Connaissez-vous le MSK144 ? Eh bien moi je ne connaissais pas !
Un ami radioamateur m’a parlé dernièrement d’un mode dont je l’avoue, je n’avais jamais entendu parler malgré la littérature que l’on peut trouver sur Internet. Ce mode, c'est le MKS144 ou Méteor Scatter. Depuis je l’ai testé et approuvé.
Je me suis dit que mon expérience pouvait servir à d’autres radioamateurs qui comme moi voudraient s’essayer à ce mode.
Qu’est-ce que c’est ?
Chaque année, la Terre traverse plusieurs essaims de météorites (également appelés pluies de météorites), qui portent les noms des constellations dont ils semblent émerger. Une pluie de météores est un nuage de particules de poussière laissé par une comète. De nombreuses particules de poussière entrent en collision avec l’atmosphère terrestre, puis provoquent brièvement une traînée de lumière dans le ciel. Ceci est communément appelé « une étoile filante » (voir ma vignette). Les pluies sont nombreuses, celles avec une valeur ZHR élevée (le nombre maximum de météores à attendre dans des conditions idéales) sont certainement intéressantes pour nous radioamateurs. Les Géminides sont attendues à la mi-décembre, les Boötides début janvier, les Ariétides en juin et les Perséides en août.
Voici le Graphique de l’activité maximale des météores par nuit (HRmax), pour 2021. La ligne pointillée noire montre le fond diffus, les courbes colorées représentent les différentes nappes et la ligne noire pleine décrit le nombre total maximum de météores par heure, pour chaque nuit. Les lignes pointillées colorées verticales montrent les dates des maxima des plus gros essaims, avec la première lettre du nom en haut. Les baisses à peu près mensuelles sont causées par la Pleine Lune.
Drôle de phénomène
Quand les météorites brûlent dans l’atmosphère terrestre, elles créent une traînée de particules ionisées dans la couche E, à une altitude comprise entre 80 et 120 km. Cette ionisation peut durer quelques secondes et être très intense, ce qui les rend aptes à réfléchir nos ondes radio. Parce que le temps est court, souvent peu de données peuvent être échangées, plus de réflexions sont alors nécessaires pour établir une connexion complète.
Les fréquences qui peuvent être réfléchies dépendent de cette intensité et sont généralement supérieures à 30 MHz. La distance sur laquelle la communication radio est possible (entre 800 et 2500 km) est déterminée par la hauteur à laquelle se produit l’ionisation ainsi que par l’angle auquel elles pénètrent dans l’atmosphère.
Durant des grands essaims, les bandes de 6 et 4 mètres sont particulièrement intéressantes pour faire des QSO's. En 2 mètres il y a aussi des possibilités, mais il faut vraiment persévérer. A contrario en DEHORS de ces grands essaims il y a peu de réflexions.
Vue d’une connexion en MSK144
Dans un tout autre domaine, mais le but est semblable si on n'y réfléchit bien, rappelez-vous l'article en 2018 sur « le projet HAARP et les recherches dans l'ionosphère ».
Par contre, grâce au meteor Scatter nos contacts se réfléchissent sur ces grains ionisés des comètes sans interventions d'un bouclier thermique. C'est ce qui est super !
Nous allons voir maintenant comment nous y prendre.
Attention pour les débutants ne pas confondre une captation par propagation normale avec un burst ( réflection sur une météorite)Un burst est très court, quelques millisecondes , 3 secondes tout au plus et rarement plus, si vous entendez la modulation du msk144 pendant toute la période (15 secondes ou 30 secondes en fonction de votre paramétrage) alors, il ne s'agit pas de réflexion sur météorite.
Guide simple des contacts Meteor Scatter - MSK144
1. Vous avez besoin d’un logiciel que vous connaissez tous, je pense, WSJT-X. Si vous utilisez d’habitude les modes FT8/FT4, vous êtes déjà à mi-chemin du travail.
2. Vous avez besoin d’une antenne pour le 6 mètres. Un simple dipôle conviendra, mais comme toujours une antenne directionnelle sera beaucoup plus efficace, bien que tout le monde n’a pas cette option.
3. Changez le mode dans WSJT-x en 'MSK144'. La fréquence d’appel est sur 50,280 MHz en région 1. Les réglages optimaux sont les suivants : F Tol=100, RX 1500 Hz, Rapport 0, T/R 15 s, Séquence autovérifiée.
