vendredi, 9 mai 2025

Laurent Henrotay

Conférence donnée le 17 juin 2017 à Verviers, à l'occasion des 95 ans du RCBE le radio Club belge de l'Est. Cette conférence fut présentée par Pierre Stoffel ON4PS.


Introduction.

Ce n’est pas sans Ă©motion que je vais vous raconter aujourd’hui la crĂ©ation voici 95 ans et la glorieuse histoire du R.C.B.E. qui porta le renom de Verviers au-delĂ  de nos frontiĂšres, au-delĂ  des ocĂ©ans.
Comme la crĂ©ation du R.C.B.E. est intimement liĂ©e et absolument indissociable des dĂ©buts de la T.S.F., je vais, dans un premier temps, en guise de prĂ©liminaire, tĂącher de vous immerger dans l’ambiance T.S.F. des tout dĂ©buts ; ce qui me permettra par la suite de vous faire apprĂ©cier la contribution des pionniers VerviĂ©tois dans le dĂ©veloppement de cette science alors nouvelle.
Remontons avant la premiĂšre guerre mondiale, au dĂ©but du siĂšcle passĂ©. DĂšs les premiĂšres Ă©missions radiotĂ©lĂ©graphiques officielles Ă©closes aux alentours de 1901, les premiers « amateurs » s’entraĂźnaient patiemment Ă  la lecture au son et tendaient un tympan attentif aux voix grĂȘles et rares des quelques stations existantes. Ils avaient bien peu de chose Ă  se mettre sous la dent (dans l’oreille !), surtout sur un poste Ă  galĂšne : quelques vagues radiotĂ©lĂ©grammes des stations cĂŽtiĂšres et des navires en mer, des bulletins mĂ©tĂ©o, la Tour Eiffel 
 Il fallait absolument connaĂźtre le morse car il n’y avait pas ou trĂšs peu d’émissions en tĂ©lĂ©phonie. Quant Ă  la radiophonie, on peut considĂ©rer comme une PremiĂšre europĂ©enne l’installation en 1913 d’une station expĂ©rimentale de radiophonie dans une annexe du Palais Royal de Laeken. (Robert Goldschmidt – Raymond Braillard)
Les concerts de Laeken, Ă  l’initiative du Roi Albert Ier, furent diffusĂ©s en ondes moyennes chaque samedi jusqu’au dĂ©but de la 1Ăšre guerre mondiale. Face Ă  l’invasion allemande, les installations de Laeken furent dynamitĂ©es le 19/8/1914. Ainsi, Ă  la veille de la 1Ăšre guerre mondiale, toutes les conditions Ă©taient dĂ©jĂ  rĂ©unies pour que se dĂ©veloppe la radio. La guerre stoppa net ces audacieuses et magnifiques expĂ©riences.
Mais le mouvement n’était qu’en sommeil !
Il allait reprendre dĂšs la fin des hostilitĂ©s, grĂące Ă  l’apparition de la lampe triode qui autorisa les plus grands espoirs. Les ‘auditeurs’, ces ‘B.C.L.’ (Broadcasts Concert Listeners) ont dĂ©veloppĂ© leur activité : ils se sont multipliĂ©s et groupĂ©s en associations, en Radio Clubs trĂšs actifs. Un cadre lĂ©gal est crĂ©e pour cette clientĂšle potentielle et rentable pour l’industrie.
Le 7 aoĂ»t 1920, un ArrĂȘtĂ© MinistĂ©riel prĂ©cise les « conditions d’établissement des postes rĂ©cepteurs de T.S.F. ».
Il me paraĂźt utile de rappeler - et nous en reparlerons lorsque nous Ă©voquerons les prĂ©mices du R.C.B.E. – que le poste militaire de la Tour Eiffel (sous l’impulsion du GĂ©nĂ©ral FerriĂ©) diffusa sa premiĂšre Ă©mission radiophonique le 24 dĂ©cembre 1921. (longueur d’onde : 2600m ; puissance : 800W)
Chez nous, « Radio Bruxelles » est inaugurée le soir du 23/11/1923. Elle deviendra « Radio Belgique » le 1/1/1924.
Les programmes de radiodiffusion s’étoffent, les stations Ă©mettrices se multiplient, les revues spĂ©cialisĂ©es font de mĂȘme et la masse des « chers z’auditeurs » s’enfle considĂ©rablement.
Parmi ces derniers, nombreux sont ceux qui montent eux-mĂȘmes leur poste, encore simple et sans astuce. Ces auditeurs, un tantinet techniciens, s’intitulent « amateurs de TSF » en bombant le torse !
L’expression « amateur » Ă©tait lancĂ©e : elle englobait tous ceux qui s’intĂ©ressĂšrent aux diverses manifestations audibles de la radio : d’une part les ‘BCL’ trĂšs nombreux et d’autre part , issus de ce premier groupe, les ‘amateurs Ă©metteurs’, un groupe en devenir d’auditeurs expĂ©rimentateurs, encore peu nombreux, tolĂ©rĂ©s avec grande bienveillance par les PTT, mais absolument interdits !
LassĂ©s de recevoir de vagues radiotĂ©lĂ©grammes ou d’entendre des radio-concerts dont la qualitĂ© laissait Ă  dĂ©sirer (et c’est un euphĂ©misme !), ils supputĂšrent que l’émission ne devait pas ĂȘtre plus difficile Ă  expĂ©rimenter que la rĂ©ception. Utilisant les ‘petites ondes’ (au dessous de 200m), considĂ©rĂ©es comme sans intĂ©rĂȘt pendant des annĂ©es, les amateurs-Ă©metteurs firent accomplir des pas de gĂ©ants Ă  leur technique. Ce mĂȘme engouement ralliait les ‘mordus de signaux morse’ dans divers pays du monde et, en Belgique dans diverses villes du pays.
Et nous voici enfin à Verviers ! Nous voici d’abord à Verviers, aurais-je tendance à dire !
 
