dimanche, 20 juillet 2025

Paul De Neck

‘U3’ – ‘B.4UU’ – ‘ON4UU’

Membre fondateur et Président d’honneur du Réseau Belge
1892 – 1960

1. Avant et pendant la guerre de 14-18.

Radioamateur de la première heure, Paul De Neck (1892-1960) a présidé à la naissance de l’amateurisme dans notre pays.

Selon ‘QST’ (01/1930, p.50), il fit ses débuts en 1908.

         « Mr. De Neck started his ham career in 1908, with the usual array of coherers and ignition coils. There followed a period of experimentation with arcs, huge spark coils, crystal detectors, etc. Â»

Selon une autre source – un article signé ‘4EL’, Paul Turlot de La Louvière et publié dans ‘QSO’ de Juin 1936 (p.99) – ses premiers essais, en réception il est vrai, remontent à l’année 1909.

         « En 1909, déjà, il faisait de l’écoute sur récepteur à galène, puis sur détecteur électrolytique. En 1910, il débuta dans l’émission d’amateur employant avec succès une bobine de Ruhmkorff de 10 cm. d’étincelle, alimentée par le secteur 220 volts continu vibré par un interrupteur de Wehnelt. Il utilisait déjà alors l’éclateur tournant et les selfs en ruban spiralé. Au moment où Laeken faisait ses premiers essais de téléphonie sans fil, 4UU travaillait en téléphonie, à courte distance, utilisant l’arc de Poulsen, l’arc Moretti, les microphones à granules du type Vanny ou Solid Back. Il fit aussi, à cette époque, des essais de télémécanique, des enregistrements de signaux avec un ampli microphonique à granules. Â»

Avant la Première Guerre mondiale toujours, Mr. De Neck fut membre fondateur du « Cercle belge d’études radioélectriques Â» (CBER), dont les locaux étaient situés dans le parc du Palais d’Egmont à Bruxelles, lieu de rendez-vous des ‘sans-filistes’ et futurs amateurs-émetteurs de l’époque.

         « About 1913, together with about thirty other experimenters, he was instrumental in forming the first Belgian amateur society. Â» (‘QST’, Ibid.)

Pendant la 1ère guerre mondiale, il fut incorporé dans les services de la radio militaire. (‘Sergent-monteur vdg à la TSF militaire, campagne de 1914-1918’)

         « During the war he got a lot of experience in the ‘signal corps’ of the Belgian army, and also collected a considerable amount of German radio apparatus ! This latter acted as a beginning for Mr. De Neck’s amateur station after the war. Â» (‘QST’, Ibid.)

2. La période de l’entre-deux guerres.

Après la guerre de 14-18, devenu ingénieur électricien-métallurgiste A.I.M’s (promotion 1920), il reprend toute son activité d’amateur-émetteur.

         « Les anciens se rappellent encore ses émissions, en 1921, avec Flieg 600 périodes, émetteur à étincelles ; puis avec lampes RS5C II et Hartley, sur 200 mètres de longueur d’ondes. Descendant ensuite entre 70 et 90 mètres, il réalisa les premières liaisons avec les U.S.A. et fit de nombreuses liaisons européennes. Â» (‘QSO’, Ibid.)

Sa carrière professionnelle le conduisit ensuite à Verviers. ON4BK, J. Mussche,  écrivit en Juin 1960 en hommage à son ami décédé :

 Â« Jeune ingénieur, il avait groupé autour de lui à Verviers, un certain nombre d’amateurs de ‘télégraphie sans fil’ comme on disait alors, et crée le Radio-Club de l’Est ( ?). Certains de ces amateurs s’adonnèrent avec lui à la pratique de l’émission Â». (CQ-QSO 06/1960, p.130)

Précisons qu’il ne s’agissait pas du ‘Radio Club Belge de l’Est’ (R.C.B.E.), fondé en 1922,  mais bien du ‘Cercle Verviétois d’Études Radioélectriques’ (C.V.E.R.), qui vit le jour en 1923 sous l’impulsion du Père Ernest Verreux et dont Mr. De Neck était le secrétaire.

« Pour toute demande d’admission et renseignements, s’adresser au Président, le R.P. Verreux, 16 rue de Rome ou au secrétaire M. Paul de Neck, 91 avenue de Spa Â» (‘Courrier du Soir’ de Verviers, 20/1/1924)

Sortie du C.V.E.R. (1924) Mr. De Neck porte un appareil photo, 3e à droite.
(Photo : Archives de Mr. Thomas Lambiet)

En sa séance du 16 novembre 1924, le Président du C.V.E.R. communique :

