mercredi, mars 26

WELLER trop cher…

Jean-François Mussen

Trop grand, la vie n’a pas de prix !

Mais j’ai pas trouvé meilleur...

Mon fidèle Weller WECP-20 m’a lâché hier, alors que je terminais un bloc alim pour mon autre fer (Weller TCP) qui lui restera au hackerspace. Il ne me restait qu’une soudure à faire !

Il avait déjà, dans les derniers mois, montré des signes de faiblesse, que j’attribuais au cordon qui a bien 30 ans. Un petit coup contre le support et il recommençait à chauffer pour des heures et des jours… Bien, plus du tout cette fois-ci.

Soupçonnant le cordon, j’ouvre le fer, teste la continuité… qui bien sûr est Ok.
Ne reste que la résistance et le capteur de température. La résistance fait comme prévu autour de 11 ohms. Mais, le capteur de température est coupé… effectivement au démontage le fil est tombé ! La sonde est scellée au fond du tube.

Ça semble bien se présenter, il y a un numéro indiqué dessus : 5 26 410 99.

Petite recherche sur le net et je commence à trouver que ce capteur existe toujours et est disponible chez Farnell, RS et cie. Le prix va de 50 € à 79 € (hors FDP et TVA) : pour une sonde à quelque cent, c’est difficile à accepter. D’autant que vu l’âge du fer à souder, si la résistance me venait à me lâcher bientôt, cela sera double peine pour le portefeuille.

En cherchant un peu je trouve le schéma sur le net et constate qu’il s’agit d’une PTC (résistance qui augmente avec la température)… de 22 ohms à 0 °C ?

Il n’y a plus qu’à…

Sauf que non… pas moyen de trouver si petit, et même, je n’ai aucune idée de la technologie et de la courbe de température de ce truc.

On pourrait la remplacer par un potentiomètre 100 ohms 10 tours et déterminer l’allure de la courbe, non ?
Et ainsi éventuellement lui donner ce qu’il veut à partir d’un autre capteur ?

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En ajustant le potentiomètre 100 ohms pour les différentes consignes du fer, je trouve les valeurs dans lesquelles le fer croit mesurer la bonne température (il clignote lentement).

Je pensais utiliser des NTC d’imprimante 3D et faire une petite électronique qui transforme tout ça, mais les fils sont trop courts et aucun moyen de rabouter de façon fiable au milieu de la résistance qui chauffe jusqu’à 450 °C.

En continuant à fouiller mes tiroirs, je retrouve des PT100 (sondes PTC platine 100 ohms à 0 °C) qui sont très courantes. Comme le coefficient de température est dans le bon sens, j’utilise le tableau pour comparer avec ce que j’avais extrait du régulateur avec mon potentiomètre de simulation. Les courbes collent ! Je peux donc conclure que la sonde d’origine est ainsi une PT22 (sonde platine de 22 Ohms à 0 °C) moins standard que ça, tu meurs 🙂 La PT100 donne une valeur 4,55 fois trop grande (100/22).

En examinant le schéma, on y voit un diviseur constitué par la PTC et R4.
Comme la PTC passe de 22 ohms à 100 ohms, même punition pour R4 (1K) qui va être multipliée par le même rapport et passer à 4,5 k (3,3 k + 1,2 k en série).

La sonde faisant 100 mm, j’ai eu quelques difficultés à tout rentrer dans le fer. J’ai fileté la sonde pour y mettre un écrou qui la pousse contre la panne avec le ressort qui est dans le manche.

Si vous devez commander une sonde, il en existe des plus courtes et il suffira de raccourcir le tube de la sonde d’origine et l’y emmancher. La seule chose importante est que le bout de la sonde soit bien appuyé contre la panne par le ressort.

Un fer à souder Weller réparé pour 5 € ! Ce type de réparation/hack est également possible pour d’autres modèles de fer et bloc alimentation, notamment le WS81 dont le schéma est très similaire. Weller garde apparemment ses fers à PTC de 22 ohms dans sa gamme actuelle.

Weller abandonne la gamme de pannes PT pour les LT, toujours revêtues d’un matériau de très grande qualité, mais plus abordables. Ils vendent un kit  dont il est possible de se passer en coupant en deux une vieille panne (TCP-magnastat  ou ECP) pour faire l’adaptation au fer… s’assurer de la planéité pour avoir un excellent contact thermique entre panne et adaptateur.

Pour les TCP, on se fera une série avec les différents aimants :(températures 6, 7 et 8 pour moi).

En haut, le contenu du kit (magnastat n°7), en bas : 2 pannes PT(ecp et tcp n°7) et la panne LT

M’étant posé la question de remplacer le fer entier (LR21) par un neuf, quelle ne fut pas ma surprise de constater que le prix du fer seul était de 158 € hors taxes et port ! Plus cher qu’une station complète WE1010 TVA et port compris sur Amazon !

Je me suis alors souvenu pourquoi les contractors (américains) fabriquent encore à l’identique des équipements complètement dépassés depuis 50 ans et plus et les vendent à des prix hallucinants…
C’est la faute à l’armée américaine !

En effet, les procédures et manuels (encore plus dans l’aviation) sont figés depuis leur création et imposent spécifiquement tel ou tel matériel: pas question d’utiliser autre chose sous peine de devoir réécrire, réimprimer et rediffuser ces documents. Ça coûterait une fortune, sans compter la ré homologation du nouvel équipement et de toute la procédure à chaque modification même minime…  Le prix du matériel ancien ainsi remplacé à l’identique devient négligeable en rapport, même si le fabricant a crevé le plafond des prix !
Je vais faire grincer des dents, mais le fameux wattmètre BIRD 43 (750 $) et sa gamme de bouchons (300 $/ea) avec ses 5 % full scale en est un exemple typique ! Excellent, mais aussi cher qu’un transceiver !

Concernant les fers à souder, j’ai au cours de ma carrière utilisé d’autres marques, mais toujours revenu à WELLER… pas par fanatisme mais simplement parce que d’autres marques ne me permettent pas de me procurer pannes et pièces de qualité facilement et au long des années.
La principale qualité étant à mon sens le matériau recouvrant le bout de la panne et la capacité de chauffe. Le matériau de recouvrement des fers chinois étant à chaque fois du "cochonium", il ne faut même pas m’en parler… tout comme la soudure sans plomb…

WELLER trop cher © 2025 by JF Mussen (ON1KFK) is licensed under Creative Commons Attribution-NonCommercial-ShareAlike 4.0 International

Author Profile

Jean-François Mussen

Depuis mon plus jeune âge, je suis animé par une passion profonde pour l’électronique, l’aviation et la plongée. À 14 ans, j’ai conçu mon premier émetteur, posant ainsi les bases d’un parcours riche en expériences techniques. Durant mes études en électronique, je passais mes fins d’après-midi dans l’atelier de Servais Penay, perfectionnant mes compétences. Un emploi d’été chez ICEM à Liège m’a permis, en 1979, de constituer mon propre laboratoire. J’ai obtenu ma licence ON1 en 1981.

Après une période d’inactivité depuis le milieu des années 90, où je travaillais sur l’instrumentation de bancs d’essai moteur chez Safran, j’ai renoué avec la radio grâce à l’acquisition d’un analyseur HP E4411b. Cet appareil a ravivé ma passion et m’a poussé à reprendre contact avec mes amis radioamateurs. L’électronique radio a toujours fait partie de moi, et j’ai même réalisé quelques projets commerciaux dans ce domaine. Toutefois, je reste peu actif sur les ondes, privilégiant la technique au trafic.