Va-t-on vers un nouveau minimum de Maunder ?

Va-t-on vers un nouveau minimum de Maunder ?

La NASA nous offre une prédiction du cycle 25. Si on se fie à ses prédictions, il ne nous restera plus qu’à remballer nos transceivers dans leurs cartons… Et aller à la pèche avec nos antennes !

En astronomie, le Minimum de Maunder correspond à une époque, approximativement située entre 1645 et 1715, durant laquelle le nombre de taches solaires (et son activité de surface) était significativement plus faible qu’aujourd’hui.

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Le télescope de 28 pouces (environ 71 cm) de E Walter Maunder et son assistant William Bower. Photographie de David Edney, c.1895. Reproduction avec la permission du Greenwich Heritage Centre (*)

Edward Walter Maunder (1851-1928), se basant sur les recherches de F.W.G. Spörer, donna son nom à ce phénomène appelé « minimum de Maunder ». En effet cette époque entre 1645 et 1715, correspond à une période où le climat terrestre était assez froid, appelée petit âge glaciaire. Le « minimum de Maunder » suggère que le climat terrestre est au moins partiellement dépendant de l’activité magnétique du soleil. Coïncidence frappante : il n’y a eu aucune tache solaire entre 1689 et 1700, à l’exception d’une seule en 1695, et cela correspond à la décennie la plus froide qu’ait jamais connu l’Europe. Or l’activité solaire moyenne annuelle 2008 est la plus faible que nous ayons enregistré depuis plus de cinquante ans.

La propagation des ondes radio-électriques est intimement liée à l’activité du soleil. Un cycle solaire a une durée variable de 9 à 12 ans. La moyenne a généralement été établie à 11 ans. Le Soleil est en constante activité durant ces cycles de 11 ans où les taches et les éruptions solaires se font plus fréquentes et plus intenses.

Plus l’activité du Soleil est intense, plus le nombre et la grandeur des taches augmentent et cela a bien sûr un effet sur les ondes électromagnétiques

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L’intensité du champ magnétique terrestre diminue mais aucun scientifique ne peut affirmer si cela va continuer et ce qu’il va se passer concrètement. Nous savons juste que cela a un impact sur notre perception de l’espace et du temps, 24 h actuelles correspondent à 16 heures d’autrefois (ce qui correspond entre autres à l’une des prophéties des Mayas).

Depuis 400 ans, l’évolution estimée des cycles solaires a été celle-ci. Vous constaterez que la période glaciaire a duré environ 75 ans.

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Source : Wikipedia.org – Cycle solaire

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D’après une étude menée par la Royal Astronomical Society, un organisme de recherche astronomique britannique, l’activité du Soleil pourrait brutalement chuter de 60% d’ici les années 2030-2040, provoquant une baisse de température généralisée comme de 1645 à 1715.

C’est pour cela que la littérature relate souvent que nous devrions avoir une nouvelle période mini-glaciaire et donc un nouvel « Effet Maunder ». Ci-dessous la prédiction des cycles solaires 25 et 26.

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Source : http://www.ncdxf.org

Pour avancer cette hypothèse, l’organisme se base sur la mise au point d’un nouveau modèle des cycles solaires qui permet « des prédictions d’une précision sans précédent », commente l’organisme. Le modèle repose sur l’analyse de la circulation des champs magnétiques à l’intérieur et à la surface du Soleil, un phénomène appelé « effet dynamo » (voir ci-dessous ).

Un minimum de Maunder d’ici quinze ans ?

Toutefois pour le groupe de scientifiques britanniques, les prochaines prévisions sont sans équivoque. Lors du 26ème cycle, qui couvre la décennie 2030-2040, les deux vagues magnétiques seront complétement désynchronisées et cela va provoquer une réduction significative de l’activité solaire. Les deux champs magnétiques se reflèteront exactement. Il y aura un pic d’activité en même temps dans les deux hémisphères opposés. Cela va conduire à un nouveau « minimum de Maunder » (voir ci-dessous « Vagues Magnétiques »).

La NASA nous offre une prédiction du cycle 25. Si on se fie à ses prédictions, il ne nous restera plus qu’à remballer nos transceivers dans leurs cartons… Et aller à la pèche avec nos antennes !

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Une explication !

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La grande ceinture convoyeuse (Great Conveyor Belt) est une circulation massive de courant de feu (plasma chaud) à l’intérieur du Soleil. Elle dispose de deux branches nord et sud, chacune prenant environ 40 ans pour effectuer un circuit complet. Les chercheurs pensent que la rotation de la ceinture contrôle le cycle des taches solaires, et c’est pourquoi le ralentissement est important.

