Conférence donnée le 17 juin 2017 à Verviers, à l'occasion des 95 ans du RCBE le radio Club belge de l'Est. Cette conférence fut présentée par Pierre Stoffel ON4PS.
Introduction.
Ce n’est pas sans émotion que je vais vous raconter aujourd’hui la création voici 95 ans et la glorieuse histoire du R.C.B.E. qui porta le renom de Verviers au-delà de nos frontières, au-delà des océans.
Comme la création du R.C.B.E. est intimement liée et absolument indissociable des débuts de la T.S.F., je vais, dans un premier temps, en guise de préliminaire, tâcher de vous immerger dans l’ambiance T.S.F. des tout débuts ; ce qui me permettra par la suite de vous faire apprécier la contribution des pionniers Verviétois dans le développement de cette science alors nouvelle.
Remontons avant la première guerre mondiale, au début du siècle passé. Dès les premières émissions radiotélégraphiques officielles écloses aux alentours de 1901, les premiers « amateurs » s’entraînaient patiemment à la lecture au son et tendaient un tympan attentif aux voix grêles et rares des quelques stations existantes. Ils avaient bien peu de chose à se mettre sous la dent (dans l’oreille !), surtout sur un poste à galène : quelques vagues radiotélégrammes des stations côtières et des navires en mer, des bulletins météo, la Tour Eiffel … Il fallait absolument connaître le morse car il n’y avait pas ou très peu d’émissions en téléphonie. Quant à la radiophonie, on peut considérer comme une Première européenne l’installation en 1913 d’une station expérimentale de radiophonie dans une annexe du Palais Royal de Laeken. (Robert Goldschmidt – Raymond Braillard)
Les concerts de Laeken, à l’initiative du Roi Albert Ier, furent diffusés en ondes moyennes chaque samedi jusqu’au début de la 1ère guerre mondiale. Face à l’invasion allemande, les installations de Laeken furent dynamitées le 19/8/1914. Ainsi, à la veille de la 1ère guerre mondiale, toutes les conditions étaient déjà réunies pour que se développe la radio. La guerre stoppa net ces audacieuses et magnifiques expériences.
Mais le mouvement n’était qu’en sommeil !
Il allait reprendre dès la fin des hostilités, grâce à l’apparition de la lampe triode qui autorisa les plus grands espoirs. Les ‘auditeurs’, ces ‘B.C.L.’ (Broadcasts Concert Listeners) ont développé leur activité : ils se sont multipliés et groupés en associations, en Radio Clubs très actifs. Un cadre légal est crée pour cette clientèle potentielle et rentable pour l’industrie.
Le 7 août 1920, un Arrêté Ministériel précise les « conditions d’établissement des postes récepteurs de T.S.F. ».
Il me paraît utile de rappeler - et nous en reparlerons lorsque nous évoquerons les prémices du R.C.B.E. – que le poste militaire de la Tour Eiffel (sous l’impulsion du Général Ferrié) diffusa sa première émission radiophonique le 24 décembre 1921. (longueur d’onde : 2600m ; puissance : 800W)
Chez nous, « Radio Bruxelles » est inaugurée le soir du 23/11/1923. Elle deviendra « Radio Belgique » le 1/1/1924.
Les programmes de radiodiffusion s’étoffent, les stations émettrices se multiplient, les revues spécialisées font de même et la masse des « chers z’auditeurs » s’enfle considérablement.
Parmi ces derniers, nombreux sont ceux qui montent eux-mêmes leur poste, encore simple et sans astuce. Ces auditeurs, un tantinet techniciens, s’intitulent « amateurs de TSF » en bombant le torse !
L’expression « amateur » était lancée : elle englobait tous ceux qui s’intéressèrent aux diverses manifestations audibles de la radio : d’une part les ‘BCL’ très nombreux et d’autre part , issus de ce premier groupe, les ‘amateurs émetteurs’, un groupe en devenir d’auditeurs expérimentateurs, encore peu nombreux, tolérés avec grande bienveillance par les PTT, mais absolument interdits !
