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Introduction :
Les transceivers que les radioamateurs utilisent en mobile sont alimentĂ©s pour la plupart de ceux-ci sous une tension DC (courant continu) dont la valeur nominale est de 13,8 V. La raison est simple : il sâagit de la tension qui est immĂ©diatement disponible Ă bord dâun vĂ©hicule automobile et aux bornes de lâaccumulateur au plomb (batterie) qui sert Ă dĂ©marrer le moteur de la voiture.
Et pourtant, on a lâhabitude de mentionner une valeur de tension de 12 V pour une batterie de voiture. Alors, dâoĂč vient cette tension de 13,8 V ?
La tension nominale dâune batterie de voiture est bien de 12 V lorsque celle-ci alimente nâimporte quel circuit (phares, autoradio, etc.) lorsque le moteur est Ă lâarrĂȘt. La tension aux bornes dâune batterie en fin de dĂ©charge chute Ă une valeur de 11,8 V. En revanche, lorsque le moteur tourne, celui-ci entraĂźne un alternateur suivit dâun pont redresseur et dâun rĂ©gulateur de tension qui recharge la batterie en permanence de façon Ă ce que celle-ci soit rechargĂ©e jusquâĂ sa capacitĂ© maximale, par exemple lors dâun trajet parcouru en voiture.
La tension aux bornes dâune batterie au plomb sâĂ©lĂšve Ă une valeur de 13,8 V lorsquâelle est en recharge au moyen de lâalternateur de la voiture, câest-Ă -dire lorsque le moteur tourne. Câest ainsi que la tension nominale dâalimentation des transceivers mobiles est de 13,8 V et non pas de 12 V. Toutefois, les transceivers mobiles peuvent ĂȘtre alimentĂ©s en 12 V : ils sont tous prĂ©vus pour une plage de tension qui est comprise entre 11,8 V et 14,0 V. Il sâagit ici dâun ordre de grandeur car certains transceivers peuvent admettre une plage de tension lĂ©gĂšrement plus large, par exemple 13,8 V ±15 % (11,7 V Ă 15,8 V).
Alors, pourquoi sâinquiĂ©ter dâalimenter un transceiver mobile sous une tension de 13,8 V et non pas en 12 V ?
La rĂ©ponse est simple : la puissance de sortie radiofrĂ©quence au connecteur dâantenne du transceiver est spĂ©cifiĂ©e par le constructeur lorsque lâappareil est alimentĂ© sous une tension nominale de 13,8 V. Dans la pratique, on sâaperçoit que la puissance de sortie HF est relativement rĂ©duite lorsque le transceiver est alimentĂ© sous une tension de 12 V lorsque le moteur du vĂ©hicule est Ă lâarrĂȘt. Par exemple, le PA dâun transceiver de 50 W sous 13,8 V ne dĂ©livre plus quâenviron 30 W sous une tension de 12 V.
Pourquoi mâinquiĂ©ter dâune puissance HF rĂ©duite sous une tension dâalimentation 12 V, alors que jâutilise toujours le transceiver mobile pour des QSOâs lorsque je roule en voiture lors dâun trajet, que le moteur tourne, et que la tension dâalimentation est de 13,8 V ?
Exemples de lâutilisation dâun transceiver en mobile « arrĂȘté »
Il nâest pas rare de terminer un QSO lorsque lâon est arrivĂ© Ă destination aprĂšs un trajet en voiture. Dans ce cas, on prĂ©fĂšre arrĂȘter le moteur du vĂ©hicule pour plusieurs raisons :
- Ici en Belgique, câest la loi dâarrĂȘter le moteur de son vĂ©hicule lorsquâon est Ă lâarrĂȘt oĂč lorsquâon est stationnĂ©. Cette loi est entrĂ©e en vigueur le 1er mars 2019 suite au dĂ©cret du 17 janvier 2019 qui est paru au moniteur belge le 21 fĂ©vrier 2019 (Chapitre III Art. 14 ; Art REG 2.22 et 2.23).
- ArrĂȘter le moteur de la voiture en stationnement contribue Ă diminuer la pollution de lâair.
- ArrĂȘter le moteur de la voiture Ă©vite un ronronnement prolongĂ© de celui-ci et cela Ă©vite de dĂ©ranger les voisins qui habitent tout prĂšs de lâendroit oĂč vous vous ĂȘtes stationnĂ©.
