
LâaccĂšs Ă Internet sans fil est en hausse tant dans les sociĂ©tĂ©s de consommation modernes que dans les pays en dĂ©veloppement.
Dans les pays riches, cependant, lâaccent est mis sur la connectivitĂ© permanente et sur des vitesses dâaccĂšs de plus en plus Ă©levĂ©es. Dans les pays pauvres, en revanche, la connectivitĂ© est assurĂ©e par des rĂ©seaux beaucoup plus techniques et souvent asynchrones.
Alors que lâapproche high-tech pousse de plus en plus les coĂ»ts et la consommation dâĂ©nergie dâInternet, les alternatives low-tech aboutissent Ă des rĂ©seaux beaucoup moins chers et trĂšs Ă©coĂ©nergĂ©tiques qui se combinent bien avec la production dâĂ©nergie renouvelable et rĂ©sistent aux perturbations.
Si nous voulons quâInternet continue de fonctionner dans des circonstances oĂč lâaccĂšs Ă lâĂ©nergie est plus limitĂ©, nous pouvons tirer des leçons importantes des technologies de rĂ©seau alternatif. Mieux encore, il nâest pas nĂ©cessaire dâattendre que les gouvernements ou les entreprises dĂ©cident : nous pouvons construire notre propre infrastructure de communication rĂ©siliente si nous coopĂ©rons les uns avec les autres. Ceci est dĂ©montrĂ© par plusieurs rĂ©seaux communautaires en Europe, dont le plus grand compte dĂ©jĂ plus de 35â000 utilisateurs.
Image : Un nĆud dans le rĂ©seau Ă©cossais Tegola .
Plus de la moitiĂ© de la population mondiale nâa pas accĂšs au Web «âmondialâ». JusquâĂ prĂ©sent, Internet est principalement un phĂ©nomĂšne urbain, notamment dans les pays «âen dĂ©veloppementâ». Les entreprises de tĂ©lĂ©communication hĂ©sitent gĂ©nĂ©ralement Ă Ă©tendre leur rĂ©seau Ă lâextĂ©rieur des villes en raison de la combinaison de coĂ»ts dâinfrastructure Ă©levĂ©s, de faible densitĂ© de population, de capacitĂ© limitĂ©e Ă payer pour les services et dâune infrastructure Ă©lectrique peu fiable ou inexistante. MĂȘme dans les rĂ©gions Ă©loignĂ©es des pays «âdĂ©veloppĂ©sâ», la connectivitĂ© Internet nâest pas toujours disponible.
Des entreprises Internet telles que Facebook et Google font rĂ©guliĂšrement les manchettes avec des plans pour connecter ces rĂ©gions Ă©loignĂ©es Ă Internet. Facebook tente dây parvenir avec des drones, tandis que Google compte sur les ballons Ă haute altitude. Il existe des dĂ©fis technologiques majeurs, mais la principale objection Ă ces plans est leur caractĂšre commercial. Ăvidemment, Google et Facebook veulent connecter plus de gens Ă Internet parce que cela augmenterait leurs revenus. Facebook reçoit surtout beaucoup de critiques, car son rĂ©seau fait la promotion de son propre site en particulier et bloque la plupart des autres applications internet. [1]
Pendant ce temps, plusieurs groupes de recherche et les amateurs de rĂ©seaux ont dĂ©veloppĂ© et mis en Ćuvre des technologies de rĂ©seau alternatif beaucoup moins cher pour rĂ©soudre ces problĂšmes. Bien que ces rĂ©seaux de faible technologie aient fait leurs preuves, ils ont reçu beaucoup moins dâattention. Contrairement aux projets des sociĂ©tĂ©s Internet, ils sont mis en place par de petites organisations ou par les utilisateurs eux-mĂȘmes. Cela garantit un rĂ©seau ouvert qui profite aux utilisateurs au lieu dâune poignĂ©e de sociĂ©tĂ©s. En mĂȘme temps, ces rĂ©seaux low Tech sont trĂšs Ă©conomes en Ă©nergie.
Réseaux longue distance basés sur WiFi
La plupart des rĂ©seaux low Tech sont basĂ©s sur le WiFi, la mĂȘme technologie qui permet lâaccĂšs mobile Ă Internet dans la plupart des foyers occidentaux. Comme nous le savons, le partage de ces appareils pourrait fournir un accĂšs mobile gratuit dans les villes densĂ©ment peuplĂ©es. Mais la technologie peut ĂȘtre Ă©galement utile dans les zones faiblement peuplĂ©es. Bien que la norme WiFi ait Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e pour la communication de donnĂ©es Ă courte distance (avec une portĂ©e typique dâenviron 30 mĂštres), sa portĂ©e peut ĂȘtre Ă©tendue grĂące Ă des modifications de la couche MAC (Media Access Control) dans le protocole rĂ©seau, Ă lâaide dâamplificateurs et des antennes directionnelles. (2)
La plus longue liaison Wi-Fi non amplifiĂ©e est une connexion point Ă point sans fil de 384 km entre Pico El Ăguila et PlatillĂłn au Venezuela, Ă©tablie il y a quelques annĂ©es. (3,4). Toutefois, les rĂ©seaux interurbains basĂ©s sur le rĂ©seau Wi-Fi consistent gĂ©nĂ©ralement en une combinaison de liaisons point Ă point plus courtes, chacune dâune longueur comprise entre quelques kilomĂštres et une centaine de kilomĂštres au maximum. Ceux-ci sont combinĂ©s pour crĂ©er de plus grands rĂ©seaux multisauts. Les liaisons point Ă point, qui forment lâĂ©pine dorsale dâun rĂ©seau WiFi Ă longue portĂ©e, sont combinĂ©es avec des antennes omnidirectionnelles qui distribuent le signal aux mĂ©nages individuels (ou institutions publiques) dâune communautĂ©.