         « Par suite d’un deuil cruel, notre dévoué secrétaire Mr. Paul de Neck, l’érudit ingénieur et compétent sans-filiste va devoir nous quitter ; c’est pour nous une perte bien sensible, qui sera heureusement atténuée par les communications hebdomadaires qu’il se propose de nous faire parvenir concernant toutes les nouveautés parues en T.S.F. Notre cher Président fait l’éloge, combien mérité, de notre dévoué secrétaire qui non seulement fut un des fondateurs du C.V.E.R., mais fut un de ceux qui lui infusèrent vie et vigueur par ses nombreuses communications si documentées. Â» (‘Courrier du Soir’ de Verviers, 23/11/1924)

Transféré à Malines, il y fonda le Radio-Club Malinois et initia ses membres à la pratique de l’émission d’amateur.
Sa carrière l’amena ensuite à Bruxelles, où il rejoignit la Fédération des ‘Cercles Belges d’Études Radioélectriques’, le rendez-vous des amateurs-émetteurs à cette époque. Il en devint le trésorier. Il participa à la fondation du Réseau Belge, dont il devint le Président (‘General
Manager’) le 27 juin 1926, succédant à Robert Deloor, P2.

         « (…) le président M. R. Deloor fit part de l’obligation dans laquelle il se trouvait de donner sa démission. Attaché depuis peu aux services des ondes courtes de la S.B.R., firme commerciale, et spécialement aux liaisons Belgique-Congo, il ne peut, d’après les statuts de l’IARU, conserver la direction du R.B. Sur sa proposition, la présidence est passée à l’un de nos vieux amateurs, M. de Neck, lequel accepte et, après un vif éloge de notre plus grand as, aborde la discussion du point principal de l’ordre du jour. Â» (‘L’Antenne’ N°171, 4/7/1926)

Robert Deloor  â€˜P2’
Paul De Neck  ‘U3’

Force est de constater que les sans-filistes bruxellois de la première heure utilisaient tous des indicatifs ‘une lettre, un/deux chiffres’ et qu’ils imposèrent (qu’ils tentèrent d’imposer) ce « système de la majorité Â» (‘L’Antenne’ N°127, 1/9/1925) comme indicatifs officiels du ‘Réseau Belge’, une parenthèse somme toute, qui fut ‘balayée’ par l’Arrêté Royal du 30/10/1926 … et le retour au 4 !
Comme l’émission d’amateur, quoique tolérée, était interdite à ses débuts, les cartes QSL restaient fort discrètes sur l’identité et/ou l’adresse de leurs propriétaires. Paul De Neck utilisa successivement les indicatifs : U3, B.4UU et ON4UU.

Amateur très actif, il obtint le diplôme WAC (‘Worked All Continents’) en télégraphie le 14/1/1928 et en téléphonie, le tout premier certificat décerné par l’ARRL, le 11/3/1930.

Il démissionna de sa fonction de Président du Réseau Belge en 1936.

         « Le jour vint où ses obligations professionnelles devinrent trop absorbantes pour lui permettre de s’occuper encore activement de la direction du Réseau, et c’est dans un élan de reconnaissance et d’affection que sa nomination comme Président d’Honneur fut décidée. Â» (‘CQ-QSO’, Juin 1960, p.130)

3. Après la Seconde Guerre mondiale.

Licences supprimées en août 1939, émetteurs remis aux autorités le 10 mai 1940, les radioamateurs belges mettront beaucoup de temps après la guerre avant de récupérer leur permission d’émettre.
Début mai 1946, tous les anciens titulaires d’une licence d’émission ont reçu un courrier de la RTT, leur permettant d’introduire une demande afin de recevoir une autorisation provisoire, valable jusqu’au 1er janvier 1947.
Avant cette date fatidique, tous devaient repasser l’examen en vue de l’obtention du certificat d’opérateur.

Ce passage par la case ‘examen’ ne fut certainement pas au goût de l’ancien Président du Réseau Belge.
Nous reproduisons le courrier échangé entre Paul De Neck et la RTT.
Il ne cessa cependant jamais de s’intéresser au hobby. Parmi les derniers faits saillants de sa brillante carrière de radioamateur, retenons la signature du livre d’or d’ON4UB à l’Expo 58 et sa participation à l’inauguration de la station nationale de l’UBA en Mars 1959 à Kraainem.

Anecdote

Incendie chez ON4UU

En février 1979, Ernest qui avait vécu une fermeture de son cinéma qui ne répondait plus aux normes, était pour ainsi dire ruiné et ON4XJ lui avait trouvé un QRA gratuit à Andrimont.
Sa station était installée dans un petit cabanon en bois qui hélas a brûlé complètement probablement suite à un court circuit.

Mais notre 4UU n’avait plus les moyens de racheter du matériel et c’est ainsi que j’ai eu l’idée d’une opération sauvetage via le GDV.
Ce fut un succès et une ligne Drake complète lui fut remise et je me souviens encore de ses larmes à la réception.
Voici le texte publié dans le GDV-Press de l’époque :

Documents

Quelques photos

Pierre Stoffel ON4PS

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