Lors des exercices B-EARS (Belgium Emergency Amateur Radio Services), ou en cas dâune situation rĂ©elle nĂ©cessitant la mise en Ćuvre dâun plan dâurgence, les radioamateurs se mettent Ă la disposition des services de secours dâune commune, ville, province, rĂ©gion ou dâun pays pour renforcer leurs moyens de tĂ©lĂ©communication. Pour la plupart des radioamateurs qui sont membres de B-EARS, ceux-ci opĂšrent une station radio au moyen dâun transceiver mobile. Ce transceiver est en gĂ©nĂ©ral alimentĂ© par une batterie auxiliaire de grosse capacitĂ© (de lâordre de 90 Ah) qui est dĂ©posĂ©e dans le coffre de la voiture. En effet, il vaut mieux ne pas dĂ©charger prĂ©maturĂ©ment la batterie dâorigine de la voiture car cela aurait deux consĂ©quences : lâarrĂȘt prĂ©maturĂ© de la station radio et lâimpossibilitĂ© de redĂ©marrer le moteur de la voiture en fin dâexercice ou en fin dâintervention avec les services de secours.
En ce qui concerne les stations automatiques des radioamateurs (rĂ©pĂ©teurs ou relais radio), certains rĂ©pĂ©teurs stratĂ©giques Ă grande couverture radio disposent dâune alimentation secourue au moyen dâune batterie installĂ©e Ă demeure. Cette batterie est en permanence en maintien de charge grĂące Ă la prĂ©sence dâun rĂ©seau de distribution dâĂ©nergie Ă©lectrique 230 V 50 Hz. Lors dâune catastrophe, on peut trĂšs bien imaginer la disparition de ce secteur dâĂ©nergie. Pour que le rĂ©pĂ©teur puisse continuer Ă assurer son service de couverture radio, un commutateur automatique transistorisĂ© bascule lâalimentation sur secteur vers une alimentation sur batterie 12 V dâune trĂšs grosse capacitĂ© de charge (parfois de lâordre de 240 Ah).
Comment alimenter un transceiver sous une tension nominale de 13,8 V Ă partir dâune batterie qui nâest plus en recharge et dont la tension nominale en charge est de 12 VÂ ?
Câest le rĂŽle dâun booster de tension, littĂ©ralement de lâanglais : Ă©lĂ©vateur de tension. Lorsque lâon doit abaisser ou Ă©lever une tension en AC (courant alternatif), câest facile : il suffit dâutiliser un transformateur dâalimentation. En DC (courant continu) il est impossible dâutiliser un simple transfo (tout le monde le sait). On utilise, dans le cas du DC, une alimentation Ă dĂ©coupage (Switching Power Supply) qui est spĂ©cifique pour Ă©lever une tension dâentrĂ©e de 12 V vers une tension de sortie de 13,8 V. On appelle parfois ce dispositif « convertisseur de tension DC - DC ».
Il existe sur le marchĂ© de seconde main, ou bien sur des sites spĂ©cialisĂ©s dans la vente de produits Ă des prix compĂ©titifs sur Internet toute une sĂ©rie de boosters dont les tensions dâentrĂ©e et de sortie correspondent Ă nos besoins. Ces boosters sont parfois trĂšs compacts et ont souvent des caractĂ©ristiques en courant maximum admissible qui sont largement suffisantes (de lâordre de 30 A) pour alimenter un transceiver mobile. Les constructeurs de ces boosters sont souvent dâorigine asiatique et cela peut parfois expliquer le fait que ce type de produit est vendu Ă bas prix sur des sites Internet.
Quelles sont les performances dâun booster dâorigine asiatique et vendu Ă bas prix ?
La seule maniĂšre de le savoir est de sâapprovisionner dâun ou de quelques exemplaires de ce type de booster et dâen Ă©valuer les performances avec des appareils de mesure. Tel est le but de cet article technique : expliquer ce quâil y a lieu dâĂ©valuer, ce quâil faut mesurer et dans quelles conditions on doit effectuer les mesures. Enfin, lâessentiel, savoir interprĂ©ter les rĂ©sultats des mesures et pouvoir en tirer des conclusions afin de valider ou non le booster sous test ; en dâautres mots : voir si ce type de booster est appropriĂ© dans une application avec du matĂ©riel de radiocommunication.
Il y a plusieurs critĂšres Ă Ă©valuer sur un booster de tension ou sur une alimentation Ă dĂ©coupage lorsque lâon utilise ce type de produit pour alimenter un appareil de tĂ©lĂ©communication par radio :
- Tension de sortie en fonction de la charge, câest-Ă -dire en fonction du courant consommĂ© (Load Regulation) ;
- Tension de sortie en fonction de la tension dâentrĂ©e, cela sous diffĂ©rentes valeurs donnĂ©es et fixes du courant consommĂ© (Line Regulation) ;
- FrĂ©quence de dĂ©coupage du booster ou de lâalimentation ;
- Tension dâondulation rĂ©siduelle (Ripple) prĂ©sente et superposĂ©e sur la tension DC de sortie ; dans le cas dâun booster de tension : forme et amplitude des signaux parasites ACvĂ©hiculĂ©s sur les lignes de sorties DC ;
- Rayonnement électromagnétique en provenance du booster dans son environnement proche (Near Field) ;
- Influence du booster sur la sensibilité de la partie réceptrice du transceiver;
- Comportement du booster lors dâun saut brusque de courant.
