Conférence donnée le 17 juin 2017 à Verviers, à l'occasion des 95 ans du RCBE le radio Club belge de l'Est. Cette conférence fut présentée par Pierre Stoffel ON4PS.
Introduction.
Ce nâest pas sans Ă©motion que je vais vous raconter aujourdâhui la crĂ©ation voici 95 ans et la glorieuse histoire du R.C.B.E. qui porta le renom de Verviers au-delĂ de nos frontiĂšres, au-delĂ des ocĂ©ans.
Comme la crĂ©ation du R.C.B.E. est intimement liĂ©e et absolument indissociable des dĂ©buts de la T.S.F., je vais, dans un premier temps, en guise de prĂ©liminaire, tĂącher de vous immerger dans lâambiance T.S.F. des tout dĂ©buts ; ce qui me permettra par la suite de vous faire apprĂ©cier la contribution des pionniers VerviĂ©tois dans le dĂ©veloppement de cette science alors nouvelle.
Remontons avant la premiĂšre guerre mondiale, au dĂ©but du siĂšcle passĂ©. DĂšs les premiĂšres Ă©missions radiotĂ©lĂ©graphiques officielles Ă©closes aux alentours de 1901, les premiers « amateurs » sâentraĂźnaient patiemment Ă la lecture au son et tendaient un tympan attentif aux voix grĂȘles et rares des quelques stations existantes. Ils avaient bien peu de chose Ă se mettre sous la dent (dans lâoreille !), surtout sur un poste Ă galĂšne : quelques vagues radiotĂ©lĂ©grammes des stations cĂŽtiĂšres et des navires en mer, des bulletins mĂ©tĂ©o, la Tour Eiffel ⊠Il fallait absolument connaĂźtre le morse car il nây avait pas ou trĂšs peu dâĂ©missions en tĂ©lĂ©phonie. Quant Ă la radiophonie, on peut considĂ©rer comme une PremiĂšre europĂ©enne lâinstallation en 1913 dâune station expĂ©rimentale de radiophonie dans une annexe du Palais Royal de Laeken. (Robert Goldschmidt â Raymond Braillard)
Les concerts de Laeken, Ă lâinitiative du Roi Albert Ier, furent diffusĂ©s en ondes moyennes chaque samedi jusquâau dĂ©but de la 1Ăšre guerre mondiale. Face Ă lâinvasion allemande, les installations de Laeken furent dynamitĂ©es le 19/8/1914. Ainsi, Ă la veille de la 1Ăšre guerre mondiale, toutes les conditions Ă©taient dĂ©jĂ rĂ©unies pour que se dĂ©veloppe la radio. La guerre stoppa net ces audacieuses et magnifiques expĂ©riences.
Mais le mouvement nâĂ©tait quâen sommeil !
Il allait reprendre dĂšs la fin des hostilitĂ©s, grĂące Ă lâapparition de la lampe triode qui autorisa les plus grands espoirs. Les âauditeursâ, ces âB.C.L.â (Broadcasts Concert Listeners) ont dĂ©veloppĂ© leur activité : ils se sont multipliĂ©s et groupĂ©s en associations, en Radio Clubs trĂšs actifs. Un cadre lĂ©gal est crĂ©e pour cette clientĂšle potentielle et rentable pour lâindustrie.
Le 7 aoĂ»t 1920, un ArrĂȘtĂ© MinistĂ©riel prĂ©cise les « conditions dâĂ©tablissement des postes rĂ©cepteurs de T.S.F. ».
Il me paraĂźt utile de rappeler - et nous en reparlerons lorsque nous Ă©voquerons les prĂ©mices du R.C.B.E. â que le poste militaire de la Tour Eiffel (sous lâimpulsion du GĂ©nĂ©ral FerriĂ©) diffusa sa premiĂšre Ă©mission radiophonique le 24 dĂ©cembre 1921. (longueur dâonde : 2600m ; puissance : 800W)
Chez nous, « Radio Bruxelles » est inaugurée le soir du 23/11/1923. Elle deviendra « Radio Belgique » le 1/1/1924.
Les programmes de radiodiffusion sâĂ©toffent, les stations Ă©mettrices se multiplient, les revues spĂ©cialisĂ©es font de mĂȘme et la masse des « chers zâauditeurs » sâenfle considĂ©rablement.
