Des radioamateurs bénévoles du B-EARS viennent en aide lors des inondations

Des radioamateurs bénévoles du B-EARS viennent en aide lors des inondations

Partout dans le monde, les radioamateurs bénévoles apportent toujours leur aide que ce soit dans le cas d’une panne de grande ampleur ou lors de perturbations dans les communications vitales des différents services d’urgence.

En Belgique comme dans les pays limitrophes, les radioamateurs se sont organisés en se regroupant et en adoptant des lignes directrices afin d’être le plus efficace possible. Le B-EARS a déjà été  contacté par deux des ADRASEC et par sa consœur luxembourgeoise. Nos collègues néerlandophones ont déjà établi les connections avec l’Allemagne : le DARC. Un exercice impliquant différents pays européens était planifié et la date arrêtée mais la pandémie est arrivée et l’organisation préalable supposait des déplacements et des rencontres incompatibles avec les règles épidémiologiques en vigueur.

Tôt le matin du vendredi 16 juillet, un commissariat du Brabant wallon avait son rez-de-chaussée inondé donc il était Off Grid. L’alimentation de secours du bâtiment a pris le relais.

Depuis le Centre de Crise de la Province du Brabant wallon et, à la demande du Gouverneur, des volontaires du Réseau radio d’urgence B-EARS du Brabant wallon ont été déployés à partir de  09h00 lorsque le bâtiment de la police de Wavre et d’autres lieux de départs ambulances étaient Off Grid ou sous eau.

Des passionnés de radio bénévoles ont fourni le lien radio nécessaire à l’ensemble de la société civile, offrant ainsi un soutien qui a été bien accueilli par les différentes autorités.
Plusieurs coupures de courant locales ont également eu lieu à Liège, au Luxembourg et dans le Brabant wallon. Ici aussi, ces radioamateurs bénévoles étaient au niveau un de la procédure de  mobilisation. https://www.uba.be/fr/proc-dure-mobilisaton-b-ears

(Photo FB Philippe Rouveroux ©)

Il y a ce point important de rappeler que la licence radioamateur parfois obtenue avec de grands efforts pour certains, ne nous permet en aucun cas d’établir des communications pour des tiers.
Tous ceux qui ont passé une des licences s’en souviennent certainement. Pour les plus anciens, les textes consacraient le monopole de ce type de communications à la RTT.
Tous ceux qui ont vécu les premières connexions numériques via une ligne internet doivent aussi s’en souvenir.

En d’autres termes, notre licence de radioamateur, ne nous permet pas de nous substituer aux différents opérateurs soit de téléphonie ou de mobilophonie. J’ai bien compris la frustration de  certains om’s qui ne concevaient pas que les radioamateurs ne soient pas présents au sein de la population vivant un désastre comme n’en a que rarement connu certaines provinces de la Belgique.

Il est bon de rappeler qu’avant l’existence du B-EARS, il n’y avait que le Réseau d’Urgence qui permettait à des radioamateurs dûment autorisés d’établir des liaisons pour la Croix-Rouge. Il existe
encore toujours une Convention entre S.A.R. le Prince Albert de Belgique (Président CR) et René Vanmuysen ON4VY, Président de l’UBA le 3 mars 1962. Encore fallait-il demander une licence  uniquement portable avec la mention adéquate et quelques licences fixes au sein de chaque province de Belgique. Suite aux multiples réformes constitutionnelles la Rode Kruis a mis fin à cette
Convention. La Croix-Rouge, côté Communauté française, ne l’a pas dénoncée mais celle-ci est tombée en désuétude ou est utilisée de manière sporadique sur le territoire de la Région bruxelloise.

Suite aux attentats aux Etats-Unis, un mouvement a revitalisé la volonté des radioamateurs de vouloir servir la population lors de certains événements. Le B-EARS était né. Après une brève  collaboration avec le FOD IBZ, une Convention de collaboration a été signée entre l’UBA et le Centre Régional de Crise Wallon. Cette Convention est renouvelée régulièrement et cette  collaboration nous permet d’installer antennes et câbles sur certains bâtiments du SPW qui nous permettent ainsi de bonnes couvertures radio sur certaines régions.