On peut envisager dâautres tests, comme par exemple la mesure de la tempĂ©rature du booster lorsque celui-ci est Ă pleine charge (Ă la valeur maximale du courant admissible en sortie) pendant une pĂ©riode prolongĂ©e (Burn In Test), etc.
Quels sont les appareils de mesure nécessaires pour évaluer un booster sous test ?
- Un multimÚtre de précision pour des mesures de tension à ± 0,01 V sur une étendue de mesure de 20 V ;
- Un ampĂšremĂštre de faible rĂ©sistance interne et dâune Ă©tendue de mesure supĂ©rieure Ă la capacitĂ© maximale en courant du booster sous test ; ou bien un shunt de mesure et un millivoltmĂštre de prĂ©cision ;
- Une charge rĂ©sistive de diffĂ©rents calibres et dâune puissante suffisante pour absorber la consommation maximale admissible Ă la sortie du booster; ou bien une charge active transistorisĂ©e ;
- Un oscilloscope analogique ou numĂ©rique dâune bande passante de 100 MHz ou supĂ©rieure ;
- Un analyseur de spectre basses fréquences ou moyennes fréquences ;
- Une boucle inductive calibrĂ©e pour la mesure dâun champ Ă©lectromagnĂ©tique ;
- Un générateur à hautes fréquences avec modulateur interne FM (modulation de fréquence) ;
- Un analyseur audio avec fonction de mesure SINAD-mĂštre (mesure du rapport signal sur bruit et distorsion).
Il faut reconnaĂźtre que tous ces appareils de mesure ne sont pas toujours Ă la portĂ©e de tous les radioamateurs. Toutefois, avec un bon multimĂštre, un bon ampĂšremĂštre et un oscilloscope, on peut dĂ©jĂ rĂ©aliser beaucoup de tests pour lâĂ©valuation dâun booster de tension.
Quel est le type ou le modÚle le booster de tension sous test ?
Il sâagit du modĂšle XW-12-13.8-414W que lâon trouve relativement facilement en vente par Internet pour un prix modique.
Fig. 1 : Booster de tension sous test. Tension dâentrĂ©e 12 V ; tension de sortie 13,8 V ; courant maximal admissible 30 A. Photo : ON4IJ.
LâĂ©lectronique du booster sous test est logĂ©e dans une coquille en aluminium injectĂ© formant un carter muni dâailettes de refroidissement (dissipateur de chaleur). LâĂ©lectronique est moulĂ©e sous une rĂ©sine dans le carter en aluminium. Le raccordement sâeffectue par des connexions directes au moyen de segments de fils de cĂąblage.
Test de la tension de sortie en fonction de la charge (courant consommé à la sortie) : Load Regulation
Le booster de tension est alimentĂ© sous une tension constante de 12 V au moyen dâune alimentation de laboratoire HP 6525A (0 - 20 V / 0 - 25 A). Cette alimentation ne permet pas de tester le booster jusquâĂ sa capacitĂ© maximale en courant. Toutefois, cette alimentation permet de tester le booster sous un courant de consommation de 20 A, ce qui correspond largement et mĂȘme au-delĂ de la valeur typique du courant de consommation dâun transceiver mobile dâune puissance HF de 50 W lorsque celui-ci est en Ă©mission Ă pleine puissance radiofrĂ©quence.
La charge utilisĂ©e lors des tests est une charge active transistorisĂ©e HP 6050A munie de deux tiroirs de charge HP 60504B (60 V / 120 A / charge maximale de 600 W). La charge active est paramĂ©trĂ©e Ă courant constant (quel que soit la tension appliquĂ©e Ă ses bornes). Le courant de charge est paramĂ©trable au moyen de lâencodage de celui-ci par lâintermĂ©diaire dâun pavĂ© numĂ©rique. Cette charge active dispose dâun voltmĂštre et dâun ampĂšremĂštre de prĂ©cision pour un simple contrĂŽle par lecture directe de ces deux grandeurs Ă©lectriques.
Les tensions dâentrĂ©e et de sortie sont mesurĂ©es directement aux connexions du booster de tension au moyen dâun multimĂštre Fluke 28.
Fig. 2 : Setup de mesure pour lâĂ©valuation dâun booster de tension avec une alimentation DC de labo, une charge active, un multimĂštre de prĂ©cision et un oscilloscope analogique. Photo : ON4IJ.