Parmi ces derniers, nombreux sont ceux qui montent eux-mĂȘmes leur poste, encore simple et sans astuce. Ces auditeurs, un tantinet techniciens, sâintitulent « amateurs de TSF » en bombant le torse !
Lâexpression « amateur » Ă©tait lancĂ©e : elle englobait tous ceux qui sâintĂ©ressĂšrent aux diverses manifestations audibles de la radio : dâune part les âBCLâ trĂšs nombreux et dâautre part , issus de ce premier groupe, les âamateurs Ă©metteursâ, un groupe en devenir dâauditeurs expĂ©rimentateurs, encore peu nombreux, tolĂ©rĂ©s avec grande bienveillance par les PTT, mais absolument interdits !
LassĂ©s de recevoir de vagues radiotĂ©lĂ©grammes ou dâentendre des radio-concerts dont la qualitĂ© laissait Ă dĂ©sirer (et câest un euphĂ©misme !), ils supputĂšrent que lâĂ©mission ne devait pas ĂȘtre plus difficile Ă expĂ©rimenter que la rĂ©ception. Utilisant les âpetites ondesâ (au dessous de 200m), considĂ©rĂ©es comme sans intĂ©rĂȘt pendant des annĂ©es, les amateurs-Ă©metteurs firent accomplir des pas de gĂ©ants Ă leur technique. Ce mĂȘme engouement ralliait les âmordus de signaux morseâ dans divers pays du monde et, en Belgique dans diverses villes du pays.
Et nous voici enfin Ă Verviers ! Nous voici dâabord Ă Verviers, aurais-je tendance Ă dire !
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La conférence
A Verviers, ces fĂ©rus de âTripotage sans filâ - comme on disait alors - se groupĂšrent dĂšs 1922 sous lâĂ©gide de Laurent HENROTAY.
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Intéressons-nous quelques instants à la personnalité de ce pionnier.
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Laurent Joseph Henrotay vit le jour le 8/11/1892 Ă Chaineux.
DĂšs son plus jeune Ăąge, il fut attirĂ© par le mystĂšre de lâĂ©lectricitĂ© et de ses applications. En 1912, il entre Ă la « SociĂ©tĂ© dâElectricitĂ© de lâEst de la Belgique ». Au dĂ©but de 1913, il se rend Ă Paris. Il sây met en rapport avec la Maison PĂ©ricaud, spĂ©cialisĂ©e en appareils de physique et dâĂ©lectricitĂ©. Il revient Ă Verviers peu avant aoĂ»t 1914. DomiciliĂ© au 26 rue des Carmes, un document de 1917 atteste de lâouverture prochaine dâun commerce de « Fournitures et entreprises gĂ©nĂ©rales dâinstallation dâĂ©lectricité » en Crapaurue.
Ce premier magasin de radio Ă Verviers vend des articles liĂ©s Ă lâĂ©lectricitĂ©, Ă la cinĂ©matographie et Ă la tĂ©lĂ©graphie sans fil.
GrĂące au matĂ©riel rapportĂ© de chez PĂ©ricaud, il construit un poste rĂ©cepteur de T.S.F. Nous sommes au dĂ©but de lâannĂ©e 1922. Le âCourrier du Soirâ, faisant lâĂ©loge des « merveilles de la tĂ©lĂ©phonie sans fil », titrait : « Nous entendons Ă Verviers un concert donnĂ© Ă la Tour Eiffel ».
Laurent Henrotay est le premier à écouter la Tour Eiffel sur 2 lampes ! « Il admet le public chez lui pour assister à ces intéressantes auditions ».
Remarquons ici le cÎté précurseur de Mr. Henrotay : le poste militaire de la Tour Eiffel diffusa sa premiÚre émission radiophonique le 24 décembre 1921, son inauguration officielle (en présence du Général Ferrié) aura lieu le 6 février 1922.
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Laissons Laurent Henrotay Ă©voquer lui-mĂȘme ses souvenirs, racontĂ©s lors du 35e anniversaire du R.C.B.E. et reproduits dans les âGDV Pressâ 01/1975 et 02/1975.
Et voici la surprise !