La conférence
A Verviers, ces fĂ©rus de ‘Tripotage sans fil’ - comme on disait alors - se groupĂšrent dĂšs 1922 sous l’égide de Laurent HENROTAY.
 
Intéressons-nous quelques instants à la personnalité de ce pionnier.
 
Laurent Joseph Henrotay vit le jour le 8/11/1892 Ă  Chaineux.
DĂšs son plus jeune Ăąge, il fut attirĂ© par le mystĂšre de l’électricitĂ© et de ses applications. En 1912, il entre Ă  la « SociĂ©tĂ© d’ElectricitĂ© de l’Est de la Belgique ». Au dĂ©but de 1913, il se rend Ă  Paris. Il s’y met en rapport avec la Maison PĂ©ricaud, spĂ©cialisĂ©e en appareils de physique et d’électricitĂ©. Il revient Ă  Verviers peu avant aoĂ»t 1914. DomiciliĂ© au 26 rue des Carmes, un document de 1917 atteste de l’ouverture prochaine d’un commerce de « Fournitures et entreprises gĂ©nĂ©rales d’installation d’électricité » en Crapaurue.
Ce premier magasin de radio Ă  Verviers vend des articles liĂ©s Ă  l’électricitĂ©, Ă  la cinĂ©matographie et Ă  la tĂ©lĂ©graphie sans fil.
GrĂące au matĂ©riel rapportĂ© de chez PĂ©ricaud, il construit un poste rĂ©cepteur de T.S.F. Nous sommes au dĂ©but de l’annĂ©e 1922. Le ‘Courrier du Soir’, faisant l’éloge des « merveilles de la tĂ©lĂ©phonie sans fil », titrait : « Nous entendons Ă  Verviers un concert donnĂ© Ă  la Tour Eiffel ».
Laurent Henrotay est le premier à écouter la Tour Eiffel sur 2 lampes ! « Il admet le public chez lui pour assister à ces intéressantes auditions ».
Remarquons ici le cÎté précurseur de Mr. Henrotay : le poste militaire de la Tour Eiffel diffusa sa premiÚre émission radiophonique le 24 décembre 1921, son inauguration officielle (en présence du Général Ferrié) aura lieu le 6 février 1922.
 