Selon les observations, la bande transporteuse se déplace normalement d’environ 1 mètre par seconde, c’est ainsi depuis la fin du 19èmesiècle. Ce sont les vitesses les plus basses jamais observées.

Nous assistons à une asymétrie de la vitesse de déplacement des 2 branches Nord-Sud.

Selon la théorie et l’observation, la vitesse de déplacement prédit l’intensité de l’activité solaire dans + ou – 20 ans. Un déplacement lent signifie une baisse de l’activité solaire, un déplacement rapide signifie une plus forte activité. Les raisons en sont expliquées dans le système d’alerte Science @ NASA.

« Le ralentissement que nous constatons aujourd’hui signifie que le cycle solaire 25, atteignant son apogée autour de l’an 2022, pourrait être l’un des plus faibles au cours des siècles, à ce jour. » (selon une étude du physicien solaire de la NASA, David Hathaway).

© NASA – Traduction F5TQH Mars 2013

Mais que signifie les valeurs SFI, K et A ?

Chez les radioamateurs, quand on s’intéresse de plus près à la propagation, on remarque souvent des valeurs de SFI, K et A que signifie t-elles ?

SFI (Solar Flux Indice) : La mesure du flux radioélectrique solaire, par la mesure de l’amplitude du rayonnement solaire sur 2800 MHz (10,7cm de longueur d’onde) donne un indice d’activité solaire plus fiable que le SSN puisque ne dépendant pas des moyens d’observation. On l’exprime en W/m²/Hz ou en sfu (solar flux unit) tel que :

1 sfu = 10-22W/m²/Hz

La corrélation entre flux solaire mesuré sur 2800 MHz et SSN est grande.

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K : L’activité géomagnétique est une estimation des effets de l’activité solaire sur le champ magnétique terrestre. Cette activité se mesure sous la forme d’un indice noté Kp, allant de 0 à 9. (indice K). Lorsque l’indice Kp atteint ou dépasse 5, on parle d’orage géomagnétique.

  • Kp < 4 : calme >> bonne propagation radio
  • Kp = 4 : actif >> dégradation de la propagation radio
  • Kp > 3 : tempête >> début de détérioration de la propagation radio
  • Kp = 5 : tempête mineure, aurores polaires à 60° de latitude
  • Kp = 6 : tempête modérée, aurores polaires à 50° de latitude et propagation des radio HF difficiles
  • Kp = 7 : tempête forte, aurores à 30/40°, problème radio HF
  • Kp = 8 : sévère, black-out radio
  • Kp = 9 : extrême

A : Les valeurs de flux solaire (indice A) varient habituellement entre 0 et 400. Une valeur élevée de flux solaire (typiquement plus élevée que 150) indique que les couches atmosphériques seront ionisées de façon plus importante, ce qui permettra d’obtenir de meilleures communications HF par rapport à la normale.

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Conclusions :

Nous l’avons compris, l’activité du soleil est de plus en plus faible. Certains autres spécialistes prétendent que nous n’aurons pas de mini-période glaciaire. Et que cela n’entrainerait pas d’affaiblissement de la propagation des ondes.
D’autres prétendent que nous ne pourrons plus faire d’émissions au-delà de 10 MHz, dans les années 2030-2040.
Est-ce que nous pourrons encore émettre sur 23 cm, 13 cm, 3 cm… ? Et que va-t’il se passer pour le Li-Fi que nous commençons à développer ?

Notre seule certitude est que nous devons attendre pour savoir à quels phénomènes le radioamateur sera électromagnétiquement soumis.

*Crédit photo :

Reproduction pour la : Creative Commons licence. National Portrait Gallery Object ID : NPG x67070.

Référence :

De Willie Wei-Hock Soon et Steven H. Yaskell (eng) : The Maunder Minimum and the Variable Sun-Earth Connection, World Scientific, 2003 : Wikipedia – ISBN 981-238-274-7

ON6DP par Paul Delmelle | ON6DP | Facebook

Auteur / autrice

  • On peut le considérer comme l'archétype du radioamateur. Polyvalent, il excelle en tant que DXeur, ayant contacté des stations dans tous les pays du monde. Ancien administrateur à l'UBA et actuellement DM de la province de Liège, il est également responsable du relais ON0LG et a grandement contribué au développement des modes numériques tels que le DMR et le C4FM. En tant que formateur, il dispense des cours à Liège et démontre une expertise remarquable en phonie et en CW.