« En mon magasin de Crapaurue, les amateurs se prĂ©sentaient de plus en plus nombreux. Ainsi fus-je amenĂ© Ă la constitution dâun club dâamateurs. La sĂ©ance de constitution du Radio Club de lâEst se tint au second Ă©tage du cafĂ© de lâEmulation, place du Martyr Ă Verviers le 26 mars 1922, un dimanche matin. La publicitĂ© faite autour de notre petit noyau dâamateurs nous incita bientĂŽt Ă chercher un local qui ne fut pas un cafĂ© et oĂč nous pourrions Ă©ventuellement installer du matĂ©riel. Nous ne cherchĂąmes pas longtemps et trouvĂąmes ce local au 2Ăšme Ă©tage de lâUniversitĂ© Populaire, 50, rue TranchĂ©e oĂč Madame Peltzer de Clermont voulut bien nous accueillir. »
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Chose Ă©trange, la presse locale de Verviers (âLe Jourâ) annonça la crĂ©ation du R.C.B.E. dans un « Avis aux amateurs de TSF » en date du 17 juin 1922, soit 3 mois aprĂšs la rĂ©elle constitution du club.
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« Nous avons le plaisir dâannoncer aux amateurs de cette grande science moderne quâun Club sâest fondĂ© Ă Verviers sous le nom de âRadio-Club Belge de lâEstâ (R.C.B.E.). Cette sociĂ©tĂ© a pour but lâĂ©tude de la radiotĂ©lĂ©phonie et surtout de sauvegarder les intĂ©rĂȘts des amateurs. Pour tous renseignements sâadresser au prĂ©sident, L. Henrotay, Crapaurue 56, ou au secrĂ©taire R. Niederprun, rue XhavĂ©e, 13, Verviers ». (Le Jour, 17/6/1922)
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Ce nouveau groupement de âsans-filistesâ remporta dâemblĂ©e un franc succĂšs.
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« MM. Henrotay et Niederprun nous ont appris quâune cinquantaine dâadhĂ©sions leur sont dĂ©jĂ parvenues. Câest donc que les VerviĂ©tois veulent, en cette science nouvelle, se tenir encore âĂ la pageâ ». (Le Jour, 23/6/1922)
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La sĂ©ance inaugurale eut lieu le 8 aoĂ»t 1922, au local du R.C.B.E., au 2Ăšme Ă©tage de la « Mutuelle », rue TranchĂ©e. Une trentaine de personnes composaient lâassistance. Lâaudition prĂ©parĂ©e par le comitĂ© du club fut un Ă©chec en raison de fortes perturbations atmosphĂ©riques.
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« SĂ©ance blanche, donc, pourrait-on dire. Sauf pourtant pour les non initiĂ©s, les multiples dĂ©tails techniques exposĂ©s, entre les « bruissements » par les aimables promoteurs du nouveau groupement, chez qui des mĂ©comptes comme celui dâhier nâamoindrissent nullement la foi en lâavenir de la science quâils affectionnent et qui est encore, en somme Ă ses vagissements âsecondairesâ ». (Le Jour, 9 /8/1922)
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LâĂ©vĂ©nement phare du R.C.B.E. en cette premiĂšre annĂ©e dâexistence fut sans conteste la visite des installations de lâObservatoire Royal dâUccle ainsi que son poste dâĂ©missions radiotĂ©lĂ©graphiques. AnnoncĂ©e dans la presse dĂšs octobre, cette visite mĂ©morable se dĂ©roula le dimanche 5 novembre 1922.
Cette visite (horaire publiĂ© dans le âCourrier du Soirâ du 18/10/1922) collective Ă lâObservatoire Royal dâUccle connut un succĂšs retentissant. Plusieurs dizaines de nouveaux membres rejoignirent les rangs du club. Le R.C.B.E., Ă lâorigine donc un club dâauditeurs de radiophonie, Ă©tait lancĂ©.
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Mais voici quâun changement va sâopĂ©rer !
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Vers la fin de novembre 1922, plusieurs membres du club supputĂšrent que lâĂ©mission ne devait pas ĂȘtre plus difficile Ă expĂ©rimenter que la rĂ©ception, et ce malgrĂ© lâinterdiction absolue : « Toute Ă©mission de radiations Ă©lectriques quelconques est formellement interdite ».