Laissons Laurent Henrotay Ă©voquer lui-mĂȘme ses souvenirs, racontĂ©s lors du 35e anniversaire du R.C.B.E. et reproduits dans les ‘GDV Press’ 01/1975 et 02/1975.
Et voici la surprise !
« En mon magasin de Crapaurue, les amateurs se prĂ©sentaient de plus en plus nombreux. Ainsi fus-je amenĂ© Ă  la constitution d’un club d’amateurs. La sĂ©ance de constitution du Radio Club de l’Est se tint au second Ă©tage du cafĂ© de l’Emulation, place du Martyr Ă  Verviers le 26 mars 1922, un dimanche matin. La publicitĂ© faite autour de notre petit noyau d’amateurs nous incita bientĂŽt Ă  chercher un local qui ne fut pas un cafĂ© et oĂč nous pourrions Ă©ventuellement installer du matĂ©riel. Nous ne cherchĂąmes pas longtemps et trouvĂąmes ce local au 2Ăšme Ă©tage de l’UniversitĂ© Populaire, 50, rue TranchĂ©e oĂč Madame Peltzer de Clermont voulut bien nous accueillir. »
 
Chose Ă©trange, la presse locale de Verviers (‘Le Jour’) annonça la crĂ©ation du R.C.B.E. dans un « Avis aux amateurs de TSF » en date du 17 juin 1922, soit 3 mois aprĂšs la rĂ©elle constitution du club.
 
« Nous avons le plaisir d’annoncer aux  amateurs de cette grande science moderne qu’un Club s’est fondĂ© Ă  Verviers sous le nom de ‘Radio-Club Belge de l’Est’ (R.C.B.E.). Cette sociĂ©tĂ© a pour but l’étude de la radiotĂ©lĂ©phonie et surtout de sauvegarder les intĂ©rĂȘts des amateurs. Pour tous renseignements s’adresser au prĂ©sident, L. Henrotay, Crapaurue 56, ou au secrĂ©taire R. Niederprun, rue XhavĂ©e, 13, Verviers ». (Le Jour, 17/6/1922)
 
Ce nouveau groupement de ‘sans-filistes’ remporta d’emblĂ©e un franc succĂšs.
 
« MM. Henrotay et Niederprun nous ont appris qu’une cinquantaine d’adhĂ©sions leur sont dĂ©jĂ  parvenues. C’est donc que les VerviĂ©tois veulent, en cette science nouvelle, se tenir encore ‘à la page’ ». (Le Jour, 23/6/1922)
 
La sĂ©ance inaugurale eut lieu le 8 aoĂ»t 1922, au local du R.C.B.E., au 2Ăšme Ă©tage de la « Mutuelle », rue TranchĂ©e. Une trentaine de personnes composaient l’assistance. L’audition prĂ©parĂ©e par le comitĂ© du club fut un Ă©chec en raison de fortes perturbations atmosphĂ©riques.
 
« SĂ©ance blanche, donc, pourrait-on dire. Sauf pourtant pour les non initiĂ©s, les multiples dĂ©tails techniques exposĂ©s, entre les « bruissements » par les aimables promoteurs du nouveau groupement, chez qui des mĂ©comptes comme celui d’hier n’amoindrissent nullement la foi en l’avenir de la science qu’ils affectionnent et qui est encore, en somme Ă  ses vagissements ‘secondaires’ ». (Le Jour, 9 /8/1922)
 
L’évĂ©nement phare du R.C.B.E. en cette premiĂšre annĂ©e d’existence fut sans conteste la visite des installations de l’Observatoire Royal d’Uccle ainsi que son poste d’émissions radiotĂ©lĂ©graphiques. AnnoncĂ©e dans la presse dĂšs octobre, cette visite mĂ©morable se dĂ©roula le dimanche 5 novembre 1922.
Cette visite (horaire publiĂ© dans le ‘Courrier du Soir’ du 18/10/1922) collective Ă  l’Observatoire Royal d’Uccle connut un succĂšs retentissant. Plusieurs dizaines de nouveaux membres rejoignirent les rangs du club. Le R.C.B.E., Ă  l’origine donc un club d’auditeurs de radiophonie, Ă©tait lancĂ©.
 
Mais voici qu’un changement va s’opĂ©rer !
 
Vers la fin de novembre 1922, plusieurs membres du club supputĂšrent que l’émission ne devait pas ĂȘtre plus difficile Ă  expĂ©rimenter que la rĂ©ception, et ce malgrĂ© l’interdiction absolue : « Toute Ă©mission de radiations Ă©lectriques quelconques est formellement interdite ».
 
