samedi, mars 29

Notes additionnelles aux ‘Souvenirs de ON4TI’

      L’amplificateur à 3 lampes modèle ‘3TER’ (A) pouvait être utilisé pour la réception des signaux de T.P.S. (Télégraphie par le sol – annexe 1) et pour la détection et l’amplification des signaux de T.S.F. Il fut mis en service en 1916. Des modifications (supports de lampes suspendus et coffret différent) furent apportées (B) qui permirent d’éliminer l’effet microphonique dû aux chocs lors des bombardements.

               Source : http://tsfls.pagesperso-orange.fr/guerre14.htm

  • Hugo De Meyere fait référence ici d’une part aux Établissements M. de Wouters, 16 rue Plétinckx (Succursale de vente : 99, rue du Marché-aux-Herbes et Usine : 78, rue de la Caserne) et d’autre part, à la Maison Carez, 12, rue Plattesteen. (Bruxelles). Avant la première guerre mondiale, les références sont rares : la SRR (Société de Recherches Radioélectriques) (‘Nous construisons depuis 1910’) ; une publicité du « Comptoir International de T.S.F »., 188, rue du Hêtre , annonce parue dans ‘Radio, Revue mensuelle de TSF’ (juin 1914) ainsi que la ‘P.A.W.’ (Mr. P-A Wenmaekers), 18, rue des Mineurs qui vendait des ‘récepteurs de radio pour les signaux horaires de la Tour Eiffel’ (1913). Dans les années qui suivirent, les commerces de T.S.F. (pièces détachées, postes récepteurs…) ont poussé comme des champignons à Bruxelles et il serait quasiment impossible d’établir une liste complète : citons ‘ITAX-Radio’, fondé en 1921 ; ‘Radielec’, 5, rue de l’Arbre ; ‘Radio-Centre’ près de la Bourse ; la ‘SBR’, 4, rue d’Egmont à ses débuts ; la ‘CIAC’, 18, rue de la Fontaine ; la ‘Société Anonyme Internationale de TSF’, 13, rue Brederode ainsi qu’un nombre encore plus important de ‘petits’ réparateurs de matériel et appareillages électriques.
  • Dr. Pierre Corret : « Télégraphie sans fil : réception des signaux horaires et des télégrammes météorologiques ». (1912) Librairie de la Bonne Presse, Paris. Dans « La TSF Moderne » N°4 de juillet 1920 (p.124), nous pouvons lire le commentaire suivant au sujet du livre du Dr. Corret : « L’amateur y puisera tous les renseignements qui peuvent l’aider à s’initier, depuis les signaux Morse jusqu’aux montages élémentaires les plus divers ». Pionnier de la radio en France, le Docteur Corret (1881-1936) réalisa au début de 1914 des liaisons avec un émetteur à arcs, avec le radioamateur Pierre Louis entre Orléans et Versailles. Par la suite, il fut titulaire de l’indicatif d’émission ‘8AE’, station établie 97, rue Royale à Versailles.
  • Aucunes références relatives à cet ouvrage trouvées dans les catalogues de recherche des bibliothèques universitaires belges et étrangères. Il existe bien « La T.S.F. par les tubes à vide » par Pierre Louis chez Vuibert, Paris 1920. Le nom Dapsens d’Yvoir apparaît dans des publications plus récentes.
  • L’ingénieur américain Edwin Howard Armstrong (1890-1954) fut l’un des inventeurs les plus prolifiques de l’histoire de la radioélectricité. Il déposa plusieurs brevets exceptionnels dans l’histoire de la radio : le circuit à réaction (1914), la super réaction (1922) et le récepteur superhétérodyne, brevet déposé en 1918 alors que Armstrong était en France, sans doute influencé par Lucien Lévy, à l’époque chef de laboratoire de la radio militaire de la Tour Eiffel. Revenu aux Etats-Unis, il poursuivit ses travaux dans un autre domaine qui révolutionnera la radiodiffusion : la modulation de fréquence (FM)
  • Lors du 1er Congrès International des Radio-Amateurs (Paris, 14-18 Avril 1925), le Docteur Pierre Corret participa à la commission d’étude « Langue internationale auxiliaire ». Convaincu de l'intérêt de l'usage d'une langue auxiliaire internationale dans les relations entre radioamateurs, il sera un énergique défenseur de l'Espéranto et créera, avec E. Aisberg, R. Mesny et d'autres pionniers de la TSF, la première association internationale de radioamateurs ‘espérantophones’ en 1926 : IRA (Internacia Radio Asocio). Il sera par ailleurs l’auteur d’une thèse très remarquée sur « L’utilité et la possibilité de l’adoption d’une langue internationale auxiliaire dans la médecine ».
  • Joseph Roussel (1879-1929), fut rédacteur en chef du Journal « l’Onde Hertzienne » et  auteur de nombreux ouvrages de vulgarisation. Le plus connu est sans doute  « Le premier livre de l’amateur de T.S.F. » sorti des presses de l’éditeur parisien Vuibert en 1921. Ce livre a permis aux amateurs de réaliser en toute sécurité de nombreux montages de postes récepteurs. Le succès fut tel que dès 1924, l'éditeur mettait sous presse la cinquième édition. En 1923, il écrira « Comment recevoir la téléphonie sans fil », un livre à l'attention de tous ceux qui voulaient écouter les nouvelles émissions parlées transmises depuis le poste de la Tour Eiffel. Il assurait aussi à cette époque les fonctions de Secrétaire Général de la Société Française d'Etudes de Télégraphie et de Téléphonie Sans Fil. Joseph Roussel fit aussi partie des pionniers des radio-amateurs français (Station ‘8AD’ établie 12, rue Hoche à Juvisy-sur-Orge (Seine-et-Oise).