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Rien nâest impossible Ă ceux qui veulent ! (Nil volentibus arduum est)
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Laurent Henrotay dĂ©clarait dans ses souvenirs : « LâĂ©mission nâest pas autorisĂ©e, mais foin des rĂšglements, avec des puissances de quelques watts, câest si agrĂ©able de rayonner, de remplir lâespace environnant de signaux dâappels ». (â35 ans du R.C.B.E.â)
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Rappelons que les ondes âcourtesâ nâoffraient aucune utilitĂ© pratique, elles Ă©taient dĂ©daignĂ©es par les professionnels et livrĂ©es, de ce fait, aux amateurs.
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« Avec AndrĂ© Courtois, Jean Lecloux, RenĂ© Pirotte, ensuite RenĂ© Toussaint de Spa, nous Ă©changions chaque soir nos impressions en des sĂ©ances expĂ©rimentales qui duraient trĂšs tard dans la nuit ». (â35 ans du R.C.B.E.â)
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Cette premiĂšre annĂ©e dâexistence du R.C.B.E. se termine en beautĂ©.
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La presse locale publie le jeudi 14 décembre 1922 un communiqué anodin mais absolument étonnant de Mr. Henrotay.
Sous le titre assez vague de « RadiotĂ©lĂ©phonie et RadiotĂ©lĂ©graphie », il aborde le sujet des essais transatlantiques dâamateurs et informe ses lecteurs des rĂ©sultats, une premiĂšre Ă ma connaissance en Belgique.
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Rappelons briĂšvement que ces « essais transatlantiques » se sont Ă©talĂ©s sur 3 annĂ©es, de 1921 Ă 1923, essais unilatĂ©raux impliquant des stations amĂ©ricaines, anglaises puis françaises et que, enfin, avant une 4Ăšme sĂ©rie dâessais prĂ©vus fin 1923, lâamateur français 8AB, LĂ©on Deloy de Nice contacta lâAmĂ©ricain Schnell, 1MO le 28/11/1923 sur 108 mĂštres de longueur dâonde.
Laurent Henrotay et ses amis du R.C.B.E. auraient-ils pris part Ă ces Ă©coutes qualifiĂ©es de « Fait essentiel dans lâHistoire des ondes courtes » ?
Tout porte Ă croire que OUIÂ !
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1923. AndrĂ© Courtois (4YZ), Laurent Henrotay (4QS) et RenĂ© Pirotte (4RS) dĂ©cident de procĂ©der Ă des essais dâĂ©mission sur 200 mĂštres. RenĂ© Toussaint (4US) de Spa se joint Ă eux. Les communications sâĂ©tablissent aisĂ©ment entre ces quatre amateurs, au moyen de simples lampes de rĂ©ception dite âTMâ.
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Ces premiers pas en Ă©mission sont confirmĂ©s dans les « Notes Souvenirs de ON4RV », rĂ©digĂ©es dans les annĂ©es soixante du siĂšcle passĂ©. (âLe Gang VerviĂ©toisâ, 08/1965)
LâactivitĂ© dĂ©bordante de ces quatre amateurs leur permet de rĂ©aliser de multiples liaisons bilatĂ©rales : France, Grande-Bretagne, Danemark, SuĂšde et Finlande. Des portĂ©es de plus de 2000 km sont atteintes.
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Leurs indicatifs ainsi que leurs exploits sont publiĂ©s dans la presse Ă©trangĂšre spĂ©cialisĂ©e : le âJournal des 8â, âQSTâ, âLâAntenneâ, âThe Wireless Worldâ et jâen passe !
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La notoriĂ©tĂ© de Laurent Henrotay est immense et sâĂ©tend bien au delĂ de nos frontiĂšres.
En mars 1924, Ă lâoccasion de la visite en France de Mr. Hiram Percy Maxim, PrĂ©sident de lâA.R.R.L., il reprĂ©senta la Belgique lors dâune rĂ©union prĂ©liminaire Ă la formation dâune ligue Internationale dâamateurs de T.S.F.