Un relais avec trois liaisons point à point et trois antennes sectorielles : Tegola
Les liaisons WiFi longue distance nécessitent une ligne de vue pour établir une connexion - en ce sens, la technologie ressemble au télégraphe au 18e siÚcle. [5]
Sâil nây a pas de ligne de vue entre deux points, un troisiĂšme relais est nĂ©cessaire pour voir les deux points, et le signal est envoyĂ© au relais intermĂ©diaire en premier. Selon le terrain et les obstacles particuliers, plus de moyens peuvent ĂȘtre nĂ©cessaires (6).
Les liaisons point Ă point comprennent gĂ©nĂ©ralement deux antennes directionnelles, lâune concentrĂ©e sur le nĆud suivant et lâautre sur le nĆud prĂ©cĂ©dent du rĂ©seau. Les nĆuds peuvent avoir plusieurs antennes avec une antenne par liaison point Ă point fixe pour chaque voisin (7). Cela permet aux protocoles de routage de maillage de sĂ©lectionner dynamiquement les liens Ă choisir pour le routage parmi ceux disponibles (8).
Les nĆuds de distribution sont gĂ©nĂ©ralement constituĂ©s dâune antenne sectorielle (une petite version de ce que vous voyez sur les antennes de tĂ©lĂ©phonie mobile) ou dâun routeur WiFi classique, ainsi que dâun certain nombre de rĂ©cepteurs dans la communautĂ© (6). Pour la communication WiFi Ă courte distance, il nây a pas dâexigence de ligne de vue entre lâĂ©metteur et le rĂ©cepteur (9).
Afin de permettre aux utilisateurs dâaccĂ©der Ă lâinternet dans le monde entier, un rĂ©seau WiFi longue portĂ©e devrait ĂȘtre connectĂ© au backbone principal dâInternet en utilisant au moins un «âbackhaulâ» ou un «ânĆud de passerelleâ». Cela peut ĂȘtre une connexion Ă distance ou Ă large bande (DSL, fibre ou satellite). Si un tel lien nâest pas Ă©tabli, les utilisateurs pourront toujours communiquer entre eux et consulter les sites Web configurĂ©s sur des serveurs locaux, mais ils ne pourront pas accĂ©der Ă Internet (10).
Avantages d’un WiFi longue portĂ©e
Le WiFi longue portĂ©e offre une bande passante Ă©levĂ©e (jusquâĂ 54 Mb/s) combinĂ©e Ă de trĂšs faibles coĂ»ts dâinvestissement. Parce que la norme WiFi bĂ©nĂ©ficie dâune large acceptation et a des volumes de production Ă©normes, les antennes sur Ă©tagĂšre et les cartes sans fil peuvent ĂȘtre achetĂ©es pour trĂšs peu dâargent (11). Alternativement, les composants peuvent ĂȘtre assemblĂ©s Ă partir de matĂ©riaux mis au rebut.
Tels que les anciens routeurs, les antennes paraboliques et les ordinateurs portables. Les protocoles comme WiLDNet fonctionnent sur un processeur de 266 MHz avec seulement 128 Mo de mĂ©moire, donc un vieil ordinateur fera lâaffaire (7).
Les nĆuds WiFi sont lĂ©gers et nâont pas besoin de tours coĂ»teuses, ce qui rĂ©duit encore les coĂ»ts en capital et minimise lâimpact des structures Ă construire (7). Plus rĂ©cemment, les unitĂ©s simples qui combinent lâantenne, la carte sans fil et le processeur sont devenues disponibles. Lâinstallation est trĂšs facile. Pour construire un relais, il suffit de connecter ces unitĂ©s avec des cĂąbles Ethernet qui transportent Ă la fois le signal et la puissance (6). Les unitĂ©s peuvent ĂȘtre montĂ©es dans des tours ou sur des mĂąts minces, Ă©tant donnĂ© quâelles offrent peu de prise au vent (3). Les exemples de fournisseurs de composants WiFi Ă longue portĂ©e sont Ubiquity, Alvarion et MikroTik et simple WiFi.
Le WiFi longue portĂ©e a Ă©galement de faibles coĂ»ts dâexploitation en raison des faibles besoins en Ă©nergie. Une installation sur un mĂąt composĂ©e de deux liens longue distance et dâune ou deux cartes sans fil pour la distribution locale consomme environ 30 watts (6, 12). Dans plusieurs rĂ©seaux de faible technologie, les nĆuds sont entiĂšrement alimentĂ©s par des panneaux solaires et des batteries. Un autre avantage important du WiFi Ă longue portĂ©e est quâil utilise des frĂ©quences sans licence (2,4 et 5 GHz, sâagissant dâune bande de frĂ©quences collectives), Ă©vitant ainsi les nĂ©gociations avec les opĂ©rateurs tĂ©lĂ©coms et le gouvernement. Cela ajoute Ă lâavantage de coĂ»t et permet essentiellement Ă quiconque de dĂ©marrer un rĂ©seau longue distance basĂ© sur WiFi (9).