(8)  L’A.R.R.L, puissante association d’amateurs émetteurs aux États-Unis, lança l’idée des essais transatlantiques. Entre février 1921 et janvier 1924, il y eut 4 séries d’essais. En février 1921, les premiers essais transatlantiques unilatéraux eurent lieu entre les États-Unis et l’Angleterre. Ces tests se sont avérés infructueux.
En décembre 1921, les essais furent repris pendant cette fois 10 nuits consécutives. Un amateur américain, Mr. Paul F. Godley vint établir un poste d’écoute super hétérodyne à Ardrossan, en Ecosse.
Il reçut les signaux d’une vingtaine de postes d’amateurs américains, et plusieurs Anglais réussirent à entendre les transmissions d’outre-Atlantique. Les amateurs européens se piquèrent au jeu. En décembre 1922, eurent lieu les premiers essais transatlantiques bilatéraux sous la direction (en France) du Dr. Pierre Corret. Enfin, une dernière série d’essais eut lieu du 22 décembre 1923 au 10 janvier 1924.
40 stations européennes d’amateur ont été entendues aux États-Unis et au Canada par   96 amateurs américains : 20 amateurs britanniques, 14 stations françaises et 6 stations hollandaises. Le retentissement des essais transatlantiques fut considérable dans les différents milieux s’intéressant au développement de la radioélectricité.

(9)   En Novembre 1922, Léon Deloy, titulaire de l’indicatif 8AB, commençait ses premiers essais à Nice. En 1923, il construisit son émetteur pour une longueur d’onde de 100 mètres. Dès le premier essai, Mr. Schnell, 1MO de Hartford (Connecticut) reçut 8AB parfaitement ; lui-même était entendu en France. Enfin, le 28 novembre 1923, dans les premières heures du matin, la première communication bilatérale eut lieu entre les États-Unis et l’Europe sur une longueur d’onde avoisinant les 100 mètres. Le poste d’émission 8AB comportait 2 lampes de 250 watts (‘La fin justifie les moyens’) et un jeu de transformateurs fournissant la haute tension. Le récepteur était un ‘Grebe’ et l’antenne du type prismatique de 10m de longueur et de 25m de hauteur avec son contrepoids. Ci-dessous le schéma de l’émetteur utilisé.

  • Imprimé sur un papier jaune caractéristique, le premier numéro de l’édition belge du journal « L’Antenne » vit le jour le mercredi 5 mars 1924. Ce magazine fut à l’origine le ‘supplément hebdomadaire illustré’ de « La Meuse », un quotidien liégeois bien connu. Particulièrement intéressante pour les très nombreux lecteurs en Belgique, une ‘Chronique Belge’ fut annoncée pour la 1ère fois en janvier 1925. Ce magazine, publié de manière continue pendant 14 ans, constitua LA référence technique parmi les revues consacrées à la T.S.F.
  • En Belgique, alors que les « conditions d’établissement des postes récepteurs de télégraphie sans fil »  sont clairement définies dans un Arrêté Ministériel (7 Août 1920, taxe: 10 Fr.), « l’émission est tolérée avec grande bienveillance par l’administration des P.T.T. » (Science et savoir-faire 1925 p.110) mais elle reste interdite. Ces premiers ‘radioamateurs’ opéraient sans autorisation, dans la clandestinité la plus totale. La crainte des ces ‘noirs’ vis-à-vis des autorités et une certaine méfiance mutuelle sont merveilleusement racontés par H. De Meyere dans ses ‘Souvenirs’. A Bruxelles, les amateurs ‘sans-filistes’ se réunissaient dans les locaux du « Cercle belge d’études radioélectriques » (CBER), au 3e étage du Palais d’Egmont. Ils étaient 4 à l’origine.