Un banquet sous le haut patronage du GĂ©nĂ©ral FerriĂ© clĂŽtura cette rĂ©union internationale Ă lâhĂŽtel Lutetia.
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Le premier « CongrĂšs International des amateurs » eut lieu lâannĂ©e suivante en avril Ă la Sorbonne : « LâUNION INTERNATIONALE DES RADIO-AMATEURS - THE INTERNATIONAL AMATEUR RADIO UNION » fut fondĂ©e.
La dĂ©lĂ©gation belge Ă©tait composĂ©e de Mr. Robert Deloor, P2, âGeneral Managerâ du RĂ©seau Belge, Mr. Jacques Heynen B 1CF et enfin, last but not least, Mr Laurent Henrotay, 4QS, PrĂ©sident du Radio-Club Belge de lâEst.
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Mais revenons briÚvement en 1924 pour ces exploits qui firent la réputation des membres du R.C.B.E.
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Lors dâune soirĂ©e chez lui, le 31 Octobre 1924, Laurent Henrotay parvient Ă dĂ©cider ses amis Ă tenter des essais transatlantiques. Il est chargĂ© de se mettre en rapport avec les dirigeants de lâA.R.R.L.
La liaison avec lâAmĂ©rique est donc dĂ©cidĂ©e au sein du Radio-Club (novembre 1924). En Belgique, personne nâavait encore realisĂ© un tel exploit!
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André Courtois, 4YZ, une autre figure marquante du Radio-Club, brillamment promu ingénieur A.I.T.V. en 1913, est le Vice-Président du R.C.B.E.
Le matin du jeudi 11 décembre 1924, il téléphone triomphalement à ses amis.
A 6h GMT, il Ă©tait entrĂ© en communication avec la station canadienne C1AR, âOld Joeâ Fassett Ă Halifax.
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Cette PREMIĂRE liaison (dâune durĂ©e de 1h30!) entre la Belgique et le continent amĂ©ricain , un exploit rĂ©alisĂ© par un amateur-Ă©metteur VerviĂ©tois, est confirmĂ©e dans le magazine âQSTâ de lâA.R.R.L.
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« Belgium became QSO the North American continent for the first time when c1AR âOld Joeâ Fasset, at Halifax, N.S. clicked with b4YZ on Dec.11th, the latter station using 9 watts input. 1QV, Westerly, R.I., worked P2, Brussels on Dec.20th, and on the 23rd W2, also in Brussels, worked u1KC (âŠ) 1KC tied up with b4RS on Dec.24th, making the fourth Belgian to work this country. » (QST 02/1925, pp.13-14)
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Ces âhardis et tĂ©mĂ©rairesâ pionniers nâen restĂšrent pas lĂ Â ! 4RS et 4QS communiquĂšrent aussi avec les âStatesâ, les 25 et 26 dĂ©cembre 1924.
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En ce dĂ©but dâannĂ©e 1925, le Radio-Club Belge de lâEst Ă©tait bien organisĂ© et connaissait un succĂšs retentissant. Le prĂ©sident de cette âSociĂ©té techniqueâ (siĂšge : rue TranchĂ©e, 50 Ă Verviers) Ă©tait donc Laurent Henrotay 4QS ; le vice-prĂ©sident AndrĂ© Courtois 4YZ ; le secrĂ©taire RenĂ© Pirotte 4RS. Il y avait en outre 1 trĂ©sorier, 3 conseillers et de nombreux (14) âmembres protecteursâ.
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La revue âRadio-Ăchosâ, « revue mensuelle de T.S.F., Ă©crite par des amateurs pour lâamateur » devint lâorgane officiel du R.C.B.E. Elle paraissait le 15 de chaque mois.
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Nous reproduisons le N°1 de Janvier 1925 en annexe. Son contenu est trÚs intéressant à bien des égards : (commentaires personnels en italique)
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Une description de la station B4RS : photo, description et schĂ©ma de lâĂ©metteur ainsi que les rĂ©sultats obtenus.
Essais transatlantiques (réussis) de 4QS, 4YZ et 4RS. (confirmés dans le QST 02/1925, p.13 et 14)
Liste exhaustive dâindicatifs entendus et contactĂ©s. (Impressionnant pour lâĂ©poque : des dizaines dâAmĂ©ricains !)