Réseaux WiFi longue portée dans les pays pauvres
Les premiers rĂ©seaux WiFi longue portĂ©e ont Ă©tĂ© mis en place il y a dix ou quinze ans. Dans les pays pauvres, deux types principaux ont Ă©tĂ© construits. Le premier vise Ă fournir un accĂšs Internet aux habitants des villages reculĂ©s. Un exemple est le rĂ©seau Akshaya en Inde, qui couvre lâensemble de lâĂtat du Kerala et est lâun des plus grands rĂ©seaux sans fil au monde. Lâinfrastructure est construite autour dâenviron 2â500 «âcentres dâaccĂšs Ă lâinformatiqueâ», ouverts Ă la population locale - la propriĂ©tĂ© directe des ordinateurs est minime dans la rĂ©gion (13).
Un autre exemple, Ă©galement en Inde, concerne les rĂ©seaux AirJaldi qui fournissent un accĂšs Internet Ă environ 20â000 utilisateurs dans six Ătats, tous situĂ©s dans des rĂ©gions Ă©loignĂ©es et sur des terrains difficiles. La plupart des nĆuds de ce rĂ©seau fonctionnent Ă lâĂ©nergie solaire et la distance entre eux peut aller jusquâĂ 50 km ou plus (14). Dans certains pays africains, les rĂ©seaux WiFi locaux distribuent lâaccĂšs Ă Internet depuis une passerelle satellite (15, 16).
Un nĆud dans le rĂ©seau AirJaldi. Image : AirJaldi.
Un deuxiÚme type de réseau WiFi longue distance dans les pays pauvres vise à fournir de la télémédecine aux communautés isolées. Dans les régions reculées, les soins de santé sont souvent assurés par des postes de santé peu équipés et fréquentés par des techniciens de santé à peine formés (17). Les réseaux WiFi longue portée peuvent relier les hÎpitaux urbains à ces postes de santé périphériques, permettant aux médecins de soutenir à distance des infirmiers en utilisant des transferts de fichiers haute résolution et des outils de communication en temps réel basé sur la voix et la vidéo.
Un exemple est le lien entre Cabo Pantoja et Iquitos dans la province de Loreto au PĂ©rou, qui a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 2007. Le rĂ©seau de 450 km se compose de 17 tours distantes de 16 Ă 50 km. La ligne relie 15 avant-postes mĂ©dicaux dans des villages Ă©loignĂ©s avec lâhĂŽpital principal dâIquitos et vise Ă un diagnostic Ă distance des patients (17, 18). Tout lâĂ©quipement est alimentĂ© par des panneaux solaires (18, 19). Dâautres exemples rĂ©ussis de rĂ©seaux de tĂ©lĂ©mĂ©decine WiFi Ă longue portĂ©e ont Ă©tĂ© construits en Inde, au Malawi et au Ghana (20, 21).
RĂ©seaux communautaires WiFi en Europe
Les rĂ©seaux de basse technologie dans les pays pauvres sont mis en place par des ONG, des gouvernements, des universitĂ©s ou des entreprises. En revanche, la plupart des rĂ©seaux interurbains basĂ©s sur le WiFi dans les rĂ©gions Ă©loignĂ©es des pays riches sont des «ârĂ©seaux communautairesâ» : les utilisateurs eux-mĂȘmes construisent, possĂšdent, alimentent et entretiennent lâinfrastructure. Similaire Ă lâapproche sans fil partagĂ©e dans les villes, le partage rĂ©ciproque des ressources constitue la base de ces rĂ©seaux : les participants peuvent Ă©tablir leur propre nĆud et se connecter au rĂ©seau (gratuitement), Ă condition que leur nĆud permette Ă©galement le trafic des autres membres. Chaque nĆud agit comme un pĂ©riphĂ©rique de routage WiFi qui fournit des services de transfert IP et une liaison de donnĂ©es Ă tous les utilisateurs et nĆuds qui y sont connectĂ©s (8, 22).
Par consĂ©quent, avec chaque nouvel utilisateur, le rĂ©seau devient plus grand. Il nây a pas de planification globale a priori. Un rĂ©seau communautaire se dĂ©veloppe Ă partir de la base, en fonction des besoins de ses utilisateurs, Ă mesure que des nĆuds et des liens sont ajoutĂ©s ou mis Ă niveau selon les modĂšles de la demande. La seule considĂ©ration est de connecter un nĆud dâun nouveau participant Ă un participant existant. Lorsquâun nĆud est opĂ©rationnel, il le dĂ©couvre «âvoisinâ», lui attribue une adresse IP unique, puis Ă©tablit les itinĂ©raires les plus appropriĂ©s au reste du rĂ©seau, en tenant compte de la qualitĂ© des liens. Les rĂ©seaux communautaires sont ouverts Ă la participation de tous, parfois selon un accord dâĂ©change de trafic ouvert (8, 9, 19, 22).