Rien n’est impossible à ceux qui veulent ! (Nil volentibus arduum est)
 
Laurent Henrotay dĂ©clarait dans ses souvenirs : « L’émission n’est pas autorisĂ©e, mais foin des rĂšglements, avec des puissances de quelques watts, c’est si agrĂ©able de rayonner, de remplir l’espace environnant de signaux d’appels ». (‘35 ans du R.C.B.E.’)
 
Rappelons que les ondes ‘courtes’ n’offraient aucune utilitĂ© pratique, elles Ă©taient dĂ©daignĂ©es par les professionnels et livrĂ©es, de ce fait, aux amateurs.
 
« Avec AndrĂ© Courtois, Jean Lecloux, RenĂ© Pirotte, ensuite RenĂ© Toussaint de Spa, nous Ă©changions chaque soir nos impressions en des sĂ©ances expĂ©rimentales qui duraient trĂšs tard dans la nuit ». (‘35 ans du R.C.B.E.’)
 
Cette premiĂšre annĂ©e d’existence du R.C.B.E. se termine en beautĂ©.
 
La presse locale publie le jeudi 14 décembre 1922 un communiqué anodin mais absolument étonnant de Mr. Henrotay.
Sous le titre assez vague de « RadiotĂ©lĂ©phonie et RadiotĂ©lĂ©graphie », il aborde le sujet des essais transatlantiques d’amateurs et informe ses lecteurs des rĂ©sultats, une premiĂšre Ă  ma connaissance en Belgique.
 
Rappelons briĂšvement que ces « essais transatlantiques » se sont Ă©talĂ©s sur 3 annĂ©es, de 1921 Ă  1923, essais unilatĂ©raux impliquant des stations amĂ©ricaines, anglaises puis françaises et que, enfin, avant une 4Ăšme sĂ©rie d’essais prĂ©vus fin 1923, l’amateur français 8AB, LĂ©on Deloy de Nice contacta l’AmĂ©ricain Schnell, 1MO le 28/11/1923 sur 108 mĂštres de longueur d’onde.
Laurent Henrotay et ses amis du R.C.B.E. auraient-ils pris part Ă  ces Ă©coutes qualifiĂ©es de « Fait essentiel dans l’Histoire des ondes courtes » ?
Tout porte à croire que OUI !
 
1923. AndrĂ© Courtois (4YZ), Laurent Henrotay (4QS) et RenĂ© Pirotte (4RS) dĂ©cident de procĂ©der Ă  des essais d’émission sur 200 mĂštres. RenĂ© Toussaint (4US) de Spa se joint Ă  eux. Les communications s’établissent aisĂ©ment entre ces quatre amateurs, au moyen de simples lampes de rĂ©ception dite ‘TM’.
 
Ces premiers pas en Ă©mission sont confirmĂ©s dans les « Notes Souvenirs de ON4RV », rĂ©digĂ©es dans les annĂ©es soixante du siĂšcle passĂ©. (‘Le Gang VerviĂ©tois’, 08/1965)
L’activitĂ© dĂ©bordante de ces quatre amateurs leur permet de rĂ©aliser de multiples liaisons bilatĂ©rales : France, Grande-Bretagne, Danemark, SuĂšde et Finlande. Des portĂ©es de plus de 2000 km sont atteintes.
 
Leurs indicatifs ainsi que leurs exploits sont publiĂ©s dans la presse Ă©trangĂšre spĂ©cialisĂ©e : le ‘Journal des 8’, ‘QST’, ‘L’Antenne’, ‘The Wireless World’ et j’en passe !
 
La notoriĂ©tĂ© de Laurent Henrotay est immense et s’étend bien au delĂ  de nos frontiĂšres.
En mars 1924, Ă  l’occasion de la visite en France de Mr. Hiram Percy Maxim, PrĂ©sident de l’A.R.R.L., il reprĂ©senta la Belgique lors d’une rĂ©union prĂ©liminaire Ă  la formation d’une ligue Internationale d’amateurs de T.S.F.
Un banquet sous le haut patronage du GĂ©nĂ©ral FerriĂ© clĂŽtura cette rĂ©union internationale Ă  l’hĂŽtel Lutetia.
 