          ◊   Hugo De Meyere, K2, 33, rue J. Lahaye, Jette - Bruxelles. (Aussi : RAB (1924), R-001 et ON4TI)

          ◊   Georges Pollart, D2, 62, rue de Hollande, Bruxelles. (Aussi : 4GP (1924), EB4BY et ON4BY)

           ◊   Rudolph Couppez, W2, 23, rue Elise, Bruxelles. Il fut le correspondant belge du célèbre journal ‘L’Antenne’.

           ◊   Constantin Haumont, B7, Avenue Albert, 187, Bruxelles.

       (12)    Ernest Louvet, 5, rue Jean Robie, Bruxelles. Titulaire des indicatifs 8SSN, O2, puis ON4SN (‘QSO’ 05/1940)

      (13)    Le « RÉSEAU des DEUX »  fut fondé le 12/8/1924 au café ‘Marnix’ à

         Bruxelles par : B7, W2, O2, K2, D2. Robert Deloor, P2, (futur ON4SA) 2 Avenue du Mont-Kemmel, Saint-Gilles, Bruxelles ainsi que Joseph Mussche, C2 63, Boulevard Poincaré, Bruxelles (futur ON4BK) rejoignirent le groupe. « Le Réseau des 2 existe depuis janvier 1922 » (‘L’Antenne’ N°100 du 24/2/1925) constitue une affirmation fantaisiste. Une liste (quasi) complète des membres du « Réseau des deux » est reproduite en annexe. (annexe 2)

  • Le même article relatant la création du « Réseau Belge » fut publié dans le ‘Journal des 8’ N°37 du 28/3/1925 et dans ‘L’Antenne’ N°106 du 7/4/1925. Il débute ainsi :  «  L’ancien « Réseau des 2 », groupement des émetteurs belges a pris une telle extension qu’il a été nécessaire de créer le « Réseau Belge » des émetteurs ». Une liste de 45 indicatifs ‘actifs’ était publiée. La 1ère réunion des membres du RB eut lieu le dimanche 3 mai 1925 à 14h30 au local, 11, rue du Congrès à Bruxelles. (‘L’Antenne’ N°111 du 12/5/1925)
  • La réalité historique est différente ! Ce fut André Courtois, 4YZ de Verviers qui réalisa le 11 décembre 1924 la 1ère liaison entre la Belgique et le continent américain. Un article paru dans le ‘QST’ de l’époque constitue une preuve irréfutable. « Belgium became QSO the North American continent for the first time when c1AR ‘Old Joe’ Fasset, at Halifax, N.S. clicked with b4YZ on Dec.11th, the latter station using 9 watts input. 1QV, Westerly, R.I., worked P2, Brussels onDec.20th, and on the 23rd W2, also in Brussels, worked u1KC (…) 1KC tied up with b4RS on Dec.24th, making the fourth Belgian to work this country. » (QST 02/1925, pp.13-14)
  • Max Cosyns est né le 29 mai 1906 à Schaerbeek. Son père, fondateur de la société Pharma, était professeur de pétrochimie à l’ULB. Encore étudiant, il se lia d’amitié avec les amateurs-émetteurs du Réseau Belge. Son indicatif d’émission, B9, figurait dans la liste des tout premiers indicatifs du RB. (Liste du 28 mars 1925) En 1927,  Max Cosyns obtient son diplôme d’ingénieur électromécanicien à l’Université de Bruxelles. Il poursuit des recherches en biophysique et physique nucléaire dans lecadre de la Fondation Médicale Reine Elisabeth et du Comité Solvay. Il rencontre les scientifiques les plus illustres de l’époque : Auguste Piccard dont il est l’assistant à  l’U.L.B., Frédéric Joliot-Curie, Enrico Fermi, Albert Einstein, Jean Perrin, Niels Bohr, Sir Ernest Rutherford, Louis de Broglie, Paul Langevin et bien d’autres. Considéré comme un des meilleurs spécialistes belges en physique nucléaire et en biologie, Max Cosyns participe aux travaux du professeur Auguste Piccard sur la stratosphère. Il effectuera 2 vols stratosphériques (1932 et 1934) qui firent « la une  des journaux de l’époque. Pionnier de la stratosphère et des profondeurs abyssales, spéléologue confirmé mais controversé, héros de la résistance et survivant des camp de la mort mais surtout un des plus éminents spécialistes belges en physique nucléaireet en biologie, il s’éteindra en mai 1998 à l’âge de 92 ans.