Valeurs des tensions de sortie mesurées en fonction de la charge :
Pour une tension dâentrĂ©e de 12 V au booster :
Pour une tension dâentrĂ©e de 11,8 V au booster :
On remarque que la valeur de tension Ă la sortie du booster est un peu gĂ©nĂ©reuse et est plus proche de 14 V que 13,8 V. Ce nâa aucune consĂ©quence pour lâalimentation du transceiver pour deux raisons : la premiĂšre est quâun transceiver admet sans problĂšme une tension de 14 V ; la deuxiĂšme est quâil peut y avoir une chute de tension dans les fils de raccordement entre la sortie du booster (placĂ© dans le coffre arriĂšre de la voiture) et le transceiver (placĂ© prĂšs du tableau de bord de la voiture).
La régulation de ce petit booster est excellente : la chute de tension à pleine charge est relativement minime.
Test de la tension de sortie en fonction de la tension dâentrĂ©e sous un courant constant donnĂ©Â : Line Regulation
Le booster est alimentĂ© sous une tension dont les valeurs sont de plus en plus petites et bien en deçà de la tension de fin de dĂ©charge dâune batterie au plomb. Il sâagit ici de « pousser le booster dans ses derniers retranchements ». Deux valeurs de courant de sortie ont Ă©tĂ© choisies : 2 A et 15 A. Cela correspond au courant consommĂ© par un transceiver mobile en rĂ©ception et en Ă©mission.
Pour un courant Ă la sortie du booster de 2 AÂ :
Pour un courant Ă la sortie du booster de 15 AÂ :
Fréquence de découpage du booster de tension :
Comme un booster de tension est basĂ© sur le principe dâune alimentation Ă dĂ©coupage, ici en particulier selon le principe dâun convertisseur DC - DC, le courant continu est « haché » ou est commutĂ© pour le transformer en courant AC. En gĂ©nĂ©ral la commutation est franche et abrupte, ce qui donne un signal carrĂ© (ou rectangulaire) au courant AC. Il en rĂ©sulte des signaux parasites de commutation sous la forme dâoscillations amorties. La frĂ©quence de ces oscillations est relativement Ă©levĂ©e et de loin supĂ©rieure Ă la frĂ©quence de dĂ©coupage du booster.
Pour visualiser ces signaux rĂ©siduels de la commutation, on branche un oscilloscope en dĂ©rivation sur la sortie du booster. Il y a lieu de bien vĂ©rifier que le pĂŽle nĂ©gatif (ou 0 V) soit commun avec la masse ou soit Ă©ventuellement isolĂ© de la masse de façon Ă raccorder correctement la masse de la sonde de lâoscilloscope.
Dans un premier temps, le signal est visualisé sur un oscilloscope analogique Tektronix 2465B (400 MHz) avec une sonde Tek P6137 (x10 ; 400 MHz). Ultérieurement, afin de mieux visualiser le signal en détail, celui-ci sera examiné sur un oscilloscope numérique Tektronix TDS7104 (4 traces 1 GHz ; 5 GS/s Real Time) avec une sonde P6139B (x10 ; 500 MHz).
Fig. 3 : Visualisation des signaux parasites superposés à la tension DC à la sortie du booster de tension sur un oscilloscope analogique. La fréquence de découpage est de 265 kHz. Photo : ON4IJ.
Fig. 4 : Amplitude de 108 mVpp des signaux parasites mesurée sous un courant de 2 A à la sortie du booster. Photo : ON4IJ.
Fig. 5 : Amplitude de 632 mVpp des signaux parasites mesurée sous un courant de 15 A à la sortie du booster. Photo : ON4IJ.
On constate que lâamplitude crĂȘte Ă crĂȘte du signal parasite est assez consĂ©quente. On verra par la suite avec lâanalyse en dĂ©tail de ce signal sur un oscilloscope numĂ©rique que lâamplitude est plus consĂ©quente que lâon pourrait le croire. La forme du signal est bien une oscillation amortie de frĂ©quence relativement Ă©levĂ©e.
Forme et amplitude du signal parasite de découpage vue en détail sur un oscilloscope numérique :
Lâoscilloscope a Ă©tĂ© paramĂ©trĂ© avec une valeur Ă©levĂ©e de « Record Length », ce qui a permis dâĂ©chantillonner le signal Ă 50 GS/s.
Fig. 6 : Amplitude de 1,34 Vpp des signaux parasites mesurée sous un courant de 2 A à la sortie du booster. Photo : ON4IJ
Fig. 7 : Amplitude de 2,09 Vpp des signaux parasites mesurée sous un courant de 15 A à la sortie du booster. Photo : ON4IJ.