Lassés de recevoir de vagues radiotélégrammes ou d’entendre des radio-concerts dont la qualité laissait à désirer (et c’est un euphémisme !), ils supputèrent que l’émission ne devait pas être plus difficile à expérimenter que la réception. Utilisant les ‘petites ondes’ (au dessous de 200m), considérées comme sans intérêt pendant des années, les amateurs-émetteurs firent accomplir des pas de géants à leur technique. Ce même engouement ralliait les ‘mordus de signaux morse’ dans divers pays du monde et, en Belgique dans diverses villes du pays.
Et nous voici enfin à Verviers ! Nous voici d’abord à Verviers, aurais-je tendance à dire !
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La conférence
A Verviers, ces férus de ‘Tripotage sans fil’ - comme on disait alors - se groupèrent dès 1922 sous l’égide de Laurent HENROTAY.
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Intéressons-nous quelques instants à la personnalité de ce pionnier.
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Laurent Joseph Henrotay vit le jour le 8/11/1892 Ã Chaineux.
Dès son plus jeune âge, il fut attiré par le mystère de l’électricité et de ses applications. En 1912, il entre à la « Société d’Electricité de l’Est de la Belgique ». Au début de 1913, il se rend à Paris. Il s’y met en rapport avec la Maison Péricaud, spécialisée en appareils de physique et d’électricité. Il revient à Verviers peu avant août 1914. Domicilié au 26 rue des Carmes, un document de 1917 atteste de l’ouverture prochaine d’un commerce de « Fournitures et entreprises générales d’installation d’électricité » en Crapaurue.
Ce premier magasin de radio à Verviers vend des articles liés à l’électricité, à la cinématographie et à la télégraphie sans fil.
Grâce au matériel rapporté de chez Péricaud, il construit un poste récepteur de T.S.F. Nous sommes au début de l’année 1922. Le ‘Courrier du Soir’, faisant l’éloge des « merveilles de la téléphonie sans fil », titrait : « Nous entendons à Verviers un concert donné à la Tour Eiffel ».
Laurent Henrotay est le premier à écouter la Tour Eiffel sur 2 lampes ! « Il admet le public chez lui pour assister à ces intéressantes auditions ».
Remarquons ici le côté précurseur de Mr. Henrotay : le poste militaire de la Tour Eiffel diffusa sa première émission radiophonique le 24 décembre 1921, son inauguration officielle (en présence du Général Ferrié) aura lieu le 6 février 1922.
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Laissons Laurent Henrotay évoquer lui-même ses souvenirs, racontés lors du 35e anniversaire du R.C.B.E. et reproduits dans les ‘GDV Press’ 01/1975 et 02/1975.
Et voici la surprise !
« En mon magasin de Crapaurue, les amateurs se présentaient de plus en plus nombreux. Ainsi fus-je amené à la constitution d’un club d’amateurs. La séance de constitution du Radio Club de l’Est se tint au second étage du café de l’Emulation, place du Martyr à Verviers le 26 mars 1922, un dimanche matin. La publicité faite autour de notre petit noyau d’amateurs nous incita bientôt à chercher un local qui ne fut pas un café et où nous pourrions éventuellement installer du matériel. Nous ne cherchâmes pas longtemps et trouvâmes ce local au 2ème étage de l’Université Populaire, 50, rue Tranchée où Madame Peltzer de Clermont voulut bien nous accueillir. »
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Chose étrange, la presse locale de Verviers (‘Le Jour’) annonça la création du R.C.B.E. dans un « Avis aux amateurs de TSF » en date du 17 juin 1922, soit 3 mois après la réelle constitution du club.
