raison! »

Alors, pourquoi ennuyer le monde, le petit monde qu'entre nous nous sommes ? Voici : Ayant Ă©crit ces notes — notes de campagne, si l’on veut — depuis bien longtemps, elles s'Ă©garĂšrent tout rĂ©cemment dans un lot de paperasses qui devraient de mon QRA se rendre Ă  celui de 4UU. Il n’échoit pas Ă  l’état civil de cĂ©libataire d'ĂȘtre un homme d'ordre parfait et de soins minutieux en ses tiroirs, armoires et autres histoires, oĂč l'YL ordonnĂ©e et un tantinet curieuse, a l’habitude innĂ©e de tout bien ranger et classer: aussi je fus bien moins surpris de voir me revenir ces papiers partis Ă  une fausse adresse, que d’y trouver, marquĂ© par le travers. ces lignes signĂ©es 4UU : « TrĂšs intĂ©ressant, mon vieux, Ă  faire paraĂźtre. »

Et j'obĂ©is : j'irai mĂȘme jusqu'Ă  dĂ©dier Ă  tous les moins de trente ans qui ne me liront pas, les lignes qui vont suivre, puisqu'Ă  l'Ă©poque oĂč les Ă©vĂ©nements en question se passĂšrent, ceux-lĂ  mĂȘmes, tout Ă  l'insouciance de leur jeune Ăąge, se dĂ©lassĂšrent, en culotte, Ă  des jeux plus innocents.

Le 28 juillet 1914. alors qu'on parlait de guerre sans jamais supposer un instant qu'elle fĂ»t Ă  la veille de se dĂ©clencher, j'entendais dĂ©jĂ  jes armateurs allemands qui, par leur poste cĂŽtier de Norddeich (call KAV. excessivement connu Ă  l’époque), transmettaient l'ordre Ă  leurs navires d'interrompre le voyage immĂ©diatement et de se rendre au plus vite dans un port allemand. Cependant, chose Ă©trange, Ă  ce moment mĂȘme. Un beau navire du Norddeutscher Lloyd, le « Gneisenau continuait tranquillement sa route vers Anvers, oĂč il arriva d'ailleurs, et oĂč les Belges, Ă  l'instant d'abandonner la mĂ©tropole, le coulĂšrent Ă  son quai d'emplacement. Donc, un navire perdu par la nĂ©gligence de l'opĂ©rateur non Ă  l'Ă©coute.

M'Ă©tant, entretemps, engagĂ© Ă  la radio militaire, je pus reprendre l'Ă©coute et entendre le poste anglais de Poldhu, qui donnait l’ordre Ă  tous les navires en mer de ne pas se rendre dans les ports autrichiens, la guerre avec l'Autriche Ă©tant dĂ©clarĂ©e. Cela se passait le 12 aoĂ»t 1914. Combien donc de navires, de valeur considĂ©rable et d'un emploi vital, ne furent pas faits prise de guerre, grĂące Ă  la radio, qui, ne l'oublions pas, Ă  cette Ă©poque, Ă©tait une jeune invention.

C'est le 3 septembre que nous perçûmes, pour la premiÚre fois, les signaux de deux Zeppelins, travaillant entre eux sous les indicatifs ZN1 et ZN2, avec des notes Telefunken tres musicales, une longueur d'onde d'environ 1,000 mÚtres et une mise au point qui semblait parfaite. Tout le texte passé se faisait, bien entendu, en langage chiffré.

Et c'est alors que, simultanĂ©ment Ă  l'avance allemande, apparurent dans « l'air » une quantitĂ© de postes volants qui suivaient les armĂ©es et servaient de liaison entre la tĂȘte des troupes et les Ă©tats-majors restĂ©s en arriĂšre. Ici encore, une coordination dans les communications et un rendement efficace dans les liaisons, prouvĂšrent combien les armĂ©es impĂ©riales Ă©taient organisĂ©es et prĂȘtes Ă  un dĂ©ploiement de ce genre en territoire ennemi. Une fois les lignes de combat stabilisĂ©es et les communications par fils rĂ©tablies, tous ces postes volants se turent, leur rĂŽle Ă©tant terminĂ©.

Nous prenions chaque jour, pour en informer l’état-major belge, les nouvelles de presse de Nauen (POZ) et de Paris (FL). Or, le 5 septembre 1914, Ă  une heure du matin, nous interceptĂąmes le radio suivant, envoyĂ© par Nauen au gouverneur de Winduk (Afrique allemande) : « Le gouvernement français quitte Paris pour Bordeaux. Reims tombĂ© sans lutte. Amiens, Hierson. La Sayvilles, CondĂ©, Laferre, Laon, entre nos mains. La cavalerie allemande est devant Paris. » Inutile de dire que ce radio nous plongea tous dans la consternation, et que nous avions reçu des ordres sĂ©vĂšres nous enjoignant de garder pour nous ces sortes de nouvelles.

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Pierre Stoffel ON4PS

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