On constate un 2Ăšme train dâoscillations lorsque le courant de sortie est de 15 A.
Fig. 8 : Fréquence de 37,68 MHz des oscillations amorties des signaux parasites mesurée sous un courant de 2 A à la sortie du booster. Photo : ON4IJ.
Les oscillations dâune telle frĂ©quence (37,68 MHz) risquent de perturber la partie rĂ©ceptrice dâun transceiver ondes courtes sur les bandes hautes. En revanche, cette frĂ©quence dâoscillation est bien trop basse pour perturber la partie rĂ©ceptrice dâun transceiver ou dâun rĂ©pĂ©teur radio VHF 2 m / UHF 70 cm.
Rayonnement électromagnétique en champ proche aux abords du booster de tension :
Un dispositif Ă dĂ©coupage peut perturber la partie rĂ©ceptrice par conduction directe Ă cause des signaux parasites superposĂ©s sur les lignes dâalimentation. Ce mĂȘme dispositif peut aussi perturber le rĂ©cepteur Ă cause dâun rayonnement direct. Ainsi, il y a lieu de vĂ©rifier le spectre du rayonnement Ă©lectromagnĂ©tique qui Ă©mane du booster de tension aux abords de celui-ci.
On utilise une sonde en forme de boucle inductive que lâon raccorde Ă lâentrĂ©e dâun analyseur de spectre. La plage de frĂ©quence doit dĂ©marrer Ă une frĂ©quence la plus basse possible selon les caractĂ©ristiques de lâanalyseur de spectre de façon Ă pouvoir couvrir la bande de frĂ©quence des oscillations amorties des signaux parasites.
Pour pouvoir quantifier lâintensitĂ© du champ Ă©lectromagnĂ©tique rayonnĂ© par le booster, il faut connaĂźtre les caractĂ©ristiques de la boucle inductive calibrĂ©e. On donne dans ces caractĂ©ristiques la puissance du signal induit dans la boucle en dBm sur une impĂ©dance de charge de 50 ⊠en fonction de la frĂ©quence et lorsque cette boucle est placĂ©e dans un champ dâinduction Ă©lectromagnĂ©tique de 1 ”T (1 micro Tesla).
Fig. 9 : Boucles inductives et sonde capacitive pour des mesures de rayonnements Ă©lectromagnĂ©tiques en champ proche (Near Field) au moyen dâun analyseur de spectre. Source : Aaronia AG, Strickscheid, Allemagne ; Near Field Probe PBS 2, Folder.
Pour les tests, on a utilisĂ© une boucle inductive dâun diamĂštre de 50 mm dont la bande passante commence Ă 1 Hz et va jusquâĂ environ 300 MHz.
Fig. 10 : CaractĂ©ristique dâune boucle inductive dâun diamĂštre de 50 mm. Source : Aaronia AG, Strickscheid, Allemagne ; Near Field Probe PBS 2, Folder.
Pour commencer, la boucle inductive est placĂ©e au dos de la coquille en aluminium injectĂ© lĂ -oĂč apparaĂźt le moulage en rĂ©sine de lâĂ©lectronique. La boucle est placĂ©e Ă une distance de 3 cm par rapport au plan de la surface du dessous du booster.
Fig. 11 : Placement dâune boucle inductive au dos du booster pour le relevĂ© en champ proche du rayonnement Ă©lectromagnĂ©tique. Photo : ON4IJ.
Voici le relevĂ© du champ Ă©lectromagnĂ©tique sur un analyseur de spectre HP 8563E muni de lâoption 006 (30 Hz - 26,5 GHz).
Fig. 12 : Relevé spectral du rayonnement électromagnétique au dos du booster. Photo : ON4IJ.
On constate un 1er pic Ă 46,7 MHz dâune puissance de -32,67 dBm (0,54 ”W) et un 2Ăšme pic Ă 118,3 MHz dâune puissance de -52,67 dBm (5,4 nW) lorsque la boucle inductive est placĂ©e Ă 3 cm du booster.
Ensuite le booster est placĂ© sur une tĂŽle en aluminium pour assurer en quelque sorte la continuitĂ© du blindage du booster. La sonde inductive est promenĂ©e aux alentours du booster de façon Ă localiser lâendroit oĂč le rayonnement est le plus intense : voir photo ci-dessous. La boucle se trouve Ă une distance de 3 cm par rapport au flanc de la premiĂšre ailette de refroidissement du booster.
Fig. 13 : Placement dâune boucle inductive le long du flanc du booster pour le relevĂ© en champ proche du rayonnement Ă©lectromagnĂ©tique. Photo : ON4IJ.
Fig. 14 : Relevé spectral du rayonnement électromagnétique sur le flanc du booster. Photo : ON4IJ.