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« Nous avons le plaisir d’annoncer aux amateurs de cette grande science moderne qu’un Club s’est fondé à Verviers sous le nom de ‘Radio-Club Belge de l’Est’ (R.C.B.E.). Cette société a pour but l’étude de la radiotéléphonie et surtout de sauvegarder les intérêts des amateurs. Pour tous renseignements s’adresser au président, L. Henrotay, Crapaurue 56, ou au secrétaire R. Niederprun, rue Xhavée, 13, Verviers ». (Le Jour, 17/6/1922)
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Ce nouveau groupement de ‘sans-filistes’ remporta d’emblée un franc succès.
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« MM. Henrotay et Niederprun nous ont appris qu’une cinquantaine d’adhésions leur sont déjà parvenues. C’est donc que les Verviétois veulent, en cette science nouvelle, se tenir encore ‘à la page’ ». (Le Jour, 23/6/1922)
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La séance inaugurale eut lieu le 8 août 1922, au local du R.C.B.E., au 2ème étage de la « Mutuelle », rue Tranchée. Une trentaine de personnes composaient l’assistance. L’audition préparée par le comité du club fut un échec en raison de fortes perturbations atmosphériques.
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« Séance blanche, donc, pourrait-on dire. Sauf pourtant pour les non initiés, les multiples détails techniques exposés, entre les « bruissements » par les aimables promoteurs du nouveau groupement, chez qui des mécomptes comme celui d’hier n’amoindrissent nullement la foi en l’avenir de la science qu’ils affectionnent et qui est encore, en somme à ses vagissements ‘secondaires’ ». (Le Jour, 9 /8/1922)
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L’événement phare du R.C.B.E. en cette première année d’existence fut sans conteste la visite des installations de l’Observatoire Royal d’Uccle ainsi que son poste d’émissions radiotélégraphiques. Annoncée dans la presse dès octobre, cette visite mémorable se déroula le dimanche 5 novembre 1922.
Cette visite (horaire publié dans le ‘Courrier du Soir’ du 18/10/1922) collective à l’Observatoire Royal d’Uccle connut un succès retentissant. Plusieurs dizaines de nouveaux membres rejoignirent les rangs du club. Le R.C.B.E., à l’origine donc un club d’auditeurs de radiophonie, était lancé.
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Mais voici qu’un changement va s’opérer !
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Vers la fin de novembre 1922, plusieurs membres du club supputèrent que l’émission ne devait pas être plus difficile à expérimenter que la réception, et ce malgré l’interdiction absolue : « Toute émission de radiations électriques quelconques est formellement interdite ».
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Rien n’est impossible à ceux qui veulent ! (Nil volentibus arduum est)
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Laurent Henrotay déclarait dans ses souvenirs : « L’émission n’est pas autorisée, mais foin des règlements, avec des puissances de quelques watts, c’est si agréable de rayonner, de remplir l’espace environnant de signaux d’appels ». (‘35 ans du R.C.B.E.’)
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Rappelons que les ondes ‘courtes’ n’offraient aucune utilité pratique, elles étaient dédaignées par les professionnels et livrées, de ce fait, aux amateurs.
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« Avec André Courtois, Jean Lecloux, René Pirotte, ensuite René Toussaint de Spa, nous échangions chaque soir nos impressions en des séances expérimentales qui duraient très tard dans la nuit ». (‘35 ans du R.C.B.E.’)
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Cette première année d’existence du R.C.B.E. se termine en beauté.
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La presse locale publie le jeudi 14 décembre 1922 un communiqué anodin mais absolument étonnant de Mr. Henrotay.
Sous le titre assez vague de « Radiotéléphonie et Radiotélégraphie », il aborde le sujet des essais transatlantiques d’amateurs et informe ses lecteurs des résultats, une première à ma connaissance en Belgique.
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Rappelons brièvement que ces « essais transatlantiques » se sont étalés sur 3 années, de 1921 à 1923, essais unilatéraux impliquant des stations américaines, anglaises puis françaises et que, enfin, avant une 4ème série d’essais prévus fin 1923, l’amateur français 8AB, Léon Deloy de Nice contacta l’Américain Schnell, 1MO le 28/11/1923 sur 108 mètres de longueur d’onde.