(17)    

                                                                                                          (Station ‘W2’ – 1925)

(18)    Autre ‘carabistouille’ des bonzes du Réseau Belge ! Ce sont les pionniers de Verviers (groupés et très actifs depuis 1922 au sein du R.C.B.E.) qui ont réalisé ces prouesses,  bien évidemment aurai-je tendance à dire!
Les documents de l'époque constituent la seule source fiable, pas les souvenir‘ anecdotiques’ racontés 30 ans après. Le 29 août 1925, B 4YZ André Courtois (Hodimont-Verviers) contacte Z2AC et établit ainsi la première liaison Belgique - Nouvelle Zélande. Le lendemain, René Pirotte B 4RS (Verviers) contacte à son tour les antipodes. (Z2AE)

         ’L'Antenne’ N°128 du 8/9/1925 ET ‘Le Journal des 8’ N°57 du 4/9/1925 publient leurs exploits.

Cet exploit est confirmé dans « The Wireless World and Radio Review » (London) September, 9th, 1925. p.338)

BELGIAN AND NEW ZEALAND DX.   We are glad to state that the first two -way working between Belgium and New Zealand has been carried out by B4YZ, who worked Z2AC on August 29th at 05.30 G.I.T. Z2AC received B4YZ, strength R5. The power at B4YZ station was 65 watts input, pure C.W. Wavelength : 45 metres. During the test Z2AC said he had also heard B4RS, another amateur at Verviers. The input at B4RS was 45 watts, rough A.C.   René Pirotte Secretary, Radio Club Belge de l'Est. Verviers, Belgium.  

ANNEXE 2 : Membres du « RÉSEAU des DEUX »

L’astérisque (    ) signifie qu’aucune information n’est disponible à ce jour.

Le « RÉSEAU des DEUX »  fut fondé le 12/8/1924 au café ‘Marnix’ à Bruxelles par : B7, W2, O2, K2, D2.

« Le Réseau des 2 existe depuis janvier 1922 » (‘L’Antenne’ N°100 du 24/2/1925) constitue une affirmation fantaisiste.

Notes

  1. A2 (ex 4AA) attribué à Woluwé-Stockel par la suite. (A. Berqueman deviendra Q2)
  • E2 ou É2 était l’indicatif de Mr. Bonhomme, constructeur des postes ‘Orthodyne’. QSL au Radio-Club de Liège, Maison des Combattants à Liège.
  • Aussi indicatif du poste QRP de W2.
  • L’attribution d’indicatifs d’écoute en « R » par le journal « L’Antenne » fut suggérée par notre compatriote.

          En ‘récompense’, il reçut R-001 !

  • ON4SF (Radio-Club Socialiste), 17, rue Joseph Stevens, Bruxelles. Dans la publication flamande ‘Radio’, L2 est attribué à J. Vandepitte, Uytkerke Blankenberghe. Une autre source (‘The Wireless World and Radio Review’, October 14th, 1925, p.521) situe l’indicatif L2 à Athus.
  • M2 attribué d’abord à Forest-Bruxelles, puis à Namur. (‘QSO’ N°2, 02/1926)
  • O2 de 1923 devenu ON4SN’ (‘QSO’ 05/1940)
  • Premier ‘General Manager’ du futur Réseau Belge. Paul De Neck (U3- ON4UU) lui succèdera en Juin 1926.
  • Dans la liste des stations du RB classées par localités (Octobre 1925), U2 se trouvait dans la localité de Thulin.
  1.  Aussi : Lieutenant Vanhay, Camp de Beverloo.
  1.  Autre titulaire : X2 – 4AX Marcel Fouassin, 64, rue de Serbie, Liège.
  1.  Attribué dans un premier temps à Anvers.

Sources

            Revues ‘QSO’ (Année 1926), ‘Le Journal des 8’ (Années 1924 et 1925) et ‘L’Antenne’ (collection personnelle)

             Citizens Radio Callbook –Amateur Section- 1926, p.52.

            Cartes QSL (collection personnelle)

Pierre Stoffel ON4PS

© ON4PS. Reproduction et distribution interdite.