Liens sans fil dans le réseau espagnol Guifi : Crédit
MalgrĂ© le manque de statistiques fiables, les rĂ©seaux communautaires semblent plutĂŽt performants, et il existe plusieurs grands rĂ©seaux en Europe, tels que : Guifi.net (Espagne), Athens Wireless Metropolitan Network (GrĂšce), FunkFeuer (Autriche) et Freifunk (Allemagne) (8, 22, 23, 24). Le rĂ©seau espagnol est le plus grand rĂ©seau interurbain basĂ© sur le WiFi dans le monde avec plus de 50â000 kilomĂštres de liaisons, bien quâune petite partie soit basĂ©e sur des liaisons par fibre optique. La plus grande partie est situĂ©e dans les PyrĂ©nĂ©es catalanes, lâune des rĂ©gions les moins peuplĂ©es dâEspagne. Le rĂ©seau a Ă©tĂ© lancĂ© en 2004 et compte maintenant prĂšs de 30â000 nĆuds, contre 17â000 en 2012 (8, 22).
Le site Guifi.net fournit un accĂšs internet aux particuliers, entreprises, administrations et universitĂ©s. En principe, le rĂ©seau est installĂ©, alimentĂ© et entretenu par ses utilisateurs, bien que des Ă©quipes de bĂ©nĂ©voles et mĂȘme des installateurs commerciaux soient prĂ©sents pour aider. Certains nĆuds et mises Ă niveau de backbone ont Ă©tĂ© financĂ©s avec succĂšs par des bĂ©nĂ©ficiaires indirects du rĂ©seau (8, 22).
Performance des réseaux de faible technologie
Alors, quâen est-il de la performance des rĂ©seaux low-Techâ? Que peut-on faire avec euxâ?
La bande passante disponible par utilisateur peut varier Ă©normĂ©ment, en fonction de la bande passante du (des) nĆud(s) de la passerelle et du nombre dâutilisateurs, entre autres facteurs. Les rĂ©seaux WiFi longue distance destinĂ©s Ă la tĂ©lĂ©mĂ©decine dans les pays pauvres ont peu dâutilisateurs et un bon backhaul, ce qui se traduit par une bande passante Ă©levĂ©e (+ 40 Mb/s). Cela leur donne une performance similaire Ă celle des connexions par fibre dans le monde dĂ©veloppĂ©. Une Ă©tude de (une petite partie) du rĂ©seau communautaire Guifi.net, qui compte des dizaines de nĆuds de passerelle et des milliers dâutilisateurs, a montrĂ© un dĂ©bit moyen de 2 Mb/s, ce qui est comparable Ă une connexion DSL relativement lente. Le dĂ©bit rĂ©el par utilisateur varie de 700 kb/s Ă 8 Mb/s (25).
Cependant, les rĂ©seaux de faible technologie qui distribuent lâaccĂšs Ă Internet Ă une large base dâutilisateurs dans les pays en dĂ©veloppement peuvent avoir une bande passante beaucoup plus limitĂ©e par utilisateur. Par exemple, un campus universitaire du Kerala (Inde) utilise une connexion Internet de 750 kb/s partagĂ©e par 3â000 membres du corps professoral et des Ă©tudiants opĂ©rant Ă partir de 400 machines, oĂč presque toutes les machines sont utilisĂ©es pendant les heures de pointe.
Par consĂ©quent, la bande passante moyenne la plus dĂ©favorable disponible par machine est dâenviron 1,9 kb/s, ce qui est lent mĂȘme par rapport Ă une connexion commutĂ©e (56 kb/s). Et cela peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une trĂšs bonne connectivitĂ© par rapport aux milieux ruraux typiques dans les pays pauvres. (26). Pour aggraver les choses, ces rĂ©seaux doivent souvent faire face Ă une alimentation Ă©lectrique intermittente.
Photo : Un nĆud dans le rĂ©seau communautaire espagnol Guifi.
Dans ces circonstances, mĂȘme les applications Internet les plus courantes ont des performances mĂ©diocres ou ne fonctionnent pas du tout. Le modĂšle de communication dâInternet repose sur un ensemble dâhypothĂšses de rĂ©seau, appelĂ© le protocole TCP/IP. Ceux-ci comprennent lâexistence dâun chemin de bout en bout bidirectionnel entre la source (par exemple le serveur dâun site Web) et la destination (lâordinateur de lâutilisateur), de courts dĂ©lais aller-retour et de faibles taux dâerreur.
Beaucoup de rĂ©seaux de basse technologie dans les pays pauvres ne se conforment pas Ă ces hypothĂšses. Ils sont caractĂ©risĂ©s par une connectivitĂ© intermittente ou «âpartitionnement de rĂ©seauâ» - lâabsence dâun chemin de bout en bout entre la source et la destination - des retards longs et variables, et des taux dâerreur Ă©levĂ©s (21, 27, 28).
Réseaux à tolérance de retard
NĂ©anmoins, mĂȘme dans de telles conditions, Internet pourrait parfaitement fonctionner. Les problĂšmes techniques peuvent ĂȘtre rĂ©solus en sâĂ©loignant du modĂšle permanent des rĂ©seaux traditionnels et en concevant des rĂ©seaux basĂ©s sur la communication asynchrone et la connectivitĂ© intermittente. Ces «ârĂ©seaux tolĂ©rants aux retardsâ» (DTN) ont leurs propres protocoles spĂ©cialisĂ©s superposĂ©s aux protocoles infĂ©rieurs et nâutilisent pas TCP. Ils permettent de surmonter les problĂšmes de connectivitĂ© intermittente et de longs dĂ©lais en utilisant la commutation de messages en diffĂ©rĂ©.