Le premier « CongrĂšs International des amateurs » eut lieu l’annĂ©e suivante en avril Ă  la Sorbonne : « L’UNION INTERNATIONALE DES RADIO-AMATEURS  - THE INTERNATIONAL AMATEUR RADIO UNION » fut fondĂ©e.
La dĂ©lĂ©gation belge Ă©tait composĂ©e de Mr. Robert Deloor, P2, ‘General Manager’ du RĂ©seau Belge, Mr. Jacques Heynen B 1CF et enfin, last but not least, Mr Laurent Henrotay, 4QS, PrĂ©sident du Radio-Club Belge de l’Est.
 
Mais revenons briÚvement en 1924 pour ces exploits qui firent la réputation des membres du R.C.B.E.
 
Lors d’une soirĂ©e chez lui, le 31 Octobre 1924, Laurent Henrotay parvient Ă  dĂ©cider ses amis Ă  tenter des essais transatlantiques. Il est chargĂ© de se mettre en rapport avec les dirigeants de l’A.R.R.L.
La liaison avec l’AmĂ©rique est donc dĂ©cidĂ©e au sein du Radio-Club (novembre 1924). En Belgique, personne n’avait encore realisĂ© un tel exploit!
 
André Courtois, 4YZ, une autre figure marquante du Radio-Club, brillamment promu ingénieur A.I.T.V. en 1913, est le Vice-Président du R.C.B.E.
Le matin du jeudi 11 décembre 1924, il téléphone triomphalement à ses amis.
A 6h GMT, il Ă©tait entrĂ© en communication avec la station canadienne C1AR, ‘Old Joe’ Fassett Ă  Halifax.
 
Cette PREMIÈRE liaison (d’une durĂ©e de 1h30!) entre la Belgique et le continent amĂ©ricain , un exploit rĂ©alisĂ© par un amateur-Ă©metteur VerviĂ©tois, est confirmĂ©e dans le magazine ‘QST’ de l’A.R.R.L.
 
« Belgium became QSO the North American continent for the first time when c1AR ‘Old Joe’ Fasset, at Halifax, N.S. clicked with b4YZ on Dec.11th, the latter station using 9 watts input. 1QV, Westerly, R.I., worked P2, Brussels on Dec.20th, and on the 23rd W2, also in Brussels, worked u1KC (
) 1KC tied up with b4RS on Dec.24th, making the fourth Belgian to work this country. » (QST 02/1925, pp.13-14)
 
Ces ‘hardis et tĂ©mĂ©raires’ pionniers n’en restĂšrent pas là ! 4RS et 4QS communiquĂšrent aussi avec les ‘States’, les 25 et 26 dĂ©cembre 1924.
 
En ce dĂ©but d’annĂ©e 1925, le Radio-Club Belge de l’Est Ă©tait bien organisĂ© et connaissait un succĂšs retentissant. Le prĂ©sident de cette ‘SociĂ©té  technique’ (siĂšge : rue TranchĂ©e, 50 Ă  Verviers) Ă©tait donc Laurent Henrotay 4QS ; le vice-prĂ©sident AndrĂ© Courtois 4YZ ; le secrĂ©taire RenĂ© Pirotte 4RS. Il y avait en outre 1 trĂ©sorier, 3 conseillers et de nombreux (14) ‘membres protecteurs’.
 
La revue ‘Radio-Échos’, « revue mensuelle de T.S.F., Ă©crite par des amateurs pour l’amateur » devint l’organe officiel du R.C.B.E. Elle paraissait le 15 de chaque mois.
 
Nous reproduisons le N°1 de Janvier 1925 en annexe. Son contenu est trÚs intéressant à bien des égards : (commentaires personnels en italique)
 
Une description de la station B4RS : photo, description et schĂ©ma de l’émetteur ainsi que les rĂ©sultats obtenus.
Essais transatlantiques (réussis) de 4QS, 4YZ et 4RS. (confirmés dans le  QST 02/1925, p.13 et 14)
Liste exhaustive d’indicatifs entendus et contactĂ©s. (Impressionnant pour l’époque : des dizaines d’AmĂ©ricains !)
Un article relatif au CongrÚs International de T.S.F. (Avril 1925)  et ses préparatifs. (4QS fera partie de la délégation belge !)
Le rapport de la rĂ©union prĂ©paratoire du 12 Mars 1924 Ă  Paris
 (4QS y Ă©tait !)
 