Une première Convention de collaboration entre l’UBA B-EARS et la Province du Brabant wallon a été conclue entre le Gouverneur Gilles Mahieu et le Président de l’UBA en 2019. D’autres  Conventions de ce type sont en voie de finalisation ou déjà envisagées avec les Gouverneurs des autres Provinces. Le B-EARS est encore en contact avec la Task Force ICM de la Protection Civile.

Toujours le vendredi 16 juillet à partir de 13h00, le 112 Mons nous rapporte que la couverture des moyens habituels de communications des services de secours se dégradaient encore un peu plus.
Celui-ci a donc sollicité une montée en puissance des moyens radioamateurs. Ce sont une trentaine de volontaires (du Hainaut, du Brabant wallon et de Namur) qui ont été déployés. Des renforts de la Flandre (dont entre autre ON4BWT, ON4AAA…) et Namur étaient aussi en stand-by afin de rejoindre soit le 112 Bruxelles soit le 112 Namur évoqué comme replis potentiels.

Les volontaires B-EARS ont pu ainsi relier les services d’incendie et les services d’ambulances désignés, ainsi que les services médicaux d’urgence, le poste de Commandement principal à Wavre (le Centre de Crise du Gouverneur et le Poste de Commandement multidisciplinaire de terrain) ainsi que le « Call Center » 112 à Mons.

(Photo : Liège, en Belgique, est touchée par d’importantes inondations. — Shutterstock/SIPA ©)

Le tout fonctionnant selon le Band planning B-EARS en VHF sans station relais ni Internet et indépendamment du réseau électrique fixe.
Selon le Directeur de l’Information du Cabinet du Gouverneur Brabant wallon (D5), Marc Lerch : « C’est parce que les radioamateurs sont autosuffisants et s’engagent à gérer et entretenir leur propre équipement qu’ils peuvent fonctionner avec une certaine autonomie « .

Ces différentes étapes se sont déroulées en contact étroit avec notre autorité de régulation l’IBPT qui a suivi du début à la fin l’activité. Nous étions donc bien dans les conditions d’exceptions  d’établissement de communications pour des tiers. Notre contact à l’IBPT, Monsieur Ben Deschacht, a proposé de prendre des dispositions pour interdire toutes autres émissions en dehors du B-EARS sur les fréquences utilisées à ce moment-là. Nous avons refusé poliment en comptant sur l’autodiscipline des autres radioamateurs et l’HAM spirit nous a donné raison.

C’est aussi le moment de relever que grâce à l’intervention à plusieurs reprises de l’UBA lors des différentes versions des textes régissant notre hobby, nous sommes passés de la capacité d’établir  des liaisons pour la Croix Rouge à pouvoir établir des liaisons pour les services de secours (aussi bien lors d’exercices que dans le cas de catastrophes comme celles que nous avons connues). En  dehors de ces prescriptions légales, le fait de sortir de nos prérogatives met la détention de notre licence de radioamateur en danger voire de suspension temporaire ou de révocation définitive.

Souhaitons que ces explications permettent à certains om’s de comprendre que le réseau B-EARS ne peut être déployés que suivant certaines dispositions réglementaires même si le contexte émotionnel nous incite à nous mettre au service de la population en général. Il est nécessaire d’avoir une demande des autorités afin d’activer ce type de réseau. En attendant et en fonction des informations reçues, nous pouvons, au moins, nous préparer afin d’être le plus efficace possible au moment de recevoir le GO.

Les moyens habituels de communications des services de secours n’ont été perturbés qu’une demi-heure et pendant ce temps, le réseau radio B-EARS a été en mesure d’aider les services d’urgence et d’assurer une communication essentielle entre les centres d’urgence. »
Le réseau B-EARS a été fermé à 18 heures, alors que tout était rentré dans l’ordre.