Les informations sont transfĂ©rĂ©es dâun emplacement de stockage sur un nĆud Ă un emplacement de stockage sur un autre nĆud, le long dâun chemin qui atteint Ă©ventuellement sa destination. Contrairement aux routeurs Internet traditionnels, qui stockent uniquement les paquets entrants pendant quelques millisecondes sur les puces Ă mĂ©moire, les nĆuds dâun rĂ©seau tolĂ©rant au retard ont un stockage persistant (tels que les disques durs) qui peut contenir des informations indĂ©finiment (27, 28).
Les rĂ©seaux Ă tolĂ©rance de retard ne nĂ©cessitent pas de chemin de bout en bout entre la source et la destination. Les donnĂ©es sont simplement transfĂ©rĂ©es dâun nĆud Ă un autre. Si le nĆud suivant est indisponible en raison de retards importants ou dâune coupure de courant, les donnĂ©es sont stockĂ©es sur le disque dur jusquâĂ ce que le nĆud redevienne disponible. MĂȘme si les donnĂ©es peuvent prendre beaucoup de temps Ă se dĂ©placer de la source Ă la destination, un rĂ©seau Ă tolĂ©rance de retard assure lâarrivĂ©e de ces donnĂ©es.
Les rĂ©seaux tolĂ©rants aux retards diminuent encore les coĂ»ts en capital et la consommation dâĂ©nergie, ce qui permet lâutilisation la plus efficace des ressources rares. Ils continuent Ă travailler avec un approvisionnement Ă©nergĂ©tique intermittent et ils se combinent bien avec des sources dâĂ©nergie renouvelable : les panneaux solaires ou les Ă©oliennes pourraient alimenter les nĆuds du rĂ©seau uniquement lorsque le soleil brille ou que le vent souffle, Ă©liminant ainsi le besoin de stockage dâĂ©nergie.
Mules de données
Le rĂ©seautage tolĂ©rant les retards peut prendre des formes surprenantes, en particulier lorsquâil profite de certains moyens de communication non traditionnels, tels que les «âmules de donnĂ©esâ». [11,29] Dans de tels rĂ©seaux, les technologies de transport conventionnelles â autobus, voitures, motocyclettes, trains, bateaux, avions â sont utilisĂ©es pour transporter les messages dâun endroit Ă un autre de maniĂšre stockĂ©e et retransmise.
Les exemples sont DakNet et KioskNet, qui utilisent des bus comme mules de donnĂ©es (30, 34). Dans de nombreuses rĂ©gions en dĂ©veloppement, les lignes de bus rurales visitent rĂ©guliĂšrement les villages et les villes qui nâont pas de connectivitĂ© rĂ©seau. En Ă©quipant chaque vĂ©hicule dâun ordinateur, dâun pĂ©riphĂ©rique de stockage et dâun nĆud WiFi mobile dâune part, et en installant un nĆud WiFi stationnaire dans chaque village dâautre part, lâinfrastructure de transport locale peut se substituer Ă une liaison internet sans fil (11).
Image AirJaldi.
Les donnĂ©es sortantes (telles que les e-mails envoyĂ©s ou les demandes de pages Web) sont stockĂ©es sur les ordinateurs locaux dans le village jusquâĂ ce que le bus arrive. Ă ce stade, le nĆud WiFi fixe de lâordinateur local transmet automatiquement les donnĂ©es au nĆud WiFi mobile du bus. Plus tard, lorsque le bus arrive Ă un concentrateur connectĂ© Ă Internet, les donnĂ©es sortantes sont transmises du nĆud WiFi mobile au nĆud passerelle, puis Ă Internet. Les donnĂ©es envoyĂ©es au village prennent le chemin inverse. Le chauffeur de bus ou de donnĂ©es ne nĂ©cessite aucune compĂ©tence particuliĂšre et ignore totalement les transferts de donnĂ©es. Il ou elle nâa pas besoin de faire autre chose que dâentrer dans la gamme des nĆuds (30, 31).
Lâutilisation de mules de donnĂ©es offre des avantages supplĂ©mentaires par rapport aux rĂ©seaux plus «âsophistiquĂ©sâ» tolĂ©rants au retard. Un rĂ©seau WiFi «âdrive -byâ» permet dâutiliser de petits appareils radio Ă faible coĂ»t et Ă faible consommation, qui ne nĂ©cessitent pas de visibilitĂ© directe et, par consĂ©quent, pas de pylĂŽne - rĂ©duisant encore les coĂ»ts en capital et la consommation dâĂ©nergie des rĂ©seaux informatiques (30, 31, 32).
Lâutilisation de liaisons WiFi Ă courte distance entraĂźne Ă©galement une bande passante plus Ă©levĂ©e par rapport aux liaisons WiFi longue distance, ce qui rend les mules de donnĂ©es plus adaptĂ©es au transfert de fichiers plus volumineux. En moyenne, 20 Mo de donnĂ©es peuvent ĂȘtre dĂ©placĂ©s dans chaque direction lorsquâun bus passe par un nĆud WiFi fixe (30, 32). Dâautre part, la latence (lâintervalle de temps entre lâenvoi et la rĂ©ception des donnĂ©es) est gĂ©nĂ©ralement plus Ă©levĂ©e que sur les liens WiFi Ă longue portĂ©e. Un seul bus qui passe par un village une fois par jour donne une latence de 24 heures.