Perfectionnant ses appareils, AndrĂ© Courtois, B 4YZ effectue le 29 aoĂ»t 1925 la premiĂšre liaison avec les antipodes. Il contacte Z 2AC de Gisborne, Nouvelle ZĂ©lande en utilisant 65 watts sur 45 mĂštres de longueur d’onde.(Jd8 N°57 du 4/9/1925)
Des liaisons Ă  grande distance sont rĂ©alisĂ©es tous azimuts par les pionniers VerviĂ©tois. 4AS et 4XS rĂ©alisent Ă  leur tour des liaisons transatlantiques utilisant des puissances de l’ordre de 15 watts. La station B 4RS Ă©tablit le dimanche 13 dĂ©cembre 1925 Ă  21h15 GMT le 1er QSO Belgique - Afrique du Sud en travaillant avec A6N de Cape Town.
 
En 1926, André Courtois 4YZ succÚde à Laurent Henrotay comme Président du R.C.B.E.
 
C’est en cette mĂȘme annĂ©e 1926 qu’il est le premier belge Ă  dĂ©crocher la plus haute distinction pour un radioamateur de l’époque : le diplĂŽme ‘WAC’, attribuĂ© sur demande aux stations ayant rĂ©alisĂ© une liaison bilatĂ©rale avec des stations des 6 continents. Les cartes QSL, preuves confirmant ces contacts, envoyĂ©es Ă  l’A.R.R.L., Ă©taient retournĂ©es, accompagnĂ©es du prestigieux certificat.
Le premier WAC (CW) belge fut donc obtenu par AndrĂ© COURTOIS, B 4YZ de Verviers. Il s’agit par ailleurs du 1er WAC europĂ©en et du 7e WAC mondial. Son indicatif est citĂ© pour la premiĂšre fois dans le ‘QST’ de juin 1926, p.54.
 
Cette formidable prouesse est confirmĂ©e Ă  maintes reprises dans les listes rĂ©capitulatives publiĂ©es rĂ©guliĂšrement dans ‘QST’, dans la revue autrichienne ‘OEM’ de mars 1935 (pp.12-14) ainsi que dans le ‘QSO’ de mai 1935, p.82.
 
Il est remarquable de constater que le second WAC (CW) belge (4e WAC europĂ©en, 20e mondial) fut dĂ©cernĂ© Ă  B 4RS, RenĂ© PIROTTE de Verviers. Son indicatif apparaĂźt pour la premiĂšre fois dans le ‘QST’ de novembre 1926, p.50.
 
En 1929, RenĂ© Toussaint, ON4US, un autre membre du R.C.B.E., reçut son WAC CW et son diplĂŽme de membre de l’A.R.R.L., tous deux datĂ©s du 22 octobre 1929. (5Ăšme WAC CW belge)
 
Le Radio-Club compte alors prĂšs de 200 membres.
 
Mr. Joseph Roussel, SecrĂ©taire de la SociĂ©tĂ© Française d’Études de T.S.F., auteur de nombreux ouvrages de vulgarisation radio, vient en Belgique Ă  la demande de Laurent Henrotay. Il donne 2 confĂ©rences Ă  salle comble.
Sa visite en Belgique est relatĂ©e dans un article intitulĂ© « Ce que j’ai vu et entendu en Belgique ». Il fut publiĂ© dans « La TSF Moderne » de juillet 1926, pp. 400-402. Mr. Roussel fut nommĂ© Membre d’Honneur du R.C.B.E., tout comme Mr. Louis Houben, ingĂ©nieur A.I.T.V. (Andrimont)
 
Le R.C.B.E. est Ă  la pointe de la technique de l’époque : le sujet qui devient Ă  la mode s’appelle « TĂ©lĂ©vision ». Joseph Roussel donnera une seconde confĂ©rence sur ce sujet le 1/12/1927. Une autre confĂ©rence traitant de cette ‘merveilleuse dĂ©couverte’ aura lieu en mai 1930.
 