Malgré tout cela, il faut tenir compte que le réseau B-EARS n’a pas suffisamment de volontaires afin d’assurer tous ses objectifs au sein des différentes provinces belges. Donc, si vous êtes  intéressés, renseignez-vous auprès des différents points de contact autour de vous, parfois même dans votre section ! : https://www.uba.be/fr/whos-who-b-ears

La première objection est le matériel qui coûte cher, en fait, pour l’essentiel on vous sollicite avec le matériel V/UHF que vous utilisez tous les jours (de préférence mobile). Les formations vous
aideront à comprendre le jargon utilisé par nos interlocuteurs.

Il reste qu’il faut bien réfléchir car il s’agit d’un engagement : celui de faire son possible pour être disponible pour quelques exercices par année (ils vous aideront à pratiquer l’émission dans un  réseau dirigé et utiliser la procédure et le jargon spécifique). Bien entendu des empêchements professionnels ou familiaux font que chacun d’entre nous n’est pas disponible H24 donc à chacun de
faire la balance entre ces derniers au vu du nombre d’exercices par année. Avec un peu de volonté, il y a toujours moyen de se libérer au moins une fois. Plus nous seront nombreux, plus il sera aisé
de répartir la charge.

Il faut aussi faire preuve d’une certaine autonomie avec son matériel (c’est le moment de découvrir le mode d’emploi de votre émetteur que peu d’om’s lisent complètement). Avoir avec soi l’un ou
l’autre adaptateur N vers PL et inversement pour les installations antennes et coax dans certains bâtiments de par leur fonction (112 Bruxelles, 112 Mons, Service Incendie Nivelles, Centre de  Crise…) ou leur situation géographique permettant une bonne couverture radio (Perex 4.0, barrage de l’Eau d’Heure, service incendie Libramont…).

Qui dit réseau dirigé implique aussi que même si notre hobby est plutôt une pratique solitaire, nous devons collaborer et travailler ensemble avec nos collègues composant ce réseau. Si tout le
monde parle en même temps, la cacophonie nous impose de répéter le message, nous perdons du temps et de l’efficacité ou de la vitesse à transmettre les nombreux messages. Il y a un « chef
d’orchestre » le Net Contrôle qui donne la parole à chaque station successivement et lui seul entend toutes les stations.

Enfin le B-EARS nous encourage à développer nos compétences, petites réparations, recherche de solutions pour rendre sa station opérationnelle à tout prix, installation d’antennes sur des sites  partagés donc utilisation d’appareils de mesures et filtres passe bande (PBF).  C’est donc un moyen d’augmenter ses connaissances dans notre hobby.  Il est parfois nécessaire d’utiliser un maximum des ressources du spectre qui nous sont attribuées.  C’est presque l’ambiance d’un Field Day avec côte à côte depuis un même lieu un opérateur en VHF Low en direction d’une autre Province, un opérateur en VHF High et un autre en UHF vers un service incendie, hôpital de la Province et d’autres ressources comme la HF et apprivoiser le NVIS.  https://www.uba.be/fr/en-quoi-consiste-son-engagement-au-b-ears

Il est dommage qu’il ait fallu attendre une catastrophe pour permettre aux radioamateurs de démontrer leur utilité et le service qu’ils peuvent offrir à la population.  Malheureusement la visibilité n’est pas encore suffisante pour faire oublier les installations en antennes et pylônes que la population assimile trop souvent à des relais GSM.

Autres informations :  https://www.uba.be/fr/accueil/nouvelles-b-ears et Newsletters B-EARS info sur abonnement sur le site de notre association. 

B-EARS Staff 

Vignette : Pont de l’Île © R. Crivellaro sur RTBF

Auteur / autrice

  • On peut le considérer comme l'archétype du radioamateur. Polyvalent, il excelle en tant que DXeur, ayant contacté des stations dans tous les pays du monde. Ancien administrateur à l'UBA et actuellement DM de la province de Liège, il est également responsable du relais ON0LG et a grandement contribué au développement des modes numériques tels que le DMR et le C4FM. En tant que formateur, il dispense des cours à Liège et démontre une expertise remarquable en phonie et en CW.