Laurent Henrotay et ses amis du R.C.B.E. auraient-ils pris part à ces écoutes qualifiées de « Fait essentiel dans l’Histoire des ondes courtes » ?
Tout porte à croire que OUI !
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1923. André Courtois (4YZ), Laurent Henrotay (4QS) et René Pirotte (4RS) décident de procéder à des essais d’émission sur 200 mètres. René Toussaint (4US) de Spa se joint à eux. Les communications s’établissent aisément entre ces quatre amateurs, au moyen de simples lampes de réception dite ‘TM’.
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Ces premiers pas en émission sont confirmés dans les « Notes Souvenirs de ON4RV », rédigées dans les années soixante du siècle passé. (‘Le Gang Verviétois’, 08/1965)
L’activité débordante de ces quatre amateurs leur permet de réaliser de multiples liaisons bilatérales : France, Grande-Bretagne, Danemark, Suède et Finlande. Des portées de plus de 2000 km sont atteintes.
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Leurs indicatifs ainsi que leurs exploits sont publiés dans la presse étrangère spécialisée : le ‘Journal des 8’, ‘QST’, ‘L’Antenne’, ‘The Wireless World’ et j’en passe !
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La notoriété de Laurent Henrotay est immense et s’étend bien au delà de nos frontières.
En mars 1924, à l’occasion de la visite en France de Mr. Hiram Percy Maxim, Président de l’A.R.R.L., il représenta la Belgique lors d’une réunion préliminaire à la formation d’une ligue Internationale d’amateurs de T.S.F.
Un banquet sous le haut patronage du Général Ferrié clôtura cette réunion internationale à l’hôtel Lutetia.
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Le premier « Congrès International des amateurs » eut lieu l’année suivante en avril à la Sorbonne : « L’UNION INTERNATIONALE DES RADIO-AMATEURS - THE INTERNATIONAL AMATEUR RADIO UNION » fut fondée.
La délégation belge était composée de Mr. Robert Deloor, P2, ‘General Manager’ du Réseau Belge, Mr. Jacques Heynen B 1CF et enfin, last but not least, Mr Laurent Henrotay, 4QS, Président du Radio-Club Belge de l’Est.
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Mais revenons brièvement en 1924 pour ces exploits qui firent la réputation des membres du R.C.B.E.
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Lors d’une soirée chez lui, le 31 Octobre 1924, Laurent Henrotay parvient à décider ses amis à tenter des essais transatlantiques. Il est chargé de se mettre en rapport avec les dirigeants de l’A.R.R.L.
La liaison avec l’Amérique est donc décidée au sein du Radio-Club (novembre 1924). En Belgique, personne n’avait encore realisé un tel exploit!
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André Courtois, 4YZ, une autre figure marquante du Radio-Club, brillamment promu ingénieur A.I.T.V. en 1913, est le Vice-Président du R.C.B.E.
Le matin du jeudi 11 décembre 1924, il téléphone triomphalement à ses amis.
A 6h GMT, il était entré en communication avec la station canadienne C1AR, ‘Old Joe’ Fassett à Halifax.
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Cette PREMIÈRE liaison (d’une durée de 1h30!) entre la Belgique et le continent américain , un exploit réalisé par un amateur-émetteur Verviétois, est confirmée dans le magazine ‘QST’ de l’A.R.R.L.
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« Belgium became QSO the North American continent for the first time when c1AR ‘Old Joe’ Fasset, at Halifax, N.S. clicked with b4YZ on Dec.11th, the latter station using 9 watts input. 1QV, Westerly, R.I., worked P2, Brussels on Dec.20th, and on the 23rd W2, also in Brussels, worked u1KC (…) 1KC tied up with b4RS on Dec.24th, making the fourth Belgian to work this country. » (QST 02/1925, pp.13-14)
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Ces ‘hardis et téméraires’ pionniers n’en restèrent pas là  ! 4RS et 4QS communiquèrent aussi avec les ‘States’, les 25 et 26 décembre 1924.