Citons encore le stand du R.C.B.E en 1928 dans le cadre des FestivitĂ©s du Cinquantenaire de la Gileppe et le traitĂ© Ă©lĂ©mentaire d’électricitĂ© (1930) Ă©laborĂ© par Edmond Penders. La premiĂšre Ă©dition de cet ouvrage, honorĂ©e d’une souscription du MinistĂšre des Sciences et des Arts, fut rapidement Ă©puisĂ©e.
 
Qu’il me soit permis un petit flash-back afin d’évoquer briĂšvement la crĂ©ation et l’activitĂ© dĂ©bordante des 2 autres groupements ‘radiophiles’ chez les « Verts et Vieux ».
Le « Cercle VerviĂ©tois d’Etudes RadioĂ©lectriques » vit le jour en 1923 au CollĂšge Saint-François-Xavier de Verviers sous l’impulsion du RĂ©vĂ©rend PĂšre JĂ©suite Ernest Verreux, professeur de sciences. Son secrĂ©taire, Paul de Neck, qui quittera Verviers pour Bruxelles fin 1924 deviendra ‘General Manager du RĂ©seau Belge’ (U3 – ON4UU)
Les activités du C.V.E.R. étaient nombreuses et variées :
 
         ◊   une rĂ©union avait lieu tous les mercredis Ă  19h30. Elle commençait
               invariablement par ‘l’appel nominal de rigueur’ et se terminait par
             quelques minutes de lecture au son (morse).
 
            ◊   des ‘causeries’ (avec projection lumineuse !) par les membres du club
              et/ou des conférenciers invités avaient lieu quasiment à chaque
     réunion.
 
         ◊   certaines rĂ©unions se dĂ©roulaient Ă  l’extĂ©rieur, ‘en campagne’ :
              expériences dans les prairies de la Baraque Michel et les plaines de
              Heusy.
 
         ◊   prĂ©sentation de nouveaux montages, postes rĂ©cepteurs, pavillons,
               amplis de puissance
 et essais de rĂ©ception avec ce matĂ©riel.
 
◊   un concours de rĂ©ception organisĂ© entre membres rallie tous les
     suffrages.
 
◊   organisation (30/11/1924) d’une grande confĂ©rence publique doublĂ©e
     d’une exposition d’appareils de T.S.F. et de piĂšces dĂ©tachĂ©es.
 
◊   participation d’un nombre considĂ©rable d’exposants en 1926 et 1927
    dans la grande salle des fĂȘtes du CollĂšge St. François-Xavier
 
◊   synthùse et commentaire d’articles parus dans ‘La T.S.F. moderne’ et
    ‘L’Antenne’
 
Mais surtout, le R.P. Verreux imagina de crĂ©er un poste d’émission privĂ© sous le nom de « Radio Verviers ». (1927)
Une certitude importante ressort des comptes-rendus des rĂ©unions du C.V.E.R. : les membres Ă©taient des « amateurs-Ă©couteurs » de TSF et ne pratiquaient pas en cette annĂ©e 1924 l’émission d’amateur. Il n’en fut pas toujours ainsi par la suite !
 
Un 3Ăšme groupement radio est le « Radio-Club RĂ©gional » (1925), rebaptisĂ© successivement « L’Union des Radios-Amateurs Belges » (1927), puis « Le RĂ©seau VerviĂ©tois » (1929).
RenĂ© Goka, R-330 (indicatif d’écoute du cĂ©lĂšbre journal ‘L’Antenne’), devenu EB4RV et ON4RV est la vĂ©ritable cheville ouvriĂšre du RĂ©seau VerviĂ©tois. Il publie le « Radio Feuillet » devenu « Bulletin des Ondes Courtes », vĂ©ritable reflet de l’activitĂ© radio des 3 groupements VerviĂ©tois.
A l’aube de 1930, ce club comptait 25 membres actifs et dĂ©vouĂ©s Ă  la rĂ©ception mais aussi Ă  l’émission d’amateur.
Une « JournĂ©e des Ondes courtes » est organisĂ©e le 12 janvier 1930 avec : rĂ©ception officielle, Ă©missions en phonie d’une station expĂ©rimentale (‘Radio Centre’), participation Ă©trangĂšre et grand banquet de clĂŽture dans les Salons de la Pommelette.
 