On constate un pic Ă 46 MHz et dâune puissance de -46,83 dBm (20,7 nW) lorsque la boucle inductive est placĂ©e Ă une distance de 3 cm du booster.
On peut considĂ©rer quâĂ partir de 100 MHz, le rayonnement se noie dans le souffle de lâanalyseur de spectre (-70 dBm).
Influence du booster sur la sensibilité de la partie réceptrice du transceiver :
Rien de tel que dâeffectuer un test rĂ©el sur un transceiver mobile bi-bande VHF et UHF. Ici, le transceiver sous test est un Kenwood TM-V7.
Dans un premier temps, on relĂšve le MDS (Minimum Discernable Signal), câest-Ă -dire la sensibilitĂ© de la partie rĂ©ceptrice du transceiver sous test lorsque celui-ci est alimentĂ© sous une tension de 13,8 V Ă partir dâune alimentation de labo sans utiliser le booster de tension.
Dans un deuxiĂšme temps, on effectue le mĂȘme test mais avec le booster de tension alimentĂ© sous une tension dâentrĂ©e de 12 V et le transceiver Ă©tant alimentĂ© par la sortie 13,8 V du booster.
Dans un troisiĂšme temps, on effectue encore le mĂȘme test avec le booster de tension, mais cette fois, on le dĂ©pose Ă mĂȘme sur le capot du transceiver mobile pour voir si le rayonnement Ă©lectromagnĂ©tique direct affecte la sensibilitĂ© du rĂ©cepteur.
Pendant tous ces tests, la charge active est placĂ©e en parallĂšle sur la sortie du booster de façon Ă consommer un courant qui est la somme de celui du transceiver lorsque celui-ci est en rĂ©ception et dâun courant de 15 A dans la charge active pour placer le booster dans ses conditions les plus dĂ©favorables au point de vue des signaux parasites et au point de vue de lâintensitĂ© du rayonnement Ă©lectromagnĂ©tique.
Rappel sur la procĂ©dure pour relever le MDS (sensibilitĂ©) dâun rĂ©cepteur :
- On injecte un signal HF modulĂ© FM avec un tone de 1 kHz et une dĂ©viation de 3 kHz Ă lâentrĂ©e HF du rĂ©cepteur sous test (ici la partie rĂ©ceptrice du transceiver TM-V7) ;
- Lâamplitude du signal HF modulĂ© FM est rĂ©glĂ©e Ă un niveau dâamplitude de (par exemple) -20 dBm au gĂ©nĂ©rateur HF
- On insĂšre entre la sortie du gĂ©nĂ©rateur HF et lâentrĂ©e antenne du rĂ©cepteur sous test un double attĂ©nuateur par pas de 10 dB et par pas de 1 dB ;
- On rÚgle le 1er atténuateur sur 90 dB et le second atténuateur sur 10 dB ;
- On obtient ainsi un niveau HF de -120 dBm Ă lâentrĂ©e antenne du rĂ©cepteur ;
- Le squelch du transceiver est désactivé (full CCW) ;
- Le volume audio du rĂ©cepteur est rĂ©glĂ© de façon Ă obtenir un signal de 1 kHz dâune amplitude comprise entre 0,5 V et 1,0 V RMS ; une fois que ce volume est rĂ©glĂ©, quelle que soit la valeur de son amplitude, on nây touche plus ;
- La sortie audio du rĂ©cepteur est raccordĂ©e Ă un analyseur audio qui dispose dâune fonction SINAD-mĂštre (rapport signal sur bruit et distorsion) ;
- On rĂšgle lâamplitude du signal HF au moyen de lâattĂ©nuateur par pas de façon Ă obtenir un rapport signal sur bruit et distorsion de 12 dB SINAD ;
- En additionnant les dBm Ă la sortie du gĂ©nĂ©rateur et les dB Ă lâattĂ©nuateur, on obtient le niveau en dBm pour 12 dB SINAD Ă lâentrĂ©e antenne du rĂ©cepteur, ce qui donne le MDS (sensibilitĂ©) du rĂ©cepteur.
Pour information, dans les tests qui suivent, la porteuse HF a Ă©tĂ© paramĂ©trĂ©e Ă 439,200 MHz dans lâintention de valider le booster de tension pour les relais UHF ON0LGE de Retinne en province de LiĂšge.
