samedi, mars 29

Radio Verviers

Essayons d’imaginer ce que fut cette Ă©tonnante aventure, nĂ©e dans les annĂ©es 20 du siĂšcle passĂ© au CollĂšge Saint-François-Xavier de Verviers.
Le RĂ©vĂ©rend PĂšre Ernest Verreux, aprĂšs avoir enseignĂ© Ă  Gand, Charleroi et BruxellesÂč, revint Ă  Verviers en 1915, en qualitĂ© de professeur de mathĂ©matiques et de sciences. Dans sa classe de physique situĂ©e au premier Ă©tage du bĂątiment 16, rue de Rome, il orienta ses recherches dans le domaine nouveau et prometteur de la T.S.F.
DĂšs 1922, le ‘distinguĂ© professeur de physique’ dispensa un cours d’électricitĂ© tous les lundis soir Ă  20h prĂ©cises.

« Ce cours est donnĂ© dans un but spĂ©cial : permettre Ă  ceux qui ont une formation scientifique gĂ©nĂ©rale et Ă©lĂ©mentaire d’acquĂ©rir la connaissance thĂ©orique et la pratique de la tĂ©lĂ©graphie sans fil. » (Courrier du Soir, 9/11/1922)
Devenant bien vite un spĂ©cialiste en la matiĂšre, il construisit des appareils de mesure et de dĂ©monstration qu’il utilisait dans ses cours.
D’autres amateurs de T.S.F. s’intĂ©ressĂšrent Ă  ses recherches et de cette collaboration naĂźtra en 1923ÂČ le C.V.E.R., le « Cercle VerviĂ©tois d’Études RadioĂ©lectriques ». (ANNEXE I)

Voici son comité en 1924 :
Président : le R.P. Ernest Verreux, 16, rue de Rome Verviers
Secrétaire : Mr. Paul De Neck, 91, avenue de Spa Verviers (il quittera Verviers et le C.V.E.R. le 19/11/1924)
Secrétaire adjoint : Mr. E. Servais, 1, rue du GazomÚtre Verviers (en fonction à partir du 9/10/1924)

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Âč Au CollĂšge Saint-Michel d’Etterbeek, il enseigna les mathĂ©matiques au jeune Georges LemaĂźtre, le pĂšre de la thĂ©orie du big bang.
ÂČ Â«Â Dans le compte-rendu de l’AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale annuelle du mercredi 16 janvier 1924, le PrĂ©sident, le R.P. Verreux nous fit une petite causerie pleine d’humour sur l’activitĂ© dont fit preuve notre groupement dans le cours de sa premiĂšre annĂ©e d’existence » (Courrier du Soir, 20/1/1924)

Une grande confĂ©rence publique doublĂ©e d’une exposition de matĂ©riel de T.S.F. eurent lieu le dimanche 30 novembre 1924.
« L’expĂ©rience a dĂ©montrĂ© que ces manifestations publiques de l’activitĂ© du Cercle ont la plus heureuse rĂ©percussion sur la vitalitĂ©, le recrutement des nouveaux membres et la juste considĂ©ration dont il jouit en ville » (Le Courrier du Soir, 16/11/1924)

HĂ©las, l’abondante documentation, mĂ©ticuleusement rassemblĂ©e par le C.V.E.R. partit en fumĂ©e lors de l’incendie du CollĂšge en fĂ©vrier 1925. Faisant fi de tout dĂ©couragement, le Cercle reconstitua partiellement sa documentation et organisa l’annĂ©e suivante dans la grande salle du CollĂšge une exposition qui fit sensation.

Exposition de 1926 au CollĂšge SFX. (Photo Th.Lambiet)

Face au succĂšs remportĂ© par cette exposition, le R.P. Verreux imagina de crĂ©er un poste d’émission privĂ© sous le nom de « RADIO-VERVIERS », ‘premier poste d’émission radiophonique de caractĂšre absolument et exclusivement catholique crĂ©e dans le pays’Âč
Le premier Ă©metteur de Radio-Verviers (eb 4CF), datant de 1927 Ă©tait un Mesny 2 lampes Metal TM, puissance alimentation 15W, assemblĂ© par Roger Parent, EB4XS et Hubert de Thier, EB4BL. Une description complĂšte de la station a paru dans ‘Le Radio-Feuillet’ (RenĂ© Goka) N°14 de juillet 1927.

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Âč Thomas Lambiet : Saint-François-Xavier. Un CollĂšge. Une tradition JĂ©suite. 1855-2005, Battice, 2005. p.70

Ces essais durĂšrent jusqu’en 1932, date Ă  laquelle, nanti d’une licence officielle, Radio-Verviers put Ă©mettre rĂ©guliĂšrement deux fois par semaine.
Un nouvel émetteur plus puissant fut construit. Sur la photo ci-dessous, nous reconnaissons, de gauche à droite : Mr. Welsch et Mr. Joseph Mussche, constructeurs, Mr. Jean-François Masson, futur directeur et propriétaire, le R.P Ernest Verreux et Mr. Marcus.

   (Photo : Th. Lambiet)

Chaque Ă©mission dĂ©butait par 6 coups de cloche suivis d’une ritournelle et de l’annonce : « Ici Radio-Verviers, poste rĂ©gional de la Radio Catholique Belge. Longueur d’onde 100 mĂštres. FrĂ©quence 1500 Kilocycles. Puissance 100 watts ».

Parmi la multitude de programmes, citons : la diffusion de la messe dominicale, des manifestations thĂ©Ăątrales et folkloriques, une chronique littĂ©raire, des Ă©missions musicales par le ‘Cercle musical de Verviers’, des conseils mĂ©dicaux par une infirmiĂšre, les matinĂ©es enfantines de l’Oncle Paul, alias Henry Servais, des jeux et des concours divers, les sĂ©ances de guignol de François Bruls et j’en passe 


Radio-Verviers jouissait d’un immense succĂšs !

Et pourtant, il fallut que le diable s’en mĂȘlĂąt !
La Radio Catholique Belge fit pression sur les radios privĂ©es, Ă©vincĂ©es au profit de l’I.N.R., la radio officielle belge. La publicitĂ© payante fournie par des firmes commerciales aux postes rĂ©gionaux avait jouĂ© un rĂŽle nĂ©faste.
ProfondĂ©ment affectĂ© par la disparition de son Ɠuvre patiemment Ă©difiĂ©e, la santĂ© Ă©branlĂ©e par ces tracas, le RĂ©vĂ©rend PĂšre Ernest Verreux quitta dĂ©finitivement Verviers. Promu dans l’enseignement supĂ©rieur aux FacultĂ©s Notre-Dame de la Paix Ă  Namur, notre hardi pionnier de la T.S.F. y dĂ©cĂ©da le 30 septembre 1938.


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