Logiciel tolérant aux délais
Ăvidemment, un rĂ©seau tolĂ©rant au retard (DTN), quelle que soit sa forme, nĂ©cessite Ă©galement de nouveaux logiciels : des applications qui fonctionnent sans rĂ©seau de bout en bout connectĂ© (11). De telles applications personnalisĂ©es sont Ă©galement utiles pour les rĂ©seaux synchrones Ă faible bande passante. Le courrier Ă©lectronique est relativement facile Ă adapter Ă la connectivitĂ© intermittente, car il sâagit dâune mĂ©thode de communication asynchrone en soi. Un client de messagerie compatible DTN stocke les messages sortants jusquâĂ ce quâune connexion soit disponible. Bien que les e-mails puissent prendre plus de temps pour atteindre leur destination, lâexpĂ©rience utilisateur ne change pas vraiment.
Un nĆud WiFi Freifunk est installĂ© Ă Berlin, en Allemagne. Image : WikipĂ©dia Commons.
La navigation et la recherche sur le Web nĂ©cessitent plus dâadaptations. Par exemple, la plupart des moteurs de recherche optimisent la vitesse, en supposant quâun utilisateur peut rapidement parcourir les liens renvoyĂ©s et exĂ©cuter immĂ©diatement une seconde recherche si le premier rĂ©sultat est inadĂ©quat. Cependant, dans les rĂ©seaux intermittents, plusieurs tours de recherche interactive seraient impraticables (26, 35). Les moteurs de recherche asynchrones optimisent la bande passante plutĂŽt que le temps de rĂ©ponse (26, 30, 31, 35, 36). Par exemple, RuralCafe dĂ©synchronise le processus de recherche en exĂ©cutant de nombreuses tĂąches de recherche hors ligne, affinant la requĂȘte de recherche en fonction dâune base de donnĂ©es de recherches similaires. La rĂ©cupĂ©ration rĂ©elle dâinformations Ă lâaide du rĂ©seau nâest effectuĂ©e que lorsque cela est absolument nĂ©cessaire.
Certains navigateurs compatibles DTN tĂ©lĂ©chargent non seulement les pages Web explicitement demandĂ©es, mais Ă©galement les pages auxquelles les pages demandĂ©es sont liĂ©es (30). Dâautres sont optimisĂ©s pour renvoyer des rĂ©sultats Ă faible bande passante, qui sont obtenus par filtrage, analyse et compression sur le site du serveur. Un effet similaire peut ĂȘtre obtenu grĂące Ă lâutilisation dâun service comme : Loband, qui dĂ©pouille les pages Web dâimages, de vidĂ©os, de publicitĂ©s, de boutons de mĂ©dias sociaux, etc. En prĂ©sentant simplement le contenu textuel (26).
La navigation et la recherche sur les rĂ©seaux intermittents peuvent Ă©galement ĂȘtre amĂ©liorĂ©es par la mise en cache locale (stockage des pages dĂ©jĂ tĂ©lĂ©chargĂ©es) et la prĂ©extraction (tĂ©lĂ©chargement des pages qui pourraient ĂȘtre rĂ©cupĂ©rĂ©es Ă lâavenir). De nombreuses autres applications Internet pourraient Ă©galement ĂȘtre adaptĂ©es Ă des rĂ©seaux intermittents, tels que le remplissage de formulaires Ă©lectroniques, lâinteraction avec des sites de commerce Ă©lectronique, le logiciel de blogs, le tĂ©lĂ©chargement de gros fichiers, les mĂ©dias sociaux, etc. (11, 30). Toutes ces applications resteraient possibles, mais Ă des vitesses plus faibles.
Sneakernets
De toute Ă©vidence, les applications en temps rĂ©el telles que la tĂ©lĂ©phonie sur Internet, le streaming multimĂ©dia, le «âtchatingâ» ou la vidĂ©oconfĂ©rence sont impossibles Ă adapter aux rĂ©seaux intermittents, qui ne fournissent quâune communication asynchrone. Ces applications sont Ă©galement difficiles Ă exĂ©cuter sur des rĂ©seaux synchrones ayant une bande passante limitĂ©e. Parce que ce sont les applications qui sont en grande partie responsables de lâutilisation croissante de lâĂ©nergie sur Internet, on pourrait soutenir que leur incompatibilitĂ© avec les rĂ©seaux low Tech est en fait une bonne chose.
En outre, bon nombre de ces applications pourraient ĂȘtre organisĂ©es de diffĂ©rentes maniĂšres. Bien que les conversations vocales ou vidĂ©o en temps rĂ©el ne fonctionnent pas, il est parfaitement possible dâenvoyer et de recevoir des messages vocaux ou vidĂ©o. Et mĂȘme si la diffusion multimĂ©dia en continu ne peut pas se faire, le tĂ©lĂ©chargement dâalbums musicaux et de vidĂ©os reste possible. De plus, ces fichiers pourraient ĂȘtre «âtransmisâ» par la technologie internet la plus low-Tech disponible : un sneakernet. Dans un sneakernet, les donnĂ©es numĂ©riques sont transmises «âsans filâ» Ă lâaide dâun support de stockage tel quâun disque dur, une clĂ© USB, une carte flash ou un CD ou un DVD. Avant lâarrivĂ©e dâInternet, tous les fichiers informatiques Ă©taient Ă©changĂ©s via un sneakernet, utilisant des bandes ou des disquettes comme support de stockage.