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En ce début d’année 1925, le Radio-Club Belge de l’Est était bien organisé et connaissait un succès retentissant. Le président de cette ‘Société technique’ (siège : rue Tranchée, 50 à Verviers) était donc Laurent Henrotay 4QS ; le vice-président André Courtois 4YZ ; le secrétaire René Pirotte 4RS. Il y avait en outre 1 trésorier, 3 conseillers et de nombreux (14) ‘membres protecteurs’.
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La revue ‘Radio-Échos’, « revue mensuelle de T.S.F., écrite par des amateurs pour l’amateur » devint l’organe officiel du R.C.B.E. Elle paraissait le 15 de chaque mois.
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Nous reproduisons le N°1 de Janvier 1925 en annexe. Son contenu est très intéressant à bien des égards : (commentaires personnels en italique)
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Une description de la station B4RS : photo, description et schéma de l’émetteur ainsi que les résultats obtenus.
Essais transatlantiques (réussis) de 4QS, 4YZ et 4RS. (confirmés dans le QST 02/1925, p.13 et 14)
Liste exhaustive d’indicatifs entendus et contactés. (Impressionnant pour l’époque : des dizaines d’Américains !)
Un article relatif au Congrès International de T.S.F. (Avril 1925) et ses préparatifs. (4QS fera partie de la délégation belge !)
Le rapport de la réunion préparatoire du 12 Mars 1924 à Paris… (4QS y était !)
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Perfectionnant ses appareils, André Courtois, B 4YZ effectue le 29 août 1925 la première liaison avec les antipodes. Il contacte Z 2AC de Gisborne, Nouvelle Zélande en utilisant 65 watts sur 45 mètres de longueur d’onde.(Jd8 N°57 du 4/9/1925)
Des liaisons à grande distance sont réalisées tous azimuts par les pionniers Verviétois. 4AS et 4XS réalisent à leur tour des liaisons transatlantiques utilisant des puissances de l’ordre de 15 watts. La station B 4RS établit le dimanche 13 décembre 1925 à 21h15 GMT le 1er QSO Belgique - Afrique du Sud en travaillant avec A6N de Cape Town.
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En 1926, André Courtois 4YZ succède à Laurent Henrotay comme Président du R.C.B.E.
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C’est en cette même année 1926 qu’il est le premier belge à décrocher la plus haute distinction pour un radioamateur de l’époque : le diplôme ‘WAC’, attribué sur demande aux stations ayant réalisé une liaison bilatérale avec des stations des 6 continents. Les cartes QSL, preuves confirmant ces contacts, envoyées à l’A.R.R.L., étaient retournées, accompagnées du prestigieux certificat.
Le premier WAC (CW) belge fut donc obtenu par André COURTOIS, B 4YZ de Verviers. Il s’agit par ailleurs du 1er WAC européen et du 7e WAC mondial. Son indicatif est cité pour la première fois dans le ‘QST’ de juin 1926, p.54.
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Cette formidable prouesse est confirmée à maintes reprises dans les listes récapitulatives publiées régulièrement dans ‘QST’, dans la revue autrichienne ‘OEM’ de mars 1935 (pp.12-14) ainsi que dans le ‘QSO’ de mai 1935, p.82.
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Il est remarquable de constater que le second WAC (CW) belge (4e WAC européen, 20e mondial) fut décerné à B 4RS, René PIROTTE de Verviers. Son indicatif apparaît pour la première fois dans le ‘QST’ de novembre 1926, p.50.
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En 1929, René Toussaint, ON4US, un autre membre du R.C.B.E., reçut son WAC CW et son diplôme de membre de l’A.R.R.L., tous deux datés du 22 octobre 1929. (5ème WAC CW belge)
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Le Radio-Club compte alors près de 200 membres.