Un article relatif au CongrÚs International de T.S.F. (Avril 1925) et ses préparatifs. (4QS fera partie de la délégation belge !)
Le rapport de la réunion préparatoire du 12 Mars 1924 à Paris⊠(4QS y était !)
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Perfectionnant ses appareils, AndrĂ© Courtois, B 4YZ effectue le 29 aoĂ»t 1925 la premiĂšre liaison avec les antipodes. Il contacte Z 2AC de Gisborne, Nouvelle ZĂ©lande en utilisant 65 watts sur 45 mĂštres de longueur dâonde.(Jd8 N°57 du 4/9/1925)
Des liaisons Ă grande distance sont rĂ©alisĂ©es tous azimuts par les pionniers VerviĂ©tois. 4AS et 4XS rĂ©alisent Ă leur tour des liaisons transatlantiques utilisant des puissances de lâordre de 15 watts. La station B 4RS Ă©tablit le dimanche 13 dĂ©cembre 1925 Ă 21h15 GMT le 1er QSO Belgique - Afrique du Sud en travaillant avec A6N de Cape Town.
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En 1926, André Courtois 4YZ succÚde à Laurent Henrotay comme Président du R.C.B.E.
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Câest en cette mĂȘme annĂ©e 1926 quâil est le premier belge Ă dĂ©crocher la plus haute distinction pour un radioamateur de lâĂ©poque : le diplĂŽme âWACâ, attribuĂ© sur demande aux stations ayant rĂ©alisĂ© une liaison bilatĂ©rale avec des stations des 6 continents. Les cartes QSL, preuves confirmant ces contacts, envoyĂ©es Ă lâA.R.R.L., Ă©taient retournĂ©es, accompagnĂ©es du prestigieux certificat.
Le premier WAC (CW) belge fut donc obtenu par AndrĂ© COURTOIS, B 4YZ de Verviers. Il sâagit par ailleurs du 1er WAC europĂ©en et du 7e WAC mondial. Son indicatif est citĂ© pour la premiĂšre fois dans le âQSTâ de juin 1926, p.54.
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Cette formidable prouesse est confirmĂ©e Ă maintes reprises dans les listes rĂ©capitulatives publiĂ©es rĂ©guliĂšrement dans âQSTâ, dans la revue autrichienne âOEMâ de mars 1935 (pp.12-14) ainsi que dans le âQSOâ de mai 1935, p.82.
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Il est remarquable de constater que le second WAC (CW) belge (4e WAC europĂ©en, 20e mondial) fut dĂ©cernĂ© Ă B 4RS, RenĂ© PIROTTE de Verviers. Son indicatif apparaĂźt pour la premiĂšre fois dans le âQSTâ de novembre 1926, p.50.
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En 1929, RenĂ© Toussaint, ON4US, un autre membre du R.C.B.E., reçut son WAC CW et son diplĂŽme de membre de lâA.R.R.L., tous deux datĂ©s du 22 octobre 1929. (5Ăšme WAC CW belge)
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Le Radio-Club compte alors prĂšs de 200 membres.
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Mr. Joseph Roussel, SecrĂ©taire de la SociĂ©tĂ© Française dâĂtudes de T.S.F., auteur de nombreux ouvrages de vulgarisation radio, vient en Belgique Ă la demande de Laurent Henrotay. Il donne 2 confĂ©rences Ă salle comble.
Sa visite en Belgique est relatĂ©e dans un article intitulĂ© « Ce que jâai vu et entendu en Belgique ». Il fut publiĂ© dans « La TSF Moderne » de juillet 1926, pp. 400-402. Mr. Roussel fut nommĂ© Membre dâHonneur du R.C.B.E., tout comme Mr. Louis Houben, ingĂ©nieur A.I.T.V. (Andrimont)
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Le R.C.B.E. est Ă la pointe de la technique de lâĂ©poque : le sujet qui devient Ă la mode sâappelle « TĂ©lĂ©vision ». Joseph Roussel donnera une seconde confĂ©rence sur ce sujet le 1/12/1927. Une autre confĂ©rence traitant de cette âmerveilleuse dĂ©couverteâ aura lieu en mai 1930.