Quant au R.C.B.E. en ce dĂ©but des annĂ©es 30, il comptait dans ses rangs des amateurs de photographie : Louis AM Zehnhoff, RenĂ© Pirotte, Emile Piret et Jean Houbeau. DĂšs 1932, des causeries et sĂ©ances pratiques de photo viennent Ă©toffer les activitĂ©s radio du Club. Un laboratoire photo ‘modĂšle’ est inaugurĂ© en 1935.
La plupart des pionniers de la premiÚre heure délaissent le hobby pour se consacrer à leurs activités familiales et professionnelles.
Peu d’informations filtrent en cette immĂ©diate avant-guerre.
10 mai 1940 : les Ă©quipements radio furent remis aux autoritĂ©s ou confisquĂ©s par l’occupant. Toute activitĂ© radio amateur fut plongĂ©e dans une amĂšre lĂ©thargie.
 
Pour ce qui est de l’aprĂšs-guerre au R.C.B.E., le sujet d’une recherche ultĂ©rieure plus fouillĂ©e, retenons que le 25Ăšme anniversaire du club ne fut pas fĂȘtĂ© en raison du dĂ©cĂšs d’AndrĂ© Courtois 4YZ (‘QSO’ 01/1946).
Le 35Ăšme anniversaire du Radio Club de l’Est fut fĂȘtĂ© en grandes pompes en juin 1957. ‘Le Jour’ du jeudi 27 juin 1957 relatait ces 35 annĂ©es de rayonnement dans le monde des radio amateurs. Le club comptait alors 110 membres !
En 1958, une tentative de jumelage du « Royal Radio Club de l’Est » et de l’UBA Ă©choua. Le R.C.B.E. disparaĂźt des mes Ă©crans vers cette Ă©poque, la jeune section UBA de Verviers (qui deviendra le GDV) tient sa premiĂšre rĂ©union officielle le 27/2/1962 au CafĂ© du Tank, Place Verte.
 
Monsieur Laurent Henrotay, radio technicien licenciĂ© et fondateur du R.C.B.E. s’éteindra le 16/12/1967 dans sa 76Ăšme annĂ©e, RenĂ© Toussaint de Spa dĂ©cĂšde en 1971, RenĂ© Pirotte disparaĂźt en 1983. Tous les pionniers ont disparu.
 
Permettez-moi de conclure !
3. Conclusion

1922 
 aprùs l’ñne et le bƓuf !
 
Le RĂ©seau Belge n’existait pas, le REF n’existait pas, l’IARU n’existait pas ! Aucun d’entre nous n’était nĂ©, mĂȘme pas ON4PL, notre ‘jeune’ membre d’honneur de l’UBA !

C’était il y a 95 ans !
Ici, Ă  Verviers, Mr.Laurent Henrotay, ensorcelĂ© par la TSF comme il le disait lui-mĂȘme, partage avec une poignĂ©e d’auditeurs admiratifs les « Merveilles de la TSF » en son magasin en Crapaurue. Son poste rĂ©cepteur, construit par ses soins, est le premier Ă  Verviers Ă  recevoir les Ă©missions de la Tour Eiffel. Les amateurs de TSF se firent de plus en plus nombreux, de plus en plus intĂ©ressĂ©s. La crĂ©ation d’un club fut dĂ©cidĂ©e : le « Radio Club Belge de l’Est » Ă©tait né !
Bravant l’interdiction d’émettre, ces pionniers VerviĂ©tois, membres du R.C.B.E., du C.V.E.R. ou du R.V. apporteront leur quote-part apprĂ©ciable au dĂ©veloppement de cette science nouvelle. CĂŽtoyant les plus Ă©minents radio amateurs de leur temps, ils participeront Ă  l’élaboration de l’IARU. Ils Ă©tabliront des liaisons radio qui connaĂźtront un retentissement international, ils rĂ©colteront de prestigieuses rĂ©compenses et leurs prouesses techniques porteront loin dans le monde le nom de leur ville, de votre ville VERVIERS, le berceau du radio amateurisme en Belgique.
© Toute reproduction, traduction et/ou diffusion mĂȘme partielle est formellement interdite. STOFFEL Pierre ON4PS.
 

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