Fig. 15 : Setup de mesure pour le relevĂ© de la sensibilitĂ© dâun transceiver sous test avec et sans booster de tension. à gauche de bas en haut : gĂ©nĂ©rateur HF HP 8662A avec modulateur FM interne calibrĂ© (voir fonctions de Bessel) ; charge active HP 6050A avec 2 tiroirs de charge HP 60504B (60 V ; 120 A ; Load Max. 600 W) ; Alimentation de labo HP 6552A (0-20 V ; 0-25 A) ; Analyseur audio avec fonction SINAD-mĂštre HP 8903A ; booster de tension. à droite de bas en haut : analyseur de rĂ©seau vectoriel pour des travaux de rĂ©glage de filtres et de duplexeurs pour des rĂ©pĂ©teurs radioamateurs ; attĂ©nuateur par pas de 10 dB HP 8496B ; attĂ©nuateur par pas de 1 dB HP 8494B ; multimĂštre Fluke 28. En haut Ă droite, le transceiver sous test Kenwood TM-V7. Photo : ON4IJ.
Voici ce que donnent les mesures du MDS sans booster de tension :
- Sensibilité de -121 dBm pour 12 dB SINAD.
Normalement, on doit obtenir une meilleur sensibilitĂ© (-123 dBm) mais ici, on nâa pas tenu compte des pertes de 1 dB Ă 440 MHz dans le cĂąble BNC-BNC entre le gĂ©nĂ©rateur et lâattĂ©nuateur par pas, ni celles (1 dB) dans le cĂąble BNC-BNC entre lâattĂ©nuateur par pas et le transceiver.
Voici ce que donnent les mesures avec le booster de tension :
- Sans courant de charge : -121 dBm ;
- Avec courant de charge de 2 A : -121 dBm ;
- Avec courant de charge de 15 A : -121 dBm ;
- Avec courant de charge de 15 A et le booster posĂ© Ă mĂȘme sur la capot du transceiver: -121 dBm.
Il nây a donc aucune influence du booster sur la sensibilitĂ© du transceiver sur la bande UHF. Cela convient donc pour lâapplication des rĂ©pĂ©teurs 70 cm ON0LGE.
Comportement du booster de tension lors dâun saut brusque de courant :
Lors du passage de la rĂ©ception Ă lâĂ©mission dâun transceiver, le courant consommĂ© subit un Ă©chelon de courant. En automation ou dans lâĂ©tude des systĂšmes asservis (systĂšmes rĂ©gulĂ©s), on doit sâassurer que le systĂšme est stable, rapide et prĂ©cis.
On a dĂ©jĂ constatĂ© que le systĂšme de rĂ©gulation du booster est prĂ©cis lors des tests « Load Regulation » et « Line Regulation » : sous divers courants consommĂ©s, la tension de sortie reste trĂšs proche de la tension nominale de 13,8 V et sous diverses tensions dâentrĂ©es, la tension de sortie reste aussi trĂšs proche de la tension nominale de 13,8 V. Ces tests sont des tests « statiques », câest-Ă -dire « en rĂ©gime Ă©tabli ».
Pour Ă©valuer la stabilitĂ© et la rapiditĂ© dâun systĂšme rĂ©gulĂ©, on doit effectuer des tests « dynamiques », câest-Ă -dire lorsque lâon fait varier un paramĂštre. Ce qui caractĂ©rise le plus une variation, câest une fonction Ă©chelon, câest-Ă -dire un saut brusque dâun paramĂštre dâune valeur Ă une autre valeur. Ici, le paramĂštre le plus utile Ă faire varier est le courant de consommation Ă la sortie du booster de tension. Cela correspond Ă la rĂ©alitĂ© lorsquâun transceiver passe de la rĂ©ception Ă lâĂ©mission. Cela lâest tout autant pour un rĂ©pĂ©teur lorsque celui-ci est en veille dans lâattente dâun signal de rĂ©ception. Lorsque le rĂ©pĂ©teur reçoit un signal, il active immĂ©diatement sa partie Ă©mettrice pour rĂ©Ă©mettre le signal reçu (dâoĂč lâappellation rĂ©pĂ©teur ou relais radio).
Dans les tests qui vont suivre, le saut en courant passe de la valeur de 1 A (courant Ă la rĂ©ception) Ă la valeur de 15 A (courant Ă lâĂ©mission). Pour rĂ©aliser cet Ă©chelon de courant dans la pratique, on utilise une fonction « Trigger » (dĂ©clencheur) ou « Transient » (transition) de la charge active.
La charge active HP 6050A dispose dâune fonction « Transient » (transition) que lâon peut activer ou dĂ©sactiver (Tran on/off) et dont on peut paramĂ©trer les Ă©lĂ©ments suivants :
- Les valeurs dâĂ©chelon (Tran Level) : valeur nominale de 15 A et transition de la valeur de 1 A Ă la valeur nominale (15 A) ;
- La fréquence de répétition de transition (Freq) ;
- Le rapport cyclique du signal carré pilotant la transition (Dcycle; Duty Cycle) ;
- La vitesse de variation de la fonction Ă©chelon (Slew; Slew Rate), câest-Ă -dire la raideur du flanc montant ou descendant du signal carrĂ©.