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Mr. Joseph Roussel, Secrétaire de la Société Française d’Études de T.S.F., auteur de nombreux ouvrages de vulgarisation radio, vient en Belgique à la demande de Laurent Henrotay. Il donne 2 conférences à salle comble.
Sa visite en Belgique est relatée dans un article intitulé « Ce que j’ai vu et entendu en Belgique ». Il fut publié dans « La TSF Moderne » de juillet 1926, pp. 400-402. Mr. Roussel fut nommé Membre d’Honneur du R.C.B.E., tout comme Mr. Louis Houben, ingénieur A.I.T.V. (Andrimont)
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Le R.C.B.E. est à la pointe de la technique de l’époque : le sujet qui devient à la mode s’appelle « Télévision ». Joseph Roussel donnera une seconde conférence sur ce sujet le 1/12/1927. Une autre conférence traitant de cette ‘merveilleuse découverte’ aura lieu en mai 1930.
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Citons encore le stand du R.C.B.E en 1928 dans le cadre des Festivités du Cinquantenaire de la Gileppe et le traité élémentaire d’électricité (1930) élaboré par Edmond Penders. La première édition de cet ouvrage, honorée d’une souscription du Ministère des Sciences et des Arts, fut rapidement épuisée.
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Qu’il me soit permis un petit flash-back afin d’évoquer brièvement la création et l’activité débordante des 2 autres groupements ‘radiophiles’ chez les « Verts et Vieux ».
Le « Cercle Verviétois d’Etudes Radioélectriques » vit le jour en 1923 au Collège Saint-François-Xavier de Verviers sous l’impulsion du Révérend Père Jésuite Ernest Verreux, professeur de sciences. Son secrétaire, Paul de Neck, qui quittera Verviers pour Bruxelles fin 1924 deviendra ‘General Manager du Réseau Belge’ (U3 – ON4UU)
Les activités du C.V.E.R. étaient nombreuses et variées :
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        ◊  une réunion avait lieu tous les mercredis à 19h30. Elle commençait
              invariablement par ‘l’appel nominal de rigueur’ et se terminait par
           quelques minutes de lecture au son (morse).
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           ◊  des ‘causeries’ (avec projection lumineuse !) par les membres du club
            et/ou des conférenciers invités avaient lieu quasiment à chaque
    réunion.
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        ◊  certaines réunions se déroulaient à l’extérieur, ‘en campagne’ :
            expériences dans les prairies de la Baraque Michel et les plaines de
            Heusy.
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        ◊  présentation de nouveaux montages, postes récepteurs, pavillons,
              amplis de puissance… et essais de réception avec ce matériel.
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◊  un concours de réception organisé entre membres rallie tous les
    suffrages.
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◊  organisation (30/11/1924) d’une grande conférence publique doublée
    d’une exposition d’appareils de T.S.F. et de pièces détachées.
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◊  participation d’un nombre considérable d’exposants en 1926 et 1927
   dans la grande salle des fêtes du Collège St. François-Xavier
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◊  synthèse et commentaire d’articles parus dans ‘La T.S.F. moderne’ et
   ‘L’Antenne’
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Mais surtout, le R.P. Verreux imagina de créer un poste d’émission privé sous le nom de « Radio Verviers ». (1927)
Une certitude importante ressort des comptes-rendus des réunions du C.V.E.R. : les membres étaient des « amateurs-écouteurs » de TSF et ne pratiquaient pas en cette année 1924 l’émission d’amateur. Il n’en fut pas toujours ainsi par la suite !
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Un 3ème groupement radio est le « Radio-Club Régional » (1925), rebaptisé successivement « L’Union des Radios-Amateurs Belges » (1927), puis « Le Réseau Verviétois » (1929).
René Goka, R-330 (indicatif d’écoute du célèbre journal ‘L’Antenne’), devenu EB4RV et ON4RV est la véritable cheville ouvrière du Réseau Verviétois. Il publie le « Radio Feuillet » devenu « Bulletin des Ondes Courtes », véritable reflet de l’activité radio des 3 groupements Verviétois.