Tableau des paramètres
4. C’est le paramètre important. Si vous envoyez votre signal vers l’est, alors transmettez aux heures impaires (Tx pair/1er case NON cochée). Si vous transmettez vers l’ouest, transmettez pair/1ʳᵉ case cochée. Ceci est plus pertinent si vous avez une antenne directionnelle bien sûr.
5. Comme en FT8/FT4, il est inutile de pousser sur le champignon de la puissance, un petit 100 watts est bien maximum.
6. Maintenant, le plus dur, la patience ! Lorsqu’un météore ionise l’atmosphère, il y aura un court pic sur le Fast Graph de WSJT-X et vous pouvez même entendre un bruit comme un éclat. Parfois, lorsqu’un gros frappe, le graphique entier s’allume pendant plusieurs cycles.
7. Attendez, et quand vous verrez un contact dans la fenêtre d’activité du groupe ou la fenêtre de message Tx, cliquez dessus pour lancer votre QSO. C’est alors que WSJT-X utilisera sa magie de séquence automatique et progressera dans le QSO comme il le fait avec FT-8. Les transmissions sont courtes (0,072 seconde) et répétitives, vous pouvez donc voir plusieurs « 73 » dans la fenêtre d’activité de la bande. Les contacts locaux étroits ont tendance à être plus rapides que ceux plus éloignés. Une plus grande frappe de météores peut terminer le QSO très rapidement. La plupart des QSO’s prennent 2 à 15 minutes, car chaque transmission nécessite un événement d’ionisation adéquat pour se produire. Cela peut être lent et fastidieux et n’est pas pour tout le monde. De plus, ne vous inquiétez pas de la synchronisation de l’heure indiquée, elle peut afficher plusieurs secondes entre les stations.
8. Comme pour faire de l’FT8 l’heure doit être ici encore plus précise. Pour rappel, j’utilise le synchroniseur Network Time https://www.timesynctool.com/
9. Sur le site https://pskreporter.info/pskmap.html vous pourrez aussi voir les autres stations susceptibles de vous contacter simplement en sélectionnant dans le menu horizontal l'option MSK144.
Capture sur PskReporter vue des stations lors du test.
C’est possible ???
En juin 2017, la radio amateur Tony K8ZR écrit sur ses expériences avec MSK144 sur 50 MHz. Tony a fait 400 connexions en 87 jours. Il est frappant de constater qu’il n’y a pas eu de grosses pluies de météorites, près de la moitié des liaisons ont été effectuées en 3 minutes, tandis que 34 % ont pris 4 à 6 minutes. Une moyenne de 4,4 minutes par connexion !
Une station performante n’était pas non plus nécessaire, car Vidas N8AUM n’a utilisé qu’un dipôle assemblé à l’aide de ruban adhésif et d’un tube en PVC. Il a accroché le tout dans un arbre. Avec cette antenne placée à une hauteur de 8 mètres et 50 watts de sortie, il a réalisé plus de 70 QSO’s avec une distance maximale de 1900 km. Cependant, gardez à l’esprit qu’avec une antenne aussi minimale et une puissance ERP limitée, cela nécessite plus de patience. La quantité de météorites qui pénètrent dans l’atmosphère en dehors des plus gros essaims est donc très utile avec les derniers modes numériques proposés par l’équipe de Joe Taylor’s.
Y a-t-il des balises ?
Sur la bande des 6 mètres, il y a plusieurs « balises », vous pouvez toujours recevoir des pings des opérateurs de télévision russes sur 49,750 MHz. Légèrement moins prononcés que les porteuses TV, les pings des stations de radio entre 65 et 72 MHz peuvent également être reçus. Il y en a beaucoup en Ukraine, en Russie et en Biélorussie.
Références
Le logiciel de référence WSJT-X https://physics.princeton.edu//pulsar/k1jt/wsjtx.html
http://physics.princeton.edu/pulsar/K1JT/WSJT_QST_Dec2001.pdf
http://physics.princeton.edu/pulsar/k1jt/MSK144_Protocol_QEX.pdf
http://physics.princeton.edu/pulsar/k1jt/Work_the_World_part1.pdf et http://physics.princeton.edu/pulsar/k1jt/Work_the_World_part2.pdf
Vignette : https://www.piqsels.com