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Citons encore le stand du R.C.B.E en 1928 dans le cadre des FestivitĂ©s du Cinquantenaire de la Gileppe et le traitĂ© Ă©lĂ©mentaire dâĂ©lectricitĂ© (1930) Ă©laborĂ© par Edmond Penders. La premiĂšre Ă©dition de cet ouvrage, honorĂ©e dâune souscription du MinistĂšre des Sciences et des Arts, fut rapidement Ă©puisĂ©e.
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Quâil me soit permis un petit flash-back afin dâĂ©voquer briĂšvement la crĂ©ation et lâactivitĂ© dĂ©bordante des 2 autres groupements âradiophilesâ chez les « Verts et Vieux ».
Le « Cercle VerviĂ©tois dâEtudes RadioĂ©lectriques » vit le jour en 1923 au CollĂšge Saint-François-Xavier de Verviers sous lâimpulsion du RĂ©vĂ©rend PĂšre JĂ©suite Ernest Verreux, professeur de sciences. Son secrĂ©taire, Paul de Neck, qui quittera Verviers pour Bruxelles fin 1924 deviendra âGeneral Manager du RĂ©seau Belgeâ (U3 â ON4UU)
Les activités du C.V.E.R. étaient nombreuses et variées :
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        â  une rĂ©union avait lieu tous les mercredis Ă 19h30. Elle commençait
              invariablement par âlâappel nominal de rigueurâ et se terminait par
           quelques minutes de lecture au son (morse).
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           â  des âcauseriesâ (avec projection lumineuse !) par les membres du club
            et/ou des conférenciers invités avaient lieu quasiment à chaque
    réunion.
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        â  certaines rĂ©unions se dĂ©roulaient Ă lâextĂ©rieur, âen campagneâ :
            expériences dans les prairies de la Baraque Michel et les plaines de
            Heusy.
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        â  prĂ©sentation de nouveaux montages, postes rĂ©cepteurs, pavillons,
              amplis de puissance⊠et essais de réception avec ce matériel.
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⠠un concours de réception organisé entre membres rallie tous les
    suffrages.
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â  organisation (30/11/1924) dâune grande confĂ©rence publique doublĂ©e
    dâune exposition dâappareils de T.S.F. et de piĂšces dĂ©tachĂ©es.
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â  participation dâun nombre considĂ©rable dâexposants en 1926 et 1927
   dans la grande salle des fĂȘtes du CollĂšge St. François-Xavier
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â  synthĂšse et commentaire dâarticles parus dans âLa T.S.F. moderneâ et
   âLâAntenneâ
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Mais surtout, le R.P. Verreux imagina de crĂ©er un poste dâĂ©mission privĂ© sous le nom de « Radio Verviers ». (1927)
Une certitude importante ressort des comptes-rendus des rĂ©unions du C.V.E.R. : les membres Ă©taient des « amateurs-Ă©couteurs » de TSF et ne pratiquaient pas en cette annĂ©e 1924 lâĂ©mission dâamateur. Il nâen fut pas toujours ainsi par la suite !
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Un 3Ăšme groupement radio est le « Radio-Club RĂ©gional » (1925), rebaptisĂ© successivement « LâUnion des Radios-Amateurs Belges » (1927), puis « Le RĂ©seau VerviĂ©tois » (1929).
RenĂ© Goka, R-330 (indicatif dâĂ©coute du cĂ©lĂšbre journal âLâAntenneâ), devenu EB4RV et ON4RV est la vĂ©ritable cheville ouvriĂšre du RĂ©seau VerviĂ©tois. Il publie le « Radio Feuillet » devenu « Bulletin des Ondes Courtes », vĂ©ritable reflet de lâactivitĂ© radio des 3 groupements VerviĂ©tois.
A lâaube de 1930, ce club comptait 25 membres actifs et dĂ©vouĂ©s Ă la rĂ©ception mais aussi Ă lâĂ©mission dâamateur.
Une « JournĂ©e des Ondes courtes » est organisĂ©e le 12 janvier 1930 avec : rĂ©ception officielle, Ă©missions en phonie dâune station expĂ©rimentale (âRadio Centreâ), participation Ă©trangĂšre et grand banquet de clĂŽture dans les Salons de la Pommelette.