A l’aube de 1930, ce club comptait 25 membres actifs et dévoués à la réception mais aussi à l’émission d’amateur.
Une « Journée des Ondes courtes » est organisée le 12 janvier 1930 avec : réception officielle, émissions en phonie d’une station expérimentale (‘Radio Centre’), participation étrangère et grand banquet de clôture dans les Salons de la Pommelette.
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Quant au R.C.B.E. en ce début des années 30, il comptait dans ses rangs des amateurs de photographie : Louis AM Zehnhoff, René Pirotte, Emile Piret et Jean Houbeau. Dès 1932, des causeries et séances pratiques de photo viennent étoffer les activités radio du Club. Un laboratoire photo ‘modèle’ est inauguré en 1935.
La plupart des pionniers de la première heure délaissent le hobby pour se consacrer à leurs activités familiales et professionnelles.
Peu d’informations filtrent en cette immédiate avant-guerre.
10 mai 1940 : les équipements radio furent remis aux autorités ou confisqués par l’occupant. Toute activité radio amateur fut plongée dans une amère léthargie.
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Pour ce qui est de l’après-guerre au R.C.B.E., le sujet d’une recherche ultérieure plus fouillée, retenons que le 25ème anniversaire du club ne fut pas fêté en raison du décès d’André Courtois 4YZ (‘QSO’ 01/1946).
Le 35ème anniversaire du Radio Club de l’Est fut fêté en grandes pompes en juin 1957. ‘Le Jour’ du jeudi 27 juin 1957 relatait ces 35 années de rayonnement dans le monde des radio amateurs. Le club comptait alors 110 membres !
En 1958, une tentative de jumelage du « Royal Radio Club de l’Est » et de l’UBA échoua. Le R.C.B.E. disparaît des mes écrans vers cette époque, la jeune section UBA de Verviers (qui deviendra le GDV) tient sa première réunion officielle le 27/2/1962 au Café du Tank, Place Verte.
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Monsieur Laurent Henrotay, radio technicien licencié et fondateur du R.C.B.E. s’éteindra le 16/12/1967 dans sa 76ème année, René Toussaint de Spa décède en 1971, René Pirotte disparaît en 1983. Tous les pionniers ont disparu.
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Permettez-moi de conclure !
3. Conclusion
1922 … après l’âne et le bœuf !
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Le Réseau Belge n’existait pas, le REF n’existait pas, l’IARU n’existait pas ! Aucun d’entre nous n’était né, même pas ON4PL, notre ‘jeune’ membre d’honneur de l’UBA !
C’était il y a 95 ans !
Ici, à Verviers, Mr.Laurent Henrotay, ensorcelé par la TSF comme il le disait lui-même, partage avec une poignée d’auditeurs admiratifs les « Merveilles de la TSF » en son magasin en Crapaurue. Son poste récepteur, construit par ses soins, est le premier à Verviers à recevoir les émissions de la Tour Eiffel. Les amateurs de TSF se firent de plus en plus nombreux, de plus en plus intéressés. La création d’un club fut décidée : le « Radio Club Belge de l’Est » était né !
Bravant l’interdiction d’émettre, ces pionniers Verviétois, membres du R.C.B.E., du C.V.E.R. ou du R.V. apporteront leur quote-part appréciable au développement de cette science nouvelle. Côtoyant les plus éminents radio amateurs de leur temps, ils participeront à l’élaboration de l’IARU. Ils établiront des liaisons radio qui connaîtront un retentissement international, ils récolteront de prestigieuses récompenses et leurs prouesses techniques porteront loin dans le monde le nom de leur ville, de votre ville VERVIERS, le berceau du radio amateurisme en Belgique.
© Toute reproduction, traduction et/ou diffusion même partielle est formellement interdite. STOFFEL Pierre ON4PS.
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