Le remplissage dâun train de marchandises rempli de supports de stockage numĂ©riques pourrait battre nâimporte quel rĂ©seau numĂ©rique en termes de vitesse, de coĂ»t et dâefficacitĂ© Ă©nergĂ©tique. Image : WikipĂ©dia Commons.
Tout comme un rĂ©seau de data mules, un sneakernet implique un vĂ©hicule, un messager Ă pied, ou un animal (comme un pigeon voyageur). Cependant, dans un sneakernet, il nây a pas de transfert de donnĂ©es automatique entre le nĆud mobile (par exemple, un vĂ©hicule) et les nĆuds stationnaires (expĂ©diteur et destinataire). Au lieu de cela, les donnĂ©es doivent dâabord ĂȘtre transfĂ©rĂ©es de lâordinateur de lâexpĂ©diteur Ă un support de stockage portable. Ensuite, Ă lâarrivĂ©e, les donnĂ©es doivent ĂȘtre transfĂ©rĂ©es du support de stockage portable Ă lâordinateur du rĂ©cepteur (30). Un sneakernet nĂ©cessite donc une intervention manuelle, ce qui le rend moins pratique pour de nombreuses applications Internet.
Il y a des exceptions, cependant. Par exemple, un film nâa pas besoin dâĂȘtre transfĂ©rĂ© sur le disque dur de votre ordinateur pour le visionner. Vous jouez directement Ă partir dâun disque dur portable ou faites glisser un disque dans le lecteur DVD. De plus, un sneakernet offre Ă©galement un avantage important : de tous les rĂ©seaux low-Tech, il a le plus de bande passante disponible. Cela le rend parfaitement adaptĂ© Ă la distribution de gros fichiers tels que des films ou des jeux informatiques. En fait, lorsque de trĂšs gros fichiers sont impliquĂ©s, un sneakernet bat mĂȘme la connexion internet fibre la plus rapide. Ă des vitesses Internet infĂ©rieures, les sneakernets peuvent ĂȘtre avantageux pour des fichiers beaucoup plus petits.
Le progrĂšs technologique ne rĂ©duira pas lâavantage dâun sneakernet. Les supports de stockage numĂ©riques Ă©voluent au moins aussi vite que les connexions Internet et amĂ©liorent la communication de maniĂšre Ă©gale.
Réseaux résilients
Alors que la plupart des rĂ©seaux low Tech sâadresse Ă des rĂ©gions oĂč lâalternative est souvent lâabsence de connexion internet, leur utilitĂ© pour des zones bien connectĂ©es ne peut ĂȘtre nĂ©gligĂ©e. LâInternet tel que nous le connaissons dans le monde industrialisĂ© est le produit dâun approvisionnement Ă©nergĂ©tique abondant, dâune infrastructure Ă©lectrique robuste et dâune croissance Ă©conomique soutenue. Cet internet «âhigh-techâ» pourrait offrir des avantages fantaisistes par rapport aux rĂ©seaux low-Tech, mais il ne peut pas survivre si ces conditions changent. Cela le rend extrĂȘmement vulnĂ©rable.
En fonction de leur niveau de rĂ©silience, les rĂ©seaux de faible technologie peuvent continuer Ă fonctionner lorsque lâapprovisionnement en combustibles fossiles est interrompu, lorsque lâinfrastructure Ă©lectrique se dĂ©tĂ©riore, lorsque lâĂ©conomie sâarrĂȘte brutalement ou que dâautres calamitĂ©s se produisent. Un tel Internet low Tech nous permettrait de surfer sur le web, envoyer et recevoir des e-mails, faire des achats en ligne, partager du contenu, et ainsi de suite. Pendant ce temps, des mules de donnĂ©es et des sneakernets pourraient servir Ă gĂ©rer la distribution de gros fichiers tels que des vidĂ©os. Le remplissage dâun cargo ou dâun train rempli de supports de stockage numĂ©riques pourrait battre nâimporte quel rĂ©seau numĂ©rique en termes de vitesse, de coĂ»t et dâefficacitĂ© Ă©nergĂ©tique. Et si une telle infrastructure de transport nâĂ©tait plus disponible, nous pourrions toujours compter sur des messagers Ă pied, des vĂ©los cargo et des voiliers.
Un tel systĂšme hybride dâapplications en ligne et hors ligne resterait un rĂ©seau de communication trĂšs puissant - contrairement Ă tout ce que nous avions mĂȘme Ă la fin du XXe siĂšcle. MĂȘme si nous envisageons un scĂ©nario catastrophique dans lequel lâinfrastructure Internet plus large se dĂ©sintĂ©grerait, des rĂ©seaux isolĂ©s de faible technologie seraient encore des technologies de communication locales et rĂ©gionales trĂšs utiles. En outre, ils pourraient obtenir du contenu dâautres rĂ©seaux distants grĂące Ă lâĂ©change de supports de stockage portables.
LâInternet, semble-t-il, peut ĂȘtre aussi low-Tech ou high-tech que nous pouvons le permettre.
Source et notes :
Cet article est la traduction du site Lowtechmagazine.com de l'article « How to Build a Low-tech Internet » dont nous avons l'autorisation de publier. Il a été écrit le 26 octobre 2015 mais reste toujours d'actualité.
L'usage du Wifi entre dans les préoccupations journaliÚres du radioamateur, c'est pourquoi nous pensons que cela reste un point intéressant à débattre.