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Quant au R.C.B.E. en ce dĂ©but des annĂ©es 30, il comptait dans ses rangs des amateurs de photographie : Louis AM Zehnhoff, RenĂ© Pirotte, Emile Piret et Jean Houbeau. DĂšs 1932, des causeries et sĂ©ances pratiques de photo viennent Ă©toffer les activitĂ©s radio du Club. Un laboratoire photo âmodĂšleâ est inaugurĂ© en 1935.
La plupart des pionniers de la premiÚre heure délaissent le hobby pour se consacrer à leurs activités familiales et professionnelles.
Peu dâinformations filtrent en cette immĂ©diate avant-guerre.
10 mai 1940 : les Ă©quipements radio furent remis aux autoritĂ©s ou confisquĂ©s par lâoccupant. Toute activitĂ© radio amateur fut plongĂ©e dans une amĂšre lĂ©thargie.
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Pour ce qui est de lâaprĂšs-guerre au R.C.B.E., le sujet dâune recherche ultĂ©rieure plus fouillĂ©e, retenons que le 25Ăšme anniversaire du club ne fut pas fĂȘtĂ© en raison du dĂ©cĂšs dâAndrĂ© Courtois 4YZ (âQSOâ 01/1946).
Le 35Ăšme anniversaire du Radio Club de lâEst fut fĂȘtĂ© en grandes pompes en juin 1957. âLe Jourâ du jeudi 27 juin 1957 relatait ces 35 annĂ©es de rayonnement dans le monde des radio amateurs. Le club comptait alors 110 membres !
En 1958, une tentative de jumelage du « Royal Radio Club de lâEst » et de lâUBA Ă©choua. Le R.C.B.E. disparaĂźt des mes Ă©crans vers cette Ă©poque, la jeune section UBA de Verviers (qui deviendra le GDV) tient sa premiĂšre rĂ©union officielle le 27/2/1962 au CafĂ© du Tank, Place Verte.
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Monsieur Laurent Henrotay, radio technicien licenciĂ© et fondateur du R.C.B.E. sâĂ©teindra le 16/12/1967 dans sa 76Ăšme annĂ©e, RenĂ© Toussaint de Spa dĂ©cĂšde en 1971, RenĂ© Pirotte disparaĂźt en 1983. Tous les pionniers ont disparu.
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Permettez-moi de conclure !
3. Conclusion
1922 ⊠aprĂšs lâĂąne et le bĆuf !
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Le RĂ©seau Belge nâexistait pas, le REF nâexistait pas, lâIARU nâexistait pas ! Aucun dâentre nous nâĂ©tait nĂ©, mĂȘme pas ON4PL, notre âjeuneâ membre dâhonneur de lâUBA !
CâĂ©tait il y a 95 ans !
Ici, Ă Verviers, Mr.Laurent Henrotay, ensorcelĂ© par la TSF comme il le disait lui-mĂȘme, partage avec une poignĂ©e dâauditeurs admiratifs les « Merveilles de la TSF » en son magasin en Crapaurue. Son poste rĂ©cepteur, construit par ses soins, est le premier Ă Verviers Ă recevoir les Ă©missions de la Tour Eiffel. Les amateurs de TSF se firent de plus en plus nombreux, de plus en plus intĂ©ressĂ©s. La crĂ©ation dâun club fut dĂ©cidĂ©e : le « Radio Club Belge de lâEst » Ă©tait né !
Bravant lâinterdiction dâĂ©mettre, ces pionniers VerviĂ©tois, membres du R.C.B.E., du C.V.E.R. ou du R.V. apporteront leur quote-part apprĂ©ciable au dĂ©veloppement de cette science nouvelle. CĂŽtoyant les plus Ă©minents radio amateurs de leur temps, ils participeront Ă lâĂ©laboration de lâIARU. Ils Ă©tabliront des liaisons radio qui connaĂźtront un retentissement international, ils rĂ©colteront de prestigieuses rĂ©compenses et leurs prouesses techniques porteront loin dans le monde le nom de leur ville, de votre ville VERVIERS, le berceau du radio amateurisme en Belgique.
© Toute reproduction, traduction et/ou diffusion mĂȘme partielle est formellement interdite. STOFFEL Pierre ON4PS.
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