Ici, on a choisi une frĂ©quence de transition de 10 kHz et un rapport cyclique de 50 %. Un saut de courant de 1 A Ă 15 A reprĂ©sente une amplitude dâĂ©chelon (excursion) de : 15 A - 1 A = 14 A. Par rapport Ă la valeur nominale de 15 A, une excursion de 14 A reprĂ©sente un taux de variation de (14 A / 15 A ) x 100 = 93 % â 90 %
En ce qui concerne le Slew Rate, celui-ci peut ĂȘtre choisi parmi 12 valeurs prĂ©programmĂ©es dans lâappareil. Pour une valeur choisie, le temps de transition est dĂ©fini entre 10 % et 90 % de lâamplitude de lâĂ©chelon (1 A + 1,4 A et 1 A + 12,6 A).
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Fig. 16 : Illustration de la limitation de transition du temps de montĂ©e ; Slew Rate dĂ©fini entre 10 % et 90 % de lâexcursion en courant. Source : Hewlett Packard ; HP Models 6050A and 6051A Multiple Input Electronic Load Mainframes ; Operating Manual ; HP Part No 06050-90001 ; March 1989 ; USA.
Pour les tests, on a choisi un Slew Rate assez Ă©levĂ© (Slew Rate #10). Le graphique ci-dessous permet dâobtenir le temps minimum de transition pour un taux de variation en courant de 90 % sur la courbe du Slew Rate #10. La lecture du graphique donne une valeur de 50 ”s.
Fig. 17 : Graphique des valeurs des temps de transition pour différentes valeurs de Slew Rate. Source : Hewlett Packard ; HP Models 6050A and 6051A Multiple Input Electronic Load Mainframes ; Operating Manual ; HP Part No 06050-90001 ; March 1989 ; USA.
La valeur du Slew Rate est calculĂ©e par le rapport entre lâexcursion en courant et le temps de transition : 14 A / 50 ”s = 280 A/ms.
Lorsque la fonction « Transient » est activĂ©e Ă la charge active et donc lorsque lâon effectue des sauts de courant de 1 A Ă 15 A, la tension de sortie du booster est observĂ©e sur un oscilloscope numĂ©rique.
Fig. 18 : Tension de sortie du booster lors de sauts de courants avec une frĂ©quence de rĂ©pĂ©tition de 10 kHz comme le montrent les deux barres verticales des deux curseurs de lâoscilloscope (100,0 ”s ; 10 kHz). EntrĂ©e DC Ă lâoscilloscope. Photo : ON4IJ.
Fig. 19 : La rĂ©ponse du booster Ă un saut de courant est trĂšs stable et le coefficient dâamortissement de la rĂ©gulation est optimal avec un faible Overshoot qui intervient aprĂšs 6,8 ”s. Photo : ON4IJ.
Fig. 20 : La régulation du booster est rapide ; le temps de recouvrement de tension est de 20,72 ”s. Photo : ON4IJ.
Fig. 21 : La valeur du pic de lâOvershoot est de 290 mV. Photo : ON4IJ.
Conclusions :
Il est judicieux dâalimenter un transceiver mobile ou un rĂ©pĂ©teur radio par lâintermĂ©diaire dâun booster de tension lorsque lâon utilise une batterie 12 V qui est en dĂ©charge sans ĂȘtre rechargĂ©e par lâalternateur dâune voiture qui est Ă lâarrĂȘt ou dans le cas dâun rĂ©pĂ©teur radio dont lâalimentation est secourue par une batterie 12 V. En effet, cela permet de bĂ©nĂ©ficier de la pleine puissance du PA de la partie Ă©mettrice comme le constructeur lâa prĂ©vu sous une tension nominale de 13,8 V.
Il y a lieu dâeffectuer quelques mesures sur un booster de tension avant de le valider pour une application avec du matĂ©riel de tĂ©lĂ©communication par radio. Les signaux parasites Ă la sortie du booster ne doivent pas perturber la sensibilitĂ© de rĂ©ception du transceiver ou du rĂ©pĂ©teur radio dans la bande de frĂ©quence utilisĂ©e.
Enfin, un booster de tension Ă©tant constituĂ© dâun systĂšme rĂ©gulĂ©, celui-ci doit ĂȘtre stable, rapide et prĂ©cis.
Cet article a Ă©tĂ© rĂ©digĂ© suite Ă la validation dâun booster de tension pour une alimentation secourue des relais UHF ON0LGE Ă Retinne en province de LiĂšge.
Comme toujours bonne lecture et vos avis sont les bienvenus.
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