Voici les sources (en anglais) des points relevés :
DIY : Wireless networking in the developing world (Third Edition) est un livre gratuit sur la conception, la mise en Ćuvre et le maintien de rĂ©seaux sans fil Ă faible coĂ»t. Disponible en anglais, français et espagnol.
-
- (1) Connecting the unwired world with balloons, satellites, lasers & drones. Slashdot, 2015
- (2) A QoS-aware dynamic bandwidth allocation scheme for multi-hop WiFi-based long distance networks. Iftekhar Hussain et al. 2015
- (3) PDF - Long-distance, Low-Cost Wireless Data Transmission (PDF), Ermanno Pietrosemoli, 2011
- (4) This link could only be established thanks to the height of the endpoints (4,200 and 1,500 km) and the flatness of the middle ground. The curvature of the Earth makes longer point-to-point WiFi-links difficult to achieve because line of sight between two points is required.
- (5) Radio waves occupy a volume around the optical line, which must be unemcumbered from obstacles. This volume is known as the Fresnel ellipsoid and its size grows with the distance between the two end points and with the wavelength of the signal, which is in turn inversely proportional to the frequency. Thus, it is required to leave extra "elbow room" for the Fresnel zone (9)
- (6) A Brief History of the Tegola Project, Tegola Project, retrieved October 2015
- (7) WiLDNet: Design and Implementation of High Performance WiFi based Long Distance Networks (PDF), Rabin Patra et al., 2007
- (8) Topology Patterns of a Community Network: Guifi.net (PDF), Davide Vega et al., 2012
- (9) Global Access to the Internet for All, internet draft, Internet Engineering Task Force (IETF), 2015
- (10) This is what happened to Afghanistan's JLINK network when funding for the network's satellite link ran dry in 2012
- (11) The case for technology in developing regions (PDF), Eric Brewer et al., 2005
- (12) PDF - Beyond Pilots: Keeping Rural Wireless Networks Alive (PDF), Sonesh Surana et al., 2008
- (13) Akshaya.kerala.gov.in/
- (14) Main.airjaldi.com/
- (15) VillageCell: Cost Effective Cellular Connectivity in Rural Areas (PDF), Abhinav Anand et al., 2012
- (16) Deployment and Extensio of a Converged WiMAX/WiFi Network for Dwesa Community Area South Africa (PDF), N. Ndlovu et al., 2009
- (17) A telemedicine network optimized for long distances in the Amazonian jungle of Peru (PDF), Carlos Rey-Moreno, ExtremeCom '11, September 2011
- (18) Telemedicine networks of EHAS Foundation in Latin America, Ignacio Prieto-Egido et al., in "Frontiers in Public Health", October 15, 2014
- (19) The design of a wireless solar-powered router for rural environments isolated from health facilities (PDF), Francisco Javier Simo Reigadas et al., in "IEEE Wireless Communications", June 2008
- (20) On a long wireless link for rural telemedicine in Malawi (PDF), M. Zennaro et al., 2008
- (21) A Survey of Delay- and Disruption-Tolerant Networking Applications, Artemios G. Voyiatzis, 2012
- (22) Supporting Cloud Deployment in the Guifi Community Network (PDF), Roger Baig et al., 2013
- (23) A Case for Research with and on Community Networks (PDF), Bart Braem et.al, 2013
- (24) There are smaller networks in Scotland (Tegola), Slovenia (wlan slovenija), Belgium (Wireless Antwerpen), and the Netherlands (Wireless Leiden), among others. Australia has Melbourne Wireless. In Latin America, numerous examples exists, such as Bogota Mesh (Colombia) and Monte Video Libre (Uruguay). Some of these networks are interconnected. This is the case for the Belgian and Dutch community networks, and for the Slovenian and Austrian networks. [8,22,23]
- (25) Proxy performance analysis in a community wireless network, Pablo Pitarch Miguel, 2013
- (26) PDF - RuralCafe: Web Search in the Rural Developing World (PDF), Jay Chen et al., 2009
- (27) A Delay-Tolerant Network Architecture for Challenged Networks (PDF), Kevin Fall, 2003
- (28) Delay and Disruption-Tolerant Networks (DTNs) - A Tutorial (version 2.0) (PDF), Forrest Warthman, 2012
- (29) Healthcare Supported by Data Mule Networks in Remote Communities of the Amazon Region, Mauro Margalho Coutinho et al., 2014
- (30) First Mile Solutions Daknet Takes Rural Communities Online (PDF), Carol Chyau and Jean-Francois Raymond, 2005
- (31) DakNet: A Road to Universal Broadband Connectivity (PDF), Amir Alexander Hasson et al., 2003
- (32) DakNet - Architecture and Connectivity in Developing Nations (PDF), Madhuri Bhole, 2015
- (33) Delay Tolerant Networks and Their Applications, Longxiang Gao et al., 2015
- (34) Low-cost communication for rural internet kiosks using mechanical backhaul, A. Seth et al., 2006
- (35) Searching the World Wide Web in Low-Connectivity Communities (PDF), William Thies et al., 2002
- (36) Slow Search: Information Retrieval without Time Constraints (PDF), Jaime Teevan, 2013
- (37) Potential for Collaborative Caching and Prefetching in Largely-Disconnected Villages (PDF), Sibren Isaacman et al., 2008
Cet article peut ĂȘtre tĂ©lĂ©chargĂ© au format PDF. Il suffit de